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Dernière minute/Guinée : le CNT adopte un chronogramme de 36 mois…

Malgré l’opposition et les mises en garde d’une grande partie de la classe politique et de la société civile, le Conseil National de Transition (CNT) a adopté ce mercredi 11 mai 2022, le chronogramme de la transition, qui sera de 36 mois, au lieu de 39, proposés initialement par le président de la Transition, Colonel Mamadi Doumbouya.

Contre toute attente, le chronogramme a été soumis au vote après la lecture d’une résolution. Et sans surprise, l’écrasante majorité des conseillers nationaux présents au Palais du peuple, ont voté pour l’adoption du chronogramme qui sera de trois (3) ans.

Malgré tout, trois conseillers dont Maître Mohamed Traoré ont voté contre l’adoption de la résolution. Notons qu’il n’y a eu qu’une seule abstention.

Mise en garde de la classe politique…

Peu avant l’adoption du chronogramme par le CNT, le G58 composé de l’UFDG, l’UFR entre autres, le RPG arc-en-ciel et ses alliés, ont dans une déclaration commune, réaffirmé leur rejet par rapport au délai de la transition. Ils exigent l’ouverture d’un dialogue inclusif sous l’arbitrage de la Cedeao.

Ces acteurs politiques ont aussi rappelé que la Charte de la transition dispose en son article 77, que la durée de la transition est déterminée de commun accord entre le CNRD et les forces vives du pays. Pour eux, le CNT n’est nullement mentionné comme organe de validation de cet accord.

Danger de forfaiture….

C’est pourquoi, le G58, le RPG-ARC-CIEL et Alliés rejettent énergiquement cette décision unilatérale du Président de la Transition et par voie de conséquence, récusent la durée de la transition de 39 mois qu’elle porte, dénoncent-ils.

Ils ne reconnaissent aucun pouvoir au CNT que ne lui donne la Charte. Ils ne lui concèdent non plus aucun droit de s’immiscer dans le processus de détermination de la durée de la transition et l’avertissent du danger de forfaiture.

Réaction du Gouvernement…

Par la voix de son porte-parole, le Gouvernement guinéen a pris acte de l’adoption par le Conseil national de transition (CNT), de cette résolution, fixant le délai pour le retour à l’ordre constitutionnel à 36 mois. Ousmane Gaoual Diallo, a toutefois précisé devant la presse, que la durée pour le retour à l’ordre constitutionnel, ne débutera qu’à partir de la promulgation de la Loi. Pour être clair, les huit mois de pouvoir exercés par le CNRD ne seront pas comptabilisés dans ces 36 mois.

“Nous prenons acte de cette résolution qui a été adoptée par le CNT et qui a l’avantage de regrouper l’ensemble des forces vives et le CNRD. Il est important aussi que les médias et les populations comprennent que notre pays est en transition depuis le 05 septembre. C’est maintenant seulement qu’on vient d’adopter la durée nécessaire pour le retour à l’ordre constitutionnel.

Il ne faut pas donc confondre l’ouverture de la transition et le délai nécessaire pour le retour à l’ordre constitutionnel, qui vient d’être fixé à 36 mois. La transition, a commencé à partir du 05 septembre, alors que le délai pour le retour à l’ordre constitutionnel, c’est à partir de la promulgation de la Loi qui ne peut disposer pour le passé”, a tranché le porte-parole du Gouvernement.

Main tendue du Gouvernement…

Le porte-parole du Gouvernement assure que les autorités sont ouvertes au dialogue. « Nous sommes toujours ouverts. Le CNRD ne peut pas se fermer au dialogue avec des acteurs politiques. Les démarches nécessaires seront entreprises et poursuivies pour faire en sorte que les guinéens se parlent et s’accordent sur un minimum de choses et que notre pays retrouve la voie de la sagesse », a précisé Ousmane Gaoual Diallo.

Légitimité…

Forts de leur légitimité (avec 95% des suffrages des guinéens), le G58, RPG Arc-en-ciel et alliés, demandent au CNRD de regagner la confiance des guinéens, en respectant leurs droits et en veillant qu’une justice équitable leur soit rendue, conformément à sa profession de foi lors de sa prise de pouvoir. En conséquence, ils s’opposent à toute décision contraire à la Charte et visant à confisquer le pouvoir en dehors des urnes. Ils prennent à témoin le peuple de Guinée et la communauté internationale du danger sur la paix sociale d’une gouvernance unilatérale et autoritaire dans une période de transition qui a besoin de consensus.

Appel à mobilisation…

Les Partis signataires de la déclaration au siège de l’UFDG ce mercredi, réaffirment avec force, leur position concernant le respect de l’article 77 de la Charte de la transition et le choix du médiateur de la CEDEAO. Ils appellent leurs militants et militantes ainsi que tous les guinéens épris de paix et de justice, de rester mobilisés pour défendre les acquis démocratiques, « comme le droit de choisir librement ses dirigeants, chèrement obtenus par notre vaillant peuple ».

Le bras de fer entre la junte au pouvoir et la classe politique est donc inévitable en Guinée, alors que la CEDEAO accentue aussi la pression sur les autorités de la transition.

A suivre…

A. Madiou BAH