Le report vendredi dernier des élections législatives couplées du Référendum Constitutionnel en Guinée, par le président Alpha Condé, fait réagit tant à Conakry, qu’à l’international.
En Guinée, l’éventualité d’un 3e mandat du président Alpha Condé déchire le pays. Le Franco-Togolais Kofi Yamgnane a été, tour à tour, membre d’un gouvernement français et candidat à une présidentielle Togolaise. En 2013, il a publié Afrique, introuvable démocratie, aux éditions Dialogues. En ligne du Finistère, dans l’ouest de la France.
Répondant aux questions de Rfi, Kofi Yamgnane estime que la pression internationale a amené le dirigeant guinéen à faire rétropédalage.
« Je crois que la pression internationale sur lui était beaucoup plus forte. La CEDEAO, l’Union Africaine, même la France, sans compter le peuple guinéen et les partis d’opposition. Tout le monde s’est opposé à cette affaire-là, et il a senti qu’il ne pouvait rester isolé sur la scène internationale politique et en tout cas pas en Afrique. Et il a reculé » a-t-il souligné, ajoutant ainsi que ce report de deux semaines n’est pas du tout suffisant pour résoudre la crise en Guinée.
« Ce n’est pas suffisant parce qu’ils font toujours ça. Un recul d’une semaine, de deux, alors que ce n’est pas ce qu’on leur demande. Ça demande de prendre du temps, de réfléchir. Moi je comprends bien les gens veulent changer les constitutions pour adapter les nouveaux textes au monde qui change, mais si c’est pour leur propre calendrier interne pour se représenter indéfiniment aux élections ça ne tient pas la route » assure Kofi Yamgnane chez nos confrères, interrogé par Christophe Boisbouvier
Au Togo, le président Faure Gnassingbé vient de se faire élire pour un 4e mandat. En Guinée, les opposants, prêtent l’intention à Alpha Condé, qui veut vaille-que-vaille changer la constitution du 07 mai 2010. Dans sa déclaration de report, Alpha Condé a assuré qu’il est un panafricaniste convaincu, se confiant ainsi à la CEDEAO et l’UA, alors que la France fait une pression sur lui.
« Je crois que la Guinée a joué un rôle important, historique dans le combat des africains pour leur indépendance. Le président Sékou Touré et le président Kroumah au Ghana sont les deux premiers qui sont parvenus. Donc la Guinée est un maillon important de l’Afrique. Et Alpha Condé qui n’est pas un inculte a besoin d’être reconnu justement. Il a besoin que les autres chefs d’Etats, qui eux, sont de la CEDEAO, ou de l’UA, qui sont eux légitimes et légaux dans leurs pays lui soutienne, lui reconnaisse. Il a besoin de cela pour expliquer à son peuple qu’il est légitime et légal » enchaine l’opposant Togolais, dominé dans son pays par Faure Gnassingbé, qui obtient un quatrième mandat.
Est-ce une façon de dire que le pouvoir est fragile à Conakry ? « Évidemment ! N’y a pas qu’à Conakry. Parce qu’il y a peu qui sont légitimes » tranche-t-il.
Que devrait faire Alpha Condé à vos yeux ? « A mon avis, il devrait arrêter tout ça (…) Et dire je ne me représente plus. Voilà ce qu’il doit dire » a-t-il interpellé le locataire du pays Sékhoutouréya, élu président en 2010, puis reconduit en 2015.
A suivre…
Moustapha CONDE