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Enseignement supérieur : le mépris affirmé du gouvernement guinéen (Opinion)

Lors de son grand oral de ce Mercredi 7 Avril 2021 devant l’Assemblée Nationale, le Premier ministre, chef du gouvernement (voir photo) déclinant les grandes orientations de son équipe, a laissé entendre que  » l’enseignement supérieur ne sera pas une priorité ». Oui, évidemment !

Face à la gravité d’une telle déclaration, je tiens fermement au nom des acteurs de l’enseignement supérieur et des étudiants en particulier, à marquer notre opposition catégorique face à ce qui est véritablement un mépris pour la science et le développement véritable.

Dans ce qu’il appelle la qualification du capital humain, il a affirmé que seul l’enseignement de base et celui secondaire seront la priorité du gouvernement. Notre premier ministre a-t-il oublié la notion de système ? Un système, faut-il le lui rappeler, est un ensemble uni de facteur combiné dont le fonctionnement est interdépendant. Parlant de système éducatif, il s’agit de l’enseignement pré-universitaire, celui professionnel et l’enseignement supérieur. Il n’y a pas de vision de l’Éducation sans politique de développement et de qualification de chaque sous secteur. Ce qui revient à dire pratiquement que l’enseignement supérieur amputé de celui pré-universitaire et professionnel donne l’équation déséquilibrée d’une politique éducative désaxée et incohérente. D’ailleurs, il n’est un secret pour personne que le système dont on parle n’a jamais été une priorité du gouvernement qu’il coordonne, la réalité fait terriblement froid dans le dos. Rien que les infrastructures scolaires et universitaires délabrées, le personnel enseignant mal formé, le faible taux de scolarisation et que sais-je encore, devraient amener le gouvernement à repanser sa politique éducative, que nous savons obsolète et improductive.

Annonçant un morceau de 20% de crédits alloués au secteur de l’Éducation, nous pensons que c’est une nette amélioration qu’il faut saluer, mais comme il est connu de tous, ces crédits toujours annoncés finissent dans la poche des prévaricateurs de deniers publics, jamais sanctionnés. Dans les ministères en charge de l’Éducation, nous craignons bien entendu que ces 20% se volatilisent. Pendant que les autres pays affichent une ambition éclairée pour la valorisation de leur enseignement supérieur avec à la clé des innovations dignes de la science au 21ème siècle, le nôtre décide malheureusement de le jeter à la poubelle, avec un débarras insultant. Dr KASSORY veut-il conduire la Guinée vers la queue ? Lui qui est diplômé des universités occidentales, connait-il un seul pays qui a fait ses pas vers le développement sans son université ? Où il entend puiser les réserves de capital humain dont il affirme vouloir prioriser ? Quelle incohérence incongrument féconde !

Revenant à notre sujet dans le fond, j’estime que le gouvernement annonçant ce mépris insolent pour l’enseignement supérieur prouve qu’il dilue l’avenir de NOUS autres qui péniblement, étudions dans les amphithéâtres surpeuplés, dans la poussière et la galère, au finish dans le chômage. Ça veut dire simplement que nous ne devons plus espérer avoir de nouvelles universités, de nouveaux laboratoires, des bibliothèques, du Wifi….

Eh bien ! Puisque leurs progénitures sont bien loin du pays, étudiant à grand frais dans les universités occidentales qu’ils jugent  » Excellentes », ils sont prêts à nous éterniser dans les méandres d’un enseignement supérieur caduque qu’ils foulent volontairement au sol.

Heureusement que la Fédération des Élèves et Étudiants de Guinée (FéGui) dont je conduits le Bureau Exécutif provisoire a lancé depuis le 3 Avril dernier, la Consultation Nationale des Élèves et Étudiants de Guinée, nous exigerons au moment opportun des réformes dans ce secteur que nous savons leitmotiv du développement. Le premier ministre insinue sans arrière pensée, que la recherche scientifique n’est pas son problème, parce que l’avenir de la jeunesse estudiantine n’a non plus jamais été une priorité de son gouvernement, peut-être pas du chef de l’État aussi.

Aux étudiants, j’en appelle à une prise de conscience, le processus de lutte pour nos droits que nous avons engagé doit se poursuive dans la solidarité et la détermination. En nous reléguant à l’arrière plan, le Premier ministre veut nous empêcher de nous émanciper et de demander des comptes à son gouvernement, il craint que les étudiants exigent la redevabilité ! Nous comprenons maintenant pourquoi ils sont hostiles à l’épanouissement dans les facs.

Aux braves enseignants de Guinée, qu’ils comprennent désormais que l’heure est à l’union sacrée pour défendre la science, l’émancipation et le progrès dont nous sommes à la quête matin, midi et soir.

J’invite le chef de l’État à recoudre le tissu déchiré de la politique globale du gouvernement, car sans la priorisation de l’enseignement supérieur, il n’y aura aucun progrès notable. Il est averti, soit c’est lui l’élu du peuple ou il rend le tablier !

Bref, nous rejetons à bloc sans demi-mesure la politique éducative discriminatoire du gouvernement. Elle se fait sans l’enseignement supérieur, donc elle est contre nous. L’enseignement supérieur est à l’État ce que le cœur est pour le l’organisme humain !

Vive l’enseignement supérieur guinéen !

Vive la solidarité estudiantine !

Union Sacrée, victoire assurée !

Kabinet KEITA, étudiant

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU BUREAU EXÉCUTIF PROVISOIRE DE LA FÉDÉRATION DES ÉLÈVES ET ÉTUDIANTS DE GUINÉE (FéGui).

Conakry, 7 Avril 2021