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Adhésion d’Ismaël CONDÉ à l’UFDG : quatre (4) traits que révèle ce choix sur son profil politique

Le Vice-maire de la Commune de Matam n’est plus membre du RPG Arc-en-ciel. Il a été exclu du parti d’Alpha CONDÉ pour ses prises de position contre le changement constitutionnel et un éventuel troisième mandat pour le Président de la République.

Il a donc décidé, après sa radiation de la mouvance présidentielle, d’adhérer à la formation dirigée par Cellou Dalein DIALLO, le principal opposant de son ancien mentor.

Par cette adhésion officialisée les week-ends derniers, Ismaël CONDÉ révèle quatre (4) facettes de son profil politique à savoir :

Primo, son défaut d’idéologie. Ismaël, comme presque tous les politiciens et partis politiques guinéens d’ailleurs, montre qu’il n’a vraiment pas de conviction idéologique – ou peut-être qu’il n’accorde pas d’importance à ces considérations idéologiques qui, en réalité, sont en train d’atteindre progressivement leur déclin dans le débat politique.

Sinon, son parti d’origine, le RPG, est d’obédience socialiste tandis que sa destination, l’UFDG, se réclame du libéralisme. Deux idéologies politiques dont l’une est l’exact opposé l’autre !

Le deuxième trait de son profil, c’est son immaturité politique. En effet, son choix, porté sur l’UFDG, me paraît être une erreur politique voire une erreur de débutant.

Ismaël, en exprimant publiquement son désaccord pour la modification constitutionnelle, a fait un acte de courage et s’est révélé, par conséquent, comme un homme de probité et militant engagé pour l’alternance démocratique en Guinée. Ce qui forgeait déjà du respect et de l’admiration autour de lui. Un avantage qu’il devrait plutôt maximiser pour se lancer.

Nombreux sont ces observateurs qui le prévoyaient porter son mouvement et plus tard son propre parti politique.

À défaut, il devrait adhérer à une petite formation politique et prendre la tête de celle-ci ou en devenir le Vice-président, en tout cas, l’une des principales figures.

En fait, l’erreur politique est que l’UFDG est un grand parti et qu’elle ne manque pas de cadres. Par conséquent, Ismaël aurait du mal à s’imposer et occuper un poste important qui le valoriserait tout en le propulsant vers un haut rang de l’échiquier politique.

Troisième trait, son incohérence. Ce qui s’explique par l’aspect paradoxal de son choix.

Il quitte un homme pour protester contre le changement constitutionnel et rejoint un autre qui a posé le premier grand précédent dans cette entreprise de tripatouillage de la loi Suprême du pays. Car il est de notoriété publique que Cellou Dalein Diallo a été l’un des principaux porteurs du projet de réforme constitutionnelle de 2001 qui a fait sauter le verrou sur la limitation des mandats tout en amenant la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans.

Quatrième et dernier trait de son profil, l’homme n’est pas ethno. Dans un pays comme le nôtre où tous les choix politiques se font quasiment au regard des considérations communautaires, ethniques  ou régionalistes, Ismaël CONDÉ, cadre malinké, a su se passer des calculs subjectifs pour rejoindre l’UFDG qui est, dans l’entendement de beaucoup, un parti de peulhs.

Enfin, plus besoin de se demander si Ismaël CONDÉ est désormais dans le viseur du RPG Arc-en-ciel après son adhésion à l’UFDG. Car le camp présidentiel le perçoit désormais comme un « traître » et il faut s’attendre à l’emploi de tous les moyens politiques pour anéantir le nouveau militant de la deuxième force politique de Guinée. D’où d’aucuns redoutent d’ores  et déjà son éventuelle éviction du poste de premier Vice-maire de la Commune de Matam. Mais le principal concerné se dit tout de même prêt à continuer jusqu’à la fin de son mandat, la loi étant de son côté : « le maire et ses adjoints sont élus au même mandat que les conseils communaux… », une disposition du Code des Collectivités Locales qu’il rappelle au passage.

En tout cas, Alpha CONDÉ et son parti, depuis 2010, obtiennent toujours ce qu’ils désirent, parfois même au mépris des lois. Alors une question : s’achemine-t-on vers une nouvelle transgression des dispositions du code des collectivités ? Bien malin nous le dira.

 

Karfala Aminata CONDÉ

Politologue et Journaliste free-lance

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