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Abdoulaye Yéro Baldé : « dans 10 ans, on veut être la meilleure faculté de médecine en Afrique »

A quand le Gouvernement va-t-il revenir sur sa décision en ce qui concerne l’orientation des Bacheliers dans la Faculté de médecine ? La question vaut tout son pesant d’or. Alors que depuis trois (3) ans maintenant, aucun bachelier n’a été orienté dans les facultés de médecine du pays, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique vient de briser le silence. Abdoulaye Yéro Baldé, qui conférait avec les journalistes dans un réceptif hôtelier de la capitale, répondant donc à la question d’un journaliste de notre rédaction, a promis qu’en 2019, les bacheliers seront orientés dans la faculté de médecine. Mais pour cela, il faudra suivre la procédure que mettra en place son département. Les futures Bacheliers désirant poursuivre leurs études en médecine devront donc avoir une mention bien au minimum. Les places seront limitées et le recrutement se fera à base d’un concours.

Détaillant les raisons ayant poussé le Gouvernement à prendre cette mesure, le ministre Yéro Baldé avance tout simplement qu’il fallait plutôt mettre de l’ordre dans le secteur, en dénichant les mauvaises graines. Globalguinee.info a décrypté pour vous une partie de son exposé.

Extrait…

‘’Vous savez pourquoi on n’a pas orienté depuis trois (3) ans ? Il fallait nettoyer le système. Dans les années antérieures, la faculté de médecine de Conakry, était reconnue comme l’une des meilleures. La preuve, la plupart de ceux qui sont formés dans cette faculté à l’école sont à l’étranger. Vous allez au Gabon, vous allez en Guinée Equatoriale, en Côte-D’ivoire, au Sénégal, en France, aux Etats-Unis, il y a plein qui exerce là-bas. Récemment il y a un de nos médecins qui est rentré de France, qui enseigne à la faculté, qui m’a dit qu’il y a au moins 200 médecins guinéens qui exercent en France. C’est parce que la qualité elle est bonne. Bien sûr même s’ils sont allés continuer leurs formations ailleurs, mais depuis plus d’une dizaine d’années, la formation s’est dégradée. Parce que la corruption avait atteint la faculté de médecine aussi. Les notes se payaient et les gens sans aucune qualification pour faire de la médecine venait s’y installés. Et il fallait mettre fin à cela. Nous avons même commandité une étude financée par l’OMS, qui met en exergue toutes les failles du système. Donc au lieu de continuer sur la même lancée, au lieu de continuer à orienter nous avons décidé d’arrêter d’orienter le temps de mettre en place tout ce qui est nécessaire pour nettoyer ce secteur-là, parce que il y va de votre, il y va de ma vie, de chacun des guinéens.

La médecine c’est très sérieux. Pendant ce temps, j’avais demandé à mon collègue de Tunisie, d’accepter qu’on oriente chez eux, quelques étudiants, impossible. Quand il m’expliquait je ne comprenais pas. Mais lorsque je suis allé en Tunisie à son invitation, pour entrer en médecine en Tunisie, c’est minimum 17 de moyenne. Les places sont limitées. Et chez nous ici, tout le monde rentrait en médecine. Les étrangers, tout le monde venait en Guinée. Donc ca décrédibilise notre système.

Nous avons décidé de mettre fin à cela et je salue le courage du recteur et du doyen de la faculté de médecine qui avait même été agressés par certains, tout simplement parce que on n’est entrain de mettre de la rigueur. Les notes se vendaient avant. Donc a mis fin à cela. Et actuellement nous avons fait de la reforme, maintenant c’est faculté de science et technique de la santé qui va former aussi des paramédicaux (les infirmiers d’Etat, et tous ceux qui entourent le médecin dans sa pratique ndlr), ça sera fait à l’université. Vous venez de voir, grâce à ses réformes, on a pu quand même obtenir un centre d’excellence africain. Ça c’est déjà quelque chose. Parce que quand même il faut le reconnaitre, nous avons de bons enseignants, à la faculté de médecine, parce que tout se passe par le CAMES. Pour être maitre assistant à la faculté de médecine, il faut passer par le CAMES depuis des années. Et récemment, nous avons eu le plus gros contingent c’est-à-dire 14 admis sur 18. Concours d’agrégation du Cames qui a eu lieu récemment à Libreville, vu que les reformes sont entrain d’être faites.

Pour votre question, si on va recruter l’année prochaine ? Oui si tout va bien on va recruter. Mais ca ne sera pas comme avant. Si tout va bien, c’est-à-dire si les laboratoires sont là, parce qu’avant il y avait plus de laboratoires. Donc si tout bien on a des promesses, pour rééquiper nos laboratoires. D’ailleurs, il y a des travaux en cours actuellement à Gamal pour les laborantins de biologie. Trois laboratoires en tout. Ils sont entrain de les mettre en place. Et si tout va bien, on aura aussi rénové des Laboratoires dans la faculté de médecine. Et si cela est fait, on va recruter la rentrée prochaine. Mais, ça veut dire qu’on sera très strict, mention bien minimum, places limitées, concours etc…N’importe qui ne rentrera dans la médecine de la Guinée maintenant. Parce que dans 10 ans on veut être la meilleure faculté de médecine en Afrique.’’

Propos décryptés par Alpha Madiou BAH

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