Le nombre des contaminations confirmées a grimpé en flèche dans le Hubei suite à un changement du mode de calcul. 15 000 nouveaux cas ont été annoncés ce jeudi et au total, le Covid-19 a tué 1367 personnes et près de 60 000 personnes sont infectées. Les principaux responsables de la province berceau de l’épidémie ont eux été démis de leurs fonctions.
En 24 heures, le nombre de cas répertoriés quotidiennement a été multiplié par dix et le nombre de décès par deux. Cette envolée des chiffres a fait vibrer les téléphones portables ce jeudi matin en Chine, et contribue à affoler un peu plus une opinion chinoise qui avait déjà des doutes sur les statistiques officielles.
En réalité, cette augmentation est d’abord liée à un changement de mode de calcul. À compter de ce jeudi, ce ne sont plus seulement les personnes testées positives au Covid-19 qui sont considérées comme contaminées, mais toutes celles dont les symptômes auront été jugés suffisants par le corps médical pour diagnostiquer une pneumonie virale.
Trop de malades sont passés entre les mailles du filet
Pourquoi ce changement ? Parce que de très nombreux malades semblent être passés entre les mailles d’un filet de recensement beaucoup trop large. Depuis des semaines, il y a des familles à Wuhan qui affirment avoir un grand-père, une mère, un fils, un membre du foyer qui a de la fièvre, qui tousse, parfois qui meurt à la maison, parce qu’il n’a pas été retenu comme quelqu’un de suspect dans les hôpitaux débordés.
Il y a aussi tous ces témoignages de blouses blanches qui disent que les tests fournis ne sont pas assez nombreux ou déficients, et que beaucoup de malades, encore une fois, passent à côté d’un traitement approprié. Ce changement de mode de calcul est important, car il était demandé par les experts à l’étranger et parce qu’il rend le diagnostic important, rend aux médecins, finalement en première ligne, le pouvoir de dire qui est malade ou non et donc de comptabiliser les victimes.
Le chef du parti communiste du Hubei limogé
Ces chiffres de contamination en hausse ont été suivis par des sanctions. Le chef du Parti communiste de la province de Hubei, Jiang Chaoliang, a été limogé ce jeudi. C’est un protégé du président chinois qui reprend les commandes. Ying Yong était maire de Shanghai, c’est un vétéran de la sécurité publique, un ancien juge, qui reprend le contrôle de cette province sacrifiée, où la colère n’est pas retombée depuis la mort d’un des docteurs qui avait lancé l’alerte la semaine dernière, décédé des suites du coronavirus.
L’agence Chine nouvelle a également rapporté que Ma Guoqiang, à la tête de l’antenne du PCC à Wuhan, avait été révoqué et remplacé par Wang Zhonglin, directeur local du PCC à Jinan dans l’est du pays.
Ce limogeage s’accompagne d’ailleurs aussi de sanctions à des instances plus basses dans le parti, cinq fonctionnaires du Hubei ont été limogés mercredi soir, en raison du non-respect de leur fonction pendant l’épidémie. C’est ce que nous disent les médias chinois ce matin.
Le directeur du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao a lui aussi été démis de ses fonctions. Il s’agit de l’un des plus hauts responsables à être limogés depuis le début de la vague de protestation en juin dans l’ex-colonie britannique.
Avec Rfi