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Candidature de Cellou Dalein Diallo à la présidentielle : une troisième et dernière ?

La candidature de Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) à la présidentielle du 18 octobre 2020 a été officialisée. Le candidat investi. Point besoin d’épiloguer là-dessus.

Tout parti politique est souverain. Les choix majoritaires de ses militants doivent être entérinés sauf cas de force majeure. Ce, quelles qu’en soient les conséquences.

Comme les disait le Général De Gaulle à qui l’on sait : “de conséquences, il y en aura bien sûr’’. Un tel défi est applicable tant au candidat qu’à son parti.

La décision de participation de l’UFDG découle incontestablement de la prise de conscience des enjeux et défis de la présidentielle et du futur. Pour Cellou Dalein, il y a infiniment de conséquences : internes, externes, politiques et personnelles.

Les options de la participation et leurs enjeux

Il y avait plusieurs options pour la participation et les enjeux internes. Les uns et les autres reposaient, vraisemblablement sur 3 courants, 3 positions liées à la question référendaire posée aux différentes instances du parti : « Aller ou ne pas aller à l’élection présidentielle ».

Mais, en plus de cette question fondamentale, il y avait celle liée à l’élection elle-même : l’obtention et la conservation de la victoire, notamment.

Face aux différentes positions, il fallait, au-delà de la consultation, que le parti rassure les uns et les autres sur les probabilités de la victoire. Qu’il rapproche les points de vue à tous les niveaux, toutes les structures et instances du parti. Qu’il évite que ne soit indexé les « pour » ou, inversement les « contre ».  Bref, il fallait écouter, expliquer, convaincre et unir.

Une candidature à plusieurs impératifs

La candidature de CDD devrait accorder les egos s’il y en a qui subsistent encore au sein du parti. Désormais, la priorité devrait être la défense de l’idée de la victoire quels que soient les cas de figure.

Préparer les conditions de cette victoire tant au niveau des militants, des responsables que de l’opinion nationale et internationale.

Il faudrait aussi une nouvelle stratégie de la victoire qui tranche d’avec celles de 2010 et 2015. L’équipe de campagne des jours à venir dessinera sûrement les contours d’une telle victoire.

Dans cette perspective, le candidat de l’UFDG devrait rapprocher les positions des uns et des autres ; honorer la confiance des militants et renforcer leur engagement..

Les enjeux politiques externes 

Un certain nombre de partis d’opposition ont pris une position contraire à celle de l’UFDG en décidant de ne pas aller à l’élection d’octobre. D’autres n’ont pas encore fait savoir leur position.

Le président de l’UFDG se retrouve donc entre le marteau et l’enclume. Certes, il a tranché sur le plan interne mais il lui reste la tâche la plus difficile.

En tout premier lieu :

  • Cellou Dalein devra tout faire pour éviter d’être vu comme un traître par ses alliés : partis politiques et front national pour la défense de la constitution (FNDC) auquel il appartient. Tâche ardue mais réalisable. Pour ce faire, il va falloir qu’il prenne en personne le bâton du pèlerin.
  • Il a l’impérieux devoir de rencontrer et convaincre ses alliés. Au cas contraire, il s’expose à un risque terrible : se retrouver face, non plus à un adversaire, en l’occurrence Alpha Condé, mais à une multitude d’adversaires.

Pour cette mission, des messagers ne suffiront pas.

  • Il faudrait que CDD se mouille la chemise. Qu’il se révèle en leader d’une opposition rassemblée en se montrant pugnace, ouvert, diplomate et tolérant.
  • Il ne devrait minimiser aucun défi. Aucune posture ne devrait paraître comme une faiblesse ou une bassesse. Mandela ne s’est-il pas réconcilié avec ses bourreaux et les tenants de l’apartheid ?

La finalité de cette démarche stratégique est naturellement de former une large coalition (alliance au mieux) autour de lui pour une candidature, non unique, mais ouverte, consensuelle et populaire.

Des conséquences de la décision

Désormais, Cellou Dalein s’est engagé sur la voie de ce que je rapprocherais de la théorie du « To be or not to be » (Shakespeare). Si ce n’est du « Struggle for live » (1859) du naturaliste et paléontologue anglais Charles Darwin sur la lutte des espèces pour la survie.

A l’interne, l’après-Cellou se préparera quelle que soit l’issue de la présidentielle.  L’espoir de plus d’un, c’est que cela soit par la prise en possession du fauteuil présidentiel par l’intéressé. Nul ne souhaite un nouveau désenchantement de l’UFDG.

Indiscutablement, la pire conséquence de la candidature de Cellou Dalein serait un nouvel échec. Dans cette éventualité, nul ne pourrait combattre l’idée (qui est déjà une accusation chez certains) selon laquelle l’UFDG aurait légitimé la candidature d’Alpha Condé. Plus grave, contribué à la victoire du candidat du RPG.

Le 19 octobre, aucun doute qu’un boulevard sera ouvert en Guinée et seules 2 personnes semblent être en Pole Position pour l’emprunter : Cellou Dalein et Alpha Condé. A moins que…. car il y a d’autres candidats et probabilités.

A tous les coups, la candidature de Cellou Dalein à la présidentielle du 18 octobre 2020 aura des conséquences au-delà de sa propre personne.

Inéluctablement, Cellou et Alpha auront à prendre, ce jour, une direction : celle de Sékhoutouréya ou de leur destin personnel hors du champ politique.

Dans tous les cas, les Guinéens attendent des lendemains meilleurs. Espérons que ce soient les urnes qui en décideront et non la rue ou les armes.

Puisse-t-il en être ainsi.

Lamarana-Petty DIALLO                                    
lamaranapetty@yahoo.fr

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