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Consultations nationales: l’intégralité du mémo transmis au Premier ministre par le Réseau CoJeLPaiD

Dans le cadre des Consultations nationales engagées par le PM, suite à l’adresse à la Nation de S/E le Président de la République le 04/09/19, afin de recueillir les opinions des acteurs de la vie publique sur des sujets de préoccupations nationales, le Réseau CoJeLPaiD a reçu un courrier d’invitation du PM le 10/09/19, N°0416 CABP SPPM pour un entretien sur des questions qu’il juge comme préoccupations nationales.

En effet, le Réseau CoJeLPaiD (www.cojelpaidguinee.org), crée en espace d’échanges et de mutualisation des efforts en 2008, puis formalisé comme structure en 2010, est un Réseau d’associations/ONG de droits guinéen et à vocation panafricaniste composées de cadres résident en Guinée, en Afrique, en Europe et en Amérique qui œuvrent à garantir la Paix et la Démocratie en Africain par la formation, l’information, la protection des droits, l’accompagnement et la responsabilisation des jeunes (filles/femmes et garçons) et les enfants pour le développement durable. En conséquence, le Réseau saisissant cette opportunité directe et formalisée d’échanges avec le gouvernement ‘’au plus haut niveau’’, a recueilli les avis et opinions de ses membres en Guinée et au niveau de la diaspora et relever les points de consensus comme suit.

  • SUR LA QUESTION DES ELECTIONS LEGISLATIVES

C’est avec beaucoup d’intérêts que nous observons la volonté politique se manifestée afin doter notre pays d’une Assemblée Nationale légitime, à travers l’annonce faite par le président de la CENI à la suite de sa rencontre avec le PM pour  l’organisation des élections législatives à la date du 28 décembre 2019.

Si nous apprécions avec intérêts cette annonce tant attendue, cependant il est important de lever certaines préoccupations, entre autres:

  • Les mesures techniques entreprises par la CENI sont-elles suffisantes, pour éviter les mêmes violations de droits commises lors des élections locales en permettant à chaque citoyen en âge de voter de disposer de sa carte d’électeur ? pour rappel, aux élections locales de 2018, le droit constitutionnel des guinéens ayant eu l’âge de 18 depuis 2015 avait été systématiquement violé par les politiques à travers un accord demandant d’aller aux élections sans procéder à la révision de la liste électorale ;
  • Quel est le niveau d’application des recommandations de l’audit du fichier électoral et les mesures entreprises pour des recommandations non mise en œuvre en lien avec les élections législatives?
  • Quelles sont les activités déroulées depuis la dernière retraite de Kindia au cours de laquelle la CENI a annoncé 235 jours pour pouvoir aller aux législatives ? en d’autres termes, quelles sont les mesures concrètes techniquement et légalement tenables qui justifient la réduction du délai préalablement établi par la CENI ? une campagne d’information à cet effet serait importante.
  • Qu’est ce qui garantit que la division manifestée publiquement par certains commissaires au sein de la CENI autour de la date du 28 décembre 2019, ne se répercutera pas sur le déroulement normal du calendrier électoral pour la tenue du scrutin à la date indiquée?

Toutefois, si les réponses données par la CENI à ces préoccupations s’avèrent concluantes, nous sollicitons la matérialisation de la volonté politique exprimée par le gouvernement, à travers la mise à disposition et à temps de la totalité du budget prévisionnel à la CENI, ainsi que les équipements et matériels logistiques y afférent.

  • SUR LA QUESTION DE LA CONSTITUTION

Parlant du débat sur la constitution qui est devenu depuis un certain temps, un sujet majeur dans le pays ; et loin de la pression ou du chantage des politiques de gauche ou de droite qui n’ont jamais cesser de violer nos lois quand cela les arrange, nous avons porté notre appréciation à trois (3) dimensions :

  • – de la révision constitutionnelle :

 Même si nous nous posons la question sur l’opportunité d’une révision constitutionnelle, nous ne saurons nous y opposés s’il s’avère nécessaire et techniquement tenable, avec n’importe lequel des deux (2) modes d’adoption (référendaire ou législatif), dans la mesure où tous les constitutionnalistes sont d’accord sur son caractère légal ;

  • – de la question de la nouvelle constitution :

Tenant compte de la division des constitutionnalistes sur son caractère légal et le niveau d’invective à cet effet dans les débats, nous nous réservons d’apporter une réponse pour ou contre attendant de cerner certaines préoccupations à savoir :

  • Qui (institution ou organe) en Guinée est habilité à interpréter la loi pour sa compréhension, à qui revient le dernier mot en cas de divergence d’opinions et que dit-il de la possibilité ou pas d’une nouvelle constitution? 
  • Quelle est l’opportunité d’une nouvelle constitution ? en d’autres termes, quelles sont les insuffisances ou les faiblesses de la constitution de 2010 qui ne s’auraient être levées par sa révision et qui nécessiteraient une nouvelle constitution ?
  • Quel est organe (sa composition et son fonctionnement) qui aura la charge d’élaborer un projet de nouvelle constitution ?
  • Quelles sont les garantis sécuritaires qu’une telle entreprise entre des échéances électorales majeures  (législatives et présidentielles) n’affectera pas la stabilité politique, économique et sociale du pays déjà fragilisée par endroit ?
  • – de la question des couches défavorisées (enfants, jeunes et des femmes) :

Compte tenu du faible niveau d’application des lois et politiques en faveurs de des enfants, des jeunes et des femmes, et en notre qualité de Réseau qui œuvre pour  la promotion, la protection et l’accompagnement de ces couches, en quoi est-ce qu’une réforme constitutionnelle à date favoriserait leur émergence de ces dernières qui sont largement défavorisées, bien  qu’elles soient potentiellement majoritaires ?

  • SUR QUESTION DE LA COHESION SOCIALE

Compte tenu de la fragilisation du tissu social avec une certaine ethnisation du débat politique dans le pays, ainsi que la monté de la violence dans l’esprit du guinéen, en plus de la promotion de l’éducation de base et la culture citoyenne, la valorisation de certaines entités du pays comme leviers  de promotion de la paix est une nécessité. Il s’agit :

  • des coordinations Régionales 

Il est évident de nos jours que le glissement graduel sur le terrain politicien de nos sages regroupés en coordinations régionales, est une menace réelle pour la cohésion sociale et l’unité nationale. C’est pourquoi nous sommes convaincus, contenu de l’importance des sages dans les sociétés en Afrique, que la redéfinition du statut de nos coordinations et toute autre union à caractère identitaire/communautaire comme espace servant strictement de  recourt pour la promotion de la paix et de nos valeurs culturelles est un impératif majeur pour l’unité nationale.

  • Du model de cohabitation entre le Grand Iman de Mosquée Faysal, EL. Mamadou Saliou CAMARA et de Monseigneur Vincent KOULIBALY comme facteur de tolérance religieuse et sociale:

Tirant les leçons de notre expérience dans la culture de la paix, la promotion de la tolérance religieuse et politique, la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent, nous arrivons à la conclusion que la Guinée a innové en mettant en place et réussir la coprésidence de la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale par les deux (2) premières personnalités des deux (2) grandes religions du pays. En conséquence, connaissant l’importance que revêt cette cohabitation religieuse face à l’intérêt de la nation, en dehors de nos frontières et eut égard à l’espoir suscité par le rapport de la commission provisoire, nous sollicitons auprès du gouvernement :

  1. – La  mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport de la Commission Provisoire de Réflexion sur la Réconciliation Nationale ;
  2. – La valorisation de ce model guinéen de cohabitation inter religieuse dans la sous-région et en Afrique face à la monté du terrorisme et de l’intolérance relieuse.
  •  DE CERTAINS SECTEURS CLES DE LA POLITIQUE NATIONALE ENTRE AUTRES
  1. Les Travaux publiques ;
  2. L’eau et l’électricité ;
  3. Agriculture ;
  4. L’Education,
  5. La Santé ;
  6. L’emploi Jeune

Compte tenu de l’écart important entre la volonté politique exprimée avec d’énormes investissements ces dernières années dans certains de ses secteurs et les impacts visibles sur le terrain et sur la vie des citoyens, nous recommandons :

  • Le renforcement des mécanismes de contrôle et de gestion à la fois des ressources et de la qualité des prestations ;
  • La publication semestrielle des résultats de contrôle et d’évaluation des chantiers publics encours, avec les sanctions y afférents ;
  • La publication à chaque fin d’année des rapports d’audit des grands chantiers de développement ou marchés publics en cours de réalisation ou réalisée, notamment dans ces secteurs ?
  • Le renforcement de la capacité technique et institutionnelle des services et personnels dans ces secteurs ;
  • Le renforcement des budgets alloués aux secteurs de l’éducation, de la santé et l’emploi jeune.
  • CONCLUSIONS

En notre qualité d’acteurs de la société civile œuvrant pour la justice sociale, la paix et le développement pour tous, nous saluons ces genres d’opportunités permettant aux citoyens dans leur diversité d’échanger directement avec les gouvernants au plus haut sommet de l’Etat. Nous espérons vivement sur la base du discours du Premier Ministre à télévision nationale et la lettre qu’il a adressé à notre structure, que nos préoccupations seront fidèlement transmises à qui de droit et qu’elles seront traduisent par des actions concrètes dans l’intérêt supérieur de la nation.

Pour le Réseau CoJeLPaiD

Abdoul SACKO

    Coordinateur Général

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