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Autres temps, autres mœurs ! (Par Ibrahima Sanoh)

Grand, petit, fort ou faible, l’homme est fragile. Il suffit de peu de choses pour l’ébranler et l’engloutir. Malgré sa science et ses connaissances innombrables, il ne résiste pas au voile qui enveloppe tout le monde.

L’homme est fragile, il suffit qu’un de ses organes se refuse à lui, l’abandonne et trahisse ses desseins d’éternité, pour qu’il se découvre démuni et impuissant.

Alors, il est attristé et s’apitoie sur son sort. Il se sent insignifiant, lui qui foulait gaillardement le sol. Il réalise à ses dépens qu’il n’a jamais été grand et que sa vie tenait à peu de choses.

Avant, quand une personne mourrait, au-delà de sa famille, de ses proches, la cité était endeuillée. Les gens venaient de partout pour pleurer le défunt, présenter les condoléances à sa famille, réconforter ses proches. Des bols de riz, des sacs de riz, des condiments de toutes sortes, sortaient d’horizons différents.

La famille endeuillée était exemptée de mettre la marmite au feu, de se soucier quant à où loger ses parents qui venaient lui présenter les condoléances. Les services funèbres étaient les moments de recueillement, de prières et chacun y avait le visage sombre.

Ah que cela est révolu ! A présent, quand une personne meurt, on affiche ses photos sur les réseaux sociaux pour démontrer qu’on le connaissait, on publie ses messages et évente même ses secrets pour prouver que sa mort nous afflige.

Dans la famille du défunt, on se prend en photo pour dire qu’on y est venu, on montre ses meilleurs habits. Les femmes y viennent maquillées. On ne pleure plus, on ne se jette plus à terre, on ne se lamente plus. On discute de tout, on évoque la dernière fois qu’on l’a vu. On ne se tait pas. On est bruyant et le silence n’est pas le signe d’aucune sagesse.

A l’enterrement, on fait aussi des photos. Il faut tout immortaliser, dit-on.

Quand une famille perd un de ses membres, elle doit mettre de grandes marmites au feu, loger les compatissants.

La famille endeuillée devient alors inquiète, elle oublie l’épreuve qui la frappe et se soucie de comment nourrir tout le monde, comment organiser les cérémonies du 7e et du 40e jours.

Elle s’endette et devra faire plus tard au loyer de l’argent emprunté. Elle sait que ceux qui viennent au décès jugeront de la qualité du riz, de la saveur de la sauce.

Elle devra donc s’employer à ce qu’on ne dise pas : « Il manque du piment à ce repas.». Elle distribuer de l’eau à ce que les compatissants n’aient pas soif. Ce n’est pas tout, des jus glacés aussi.

Ibrahima Sanoh, citoyen guinéen