« Gouverner autrement », c’est le slogan du président Alpha Condé, réélu pour un troisième quinquennat à la tête de la Guinée. Le dirigeant guinéen qui veut remettre le pays sur les rails après 10 années de mandature, multiplie les menaces contre les acteurs de la chaine de corruption. Ce samedi 05 décembre 2020, alors qu’il inaugurait le guichet unique du commerce et l’installation des scanners au Port Autonome de Conakry (PAC), le locataire du Palais Sékhoutouréya s’est montré ferme et catégorique vis-à-vis des travailleurs du Port Autonome de Conakry.
Dans un discours costaud, Alpha Condé a annoncé la fermeture de plusieurs sociétés de transits qui favoriseraient la fraude et le trafic de produits prohibés. Selon le président de la République, Conakry de par sa position géographique, peut être un hub non seulement pour l’aéroport, mais aussi pour le port. Car dira-t-il, la Guinée est plus proche de l’Amérique latine.
« Si nous avons un port performant, un aéroport performant, nous pourrons être un pont entre l’Europe et l’Amérique latine » dit-il. Mais pour que toutes ces réformes réussissent, il faut une bonne intégration des outils dans la procédure douanière et portuaire existante, l’adéquation des moyens de manutention de transport des camions dans le port, l’information et la sensibilisation, la synergie nécessaire entre les partenaires. « Cela est fondamental. Nous ne faisons pas d’illusion. Si nous avons fait le guichet unique du commerce et installé des scanners, c’est parce que nous avons constaté que tout le monde triche au port » accuse Alpha Condé devant plusieurs travailleurs du Port Autonome de Conakry.
« Quand j’ai fait venir les singapouriens qui sont très forts pour le guichet unique du commerce, à un moment donné, ils m’ont dit : Président, nous préférons renoncer parce qu’il y a trop d’obstacles, qu’ils ont constaté trop de résistants. Beaucoup de marchandises entrent de façon illégale : les armes, la drogue, les produits périmés, etc. J’espère que ces nouveaux scanners vont nous permettre de trouver même une aiguille dans les containers » révèle-t-il.
Pour le chef de l’Etat, il ne suffit pas d’avoir des équipements les plus modernes de la quatrième révolution industrielle. Faudrait-il que les personnes qui sont concernées aient un comportement correct, assure-t-il. Or, enchaine-t-il, « il faut se dire la vérité. Au Port, tout le monde triche. Toutes les professions qui sont au Port trichent. Et nous devons faire en sorte que chacun d’eux se conforme désormais à la loi et respecte la réglementation. Il est certain qu’il y a des sociétés de transit que nous allons fermer. Je ne dis pas leurs noms aujourd’hui. Mais, vous le verrez très bientôt. Car, beaucoup de sociétés de transit, non seulement, ont servi de combines pour faire passer de mauvais contrats par la Guinée, mais aussi sont souvent complices de l’exportation de certaines marchandises interdites » promet le premier président de la quatrième République.
Vers un audit de tous les opérateurs portuaires…
Au-delà des menaces, Alpha Condé a annoncé un audit complet dans le secteur portuaire, concernant certains opérateurs, à l’image dit-il, de ce qui se fait à l’aéroport.
« Nous voulons que non seulement le port de la Guinée soit un port sécurisé, mais aussi qu’il rassure les partenaires. Le port de Conakry par rapport à Dakar est situé à 200 km de moins que Bamako. Donc, le Mali comme le Burkina, si nous avons un port performant et des chemins de fer, sera le port principal de ces deux pays enclavés » annonce-t-il dans la foulée de sa communication, ajoutant que les efforts pour faire en sorte que non seulement la Guinée soit ce port, mais que demain la Guinée puisse être un hub pour l’Amérique latine doivent se poursuivre. « Parce que vous savez qu’entre l’Europe et l’Amérique latine, il y a souvent des perturbations qui ne facilitent pas les vols. Ce qui favorise notre aéroport. Il y a aussi la distance » jure le président Condé.
Fermeture prochaine de plusieurs sociétés de transit…
« Si nous retirons le permis à une société de transit, cela ne remet pas en cause les employés. Car, nous allons faire en sorte, par appel d’offres, qu’une autre société reprenne les employés. Donc, les employés du Port n’ont pas à se poser des questions sur leur travail. On ne va pas leur faire du chantage pour dire, si on ferme ma société de transit, vous allez être en chômage. Non ! Nous allons prendre nos responsabilités. Même si c’est l’Etat qui doit payer pendant un moment avant qu’une autre société ne soit sélectionnée par appel d’offres » prévient-t-il, indiquant que les choses doivent changer au niveau des douaniers, des transitaires et des armateurs.
Au-delà du Gouvernement, insiste le numéro 1 guinéen, la lutte contre la corruption concernera l’ensemble des entreprises non seulement publiques, mais aussi privées.
« Chacun doit savoir désormais que nous n’accepterons plus aucune sorte de fraude, de détournement ou de passe-droit » lance-t-il. Et de clore : « le port n’est pas un lieu de promenade. Cela aussi doit finir. Il doit y avoir des cartes qui permettent d’avoir accès à tel endroit »
A suivre…
Alpha DAF