Faut-il systématiquement se couvrir le visage pour lutter contre le Covid-19 ? Dans de nombreux pays, le discours officiel a changé, d’où une course planétaire à l’achat des masques chirurgicaux.
C’est la France qui, ce samedi 4 avril, a mis le pied sur l’accélérateur. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, annonce que près de deux milliards de masques ont été commandés en Chine. 500 000 doivent être livrés chaque jour aux personnels soignants. D’autres commandes sont en cours. Le ministre reconnaît qu’il restait des « éternels problèmes de logistique ». Un pont aérien est en train de se mettre en place avec le soutien de groupes spécialisés, comme CMA-CGM qui, via sa filiale logistique CEVA, annonce l’affrètement d’un avion contenant 16 millions de masques et de matériel médical pour les collectivités locales, hôpitaux, Ehpad et entreprises ayant besoin de matériels pour lutter contre le nouveau coronavirus. L’appareil doit arriver à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle ce lundi 6 avril. Deux vols hebdomadaires sont prévus avec la Chine.
Le monde se les arrache
Les livraisons de masques sont parfois négociées directement sur les tarmacs des aéroports, quitte à payer trois fois le prix initial. C’est ce qui s’est passé en Chine selon plusieurs présidents de régions françaises. Les masques commandés par la France auraient été rachetés par des acquéreurs américains non identifiés. La France elle-même avait réquisitionné au début du mois de mars une cargaison suédoise de 4 millions d’unités destinée principalement à l’Italie et à l’Espagne, au nom d’une réglementation l’autorisant à saisir sur son territoire tout produit pouvant l’aider à freiner la propagation du Covid-19. La Suède avait exprimé son mécontentement. Stockholm affirme qu’à présent, les restrictions sur les exportations ont été levées. « Cela signifie que des équipements vitaux dans la lutte contre le nouveau coronavirus peuvent désormais être distribués dans le reste de l’Union européenne », affirme la ministre suédoise des Affaires étrangères.
Volte-face des occidentaux
Le sujet est sensible en France au vu des critiques subies par le gouvernement pour ses messages contradictoires sur le port du masque. D’autant que la France a, au fil des années, perdu ses capacités de production. Aujourd’hui, tout le monde, l’industrie et même les particuliers, est incité à en fabriquer, même de façon artisanale via des tutoriels que l’on peut trouver sur internet. La France n’est d’ailleurs pas la seule à faire volte-face. En Allemagne par exemple, au Royaume Uni, aux Etats-Unis, et en Côte d’Ivoire depuis hier soir, les autorités sanitaires conseillent aux citoyens de se couvrir le visage quand ils sortent. « Le port du masque s’avère nécessaire », a ainsi déclaré le directeur général de la Santé ivoirien Mamadou Samba à la télévision publique. « Il faudrait porter le masque, parce que beaucoup d’entre nous ne respectent pas la distanciation sociale ». Le masque est obligatoire dans les supermarchés dans plusieurs pays en Europe et en Asie. L’hypothèse non encore prouvée scientifiquement d’une contamination par voie aérienne fait son chemin.
Avec Rfi