Réveil Guinée Info

Et si le pouvoir public réquisitionnait les hôtels pour héberger les patients du Covid-19 ?

« Sébastien Bazin m’a appelé mercredi soir pour savoir si j’étais d’accord pour rentrer dans le dispositif… Je n’ai pas hésité une seconde et bien évidemment accepté. Je ne sais pas combien (de patients du Covid-19) viendront (dans nos établissements hôteliers). Nos 213 chambres avec télévision et Wifi seront prêtes… C’est mon devoir d’entreprise familiale.», dixit Olivier Pelat, le principal franchisé du groupe d’Accor.

« Une progression effrayante, alarmante et dangereuse du Covid-19 »!

En dépit des efforts inlassables déployés par nos braves médecins à travers l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS) pour contrer la progression du Covid-19, force est de reconnaître que la maladie n’a connu aucun recul en Guinée. Pire, le Covid-19 est en train d’avancer de façon très préoccupante et même inquiétante.

Quarante-cinq (45) jours après la confirmation du premier cas, précisément le 12/3/2020, notre pays enregistre aujourd’hui plus de 1163 cas confirmés, soit plus de 26 cas environ par jour !!

Cette progression est à la fois effrayante, alarmante et grave!

Effrayante parce qu’elle est devenue communautaire, et personne n’est désormais à l’abri.

Alarmante par ce qu’elle est en train de progresser vers l’intérieur du pays qui ne dispose pas des infrastructures adéquates pour la prise en charge des patients du Covid-19.

Sûrement, dangereuse parce que notre système de santé a montré à suffisance son impuissance et son incapacité à freiner cette progression. Et pourtant tout portait à croire qu’il était bien possible de maîtriser la progression de la maladie n’eût été le retard accusé dans la prise des mesures conséquentes et la mise en place tardive des activités et des programmes concrets de riposte.

Oui, notre système de santé aurait affirmé sa fragilité incontestable due à la non installation des équipements de point tels que les respirateurs et les radioscopies d’une part et à l’absence inadmissible d’une gestion rigoureuse et efficace au niveau des structures en charge de la santé et des établissements sanitaires.

Par ailleurs, si le système de santé est actuellement impuissant devant une progression à un rythme relativement lent par rapport à la projection des experts régionaux et internationaux en épidémiologie, chacun devrait se demander quel serait le sort de notre pays lorsque le chiffre atteindra un seuil plus élevé. Que Dieu nous protège !!

Cette situation affolante devrait interpeller la conscience de tout citoyen particulièrement le pouvoir public par rapport à la gestion de la crise en général et aux dispositions appropriées devant être mises en place pour corriger les failles et les tares actuelles.

Il va falloir refondre l’actuel plan de riposte et repenser les propositions adéquates

Oui, cette situation confirme à suffisance la nécessité impérieuse de refondre le plan initial de riposte afin de lui conférer plus de dynamisme, plus de pragmatisme et partant, plus d’efficacité.

Elle prouve l’importance liée à l’implication patriotique et à la participation citoyenne de tous: les partis politiques, le mouvement social, les coordinations et les sages, en vue de repenser les propositions concrètes et les suggestions pratiques pour freiner la progression de la maladie.

Dans l’immédiat, le pouvoir public est appelé à continuer  d’accroître les efforts matériel, financier et logistique et à entreprendre des actions palpables et tangibles afin de corriger les défaillances et les insuffisances relatives à la communication, à la sensibilisation et particulièrement à la prise en charge de nombres  croissants des patients du Covid-19.

Certes, aujourd’hui, tout le monde est unanime que l’ANSS ne dispose pas à elle seule le moyen logistique et matériel requis pour une prise en charge responsable de cette pandémie.

Évidemment il va de soi de préciser que les médecins de la République ne relèvent point de l’ANSS mais du ministère en charge de la santé.

Aussi, les établissements sanitaires, hôpitaux et centres de santé, ne sont pas soumis aux instructions de l’ANSS mais au département de tutelle.

Conséquemment, il serait donc abusif de demander à l’ANSS d’assurer une prise en charge adéquate et dynamique alors qu’elle n’a aucun pouvoir ni sur les médecins ni sur les hôpitaux.

Il serait également injuste de mettre toutes les défaillances et les insuffisances actuelles sur le dos de l’ANSS alors le département tutelle brille par son absence inexplicable!  

La problématique de la prise en charge devrait être réglée incessamment!!

Oui, la prise en charge des patients étant le paramètre le plus critique et le plus complexe, elle connaît un élan catastrophique dû aux insuffisances relatives à la gestion des patients alités au centre. Elle pèse également un manquement cruel dû au fait que des dizaines de nouveaux patients du Covid-19 auraient passé des heures devant le centre hospitalier de Donka sans pouvoir y être admis.

Aussi, ledit centre serait complètement saturé et ne disposerait de ce fait plus d’espace pour accueillir de nouveaux patients.

Toute chose qui aurait amené certains des nouveaux cas confirmés à rebrousser chemin ou alors à se retrouver abandonnés devant le centre pendant des heures.

Devant une telle situation inédite, le pouvoir public devrait prendre ses responsabilités régaliennes, celles de mettre à disposition des sites d’hébergement adéquats et dignes de nom.

Vu l’état de dégradation très poussée des sites sanitaires disponibles à l’intérieur du pays, et compte tenu de l’impossibilité de construire des nouveaux sites dans le délai, le pouvoir public devrait s’inspirer des certaines expériences pratiques existantes telles que les expériences allemande et française.

Les établissements hôteliers dans ces deux pays ont volontairement offert leurs services aux pouvoirs publics pour leur permettre d’accueillir les patients du Covid-19 dans leurs locaux.

L’histoire retiendra la réaction positive citoyenne du principal franchisé du groupe d’Accor, Monsieur Olivier Pelat, à la demande de Monsieur Sébastien Bazin, PDG du groupe, je cite : 

« Sébastien Bazin m’a appelé mercredi soir pour savoir si j’étais d’accord pour rentrer dans le dispositif… Je n’ai pas hésité une seconde et bien évidemment accepté. Je ne sais pas combien (des patients du Covid-19) viendront (dans nos établissements hôteliers). Nos 213 chambres avec télévision et Wifi seront prêtes… C’est mon devoir d’entreprise familiale.»

Ce geste patriotique de Monsieur Olivier devrait inspirer les propriétaires des hôtels en Guinée afin de contribuer qualitativement à la lutte contre le Covid-19 dans notre pays.

Penser à nos mamans, nos papas, nos frères et sœurs à ce moment critique!!
Les difficultés auxquelles le pouvoir public est confrontée par rapport au manque des sites appropriés pour accueillir les nouveaux cas, devraient moralement réveiller les consciences des propriétaires des établissements hôteliers en Guinée !!

Ces propriétaires devraient humainement penser à nos mamans, nos papas, nos frères et sœurs qui ne sont autres que les nouveaux et les futurs patients du Covid-19.
Oui, ils ne devraient pas rester indifférents aux difficultés de toute une population impuissante.
Par ailleurs, c’est le lieu de préciser que la plupart de ces établissements hôteliers existent grâce à l’État guinéen qui leur a accordé des facilités pour leur implantation. Toute chose qui devrait leur rappeler la nécessité impérieuse liée à leur collaboration avec l’État guinéen pour régler cette épineuse problématique.

Le principe d’utilité publique oblige la réquisition des hôtels!

Vu que le temps passe très vite et que le besoin ne fait que s’accroître au jour le jour, il va falloir que le pouvoir public passe à l’application immédiate de la notion et du principe de l’utilité publique approuvée par les lois de la République. Ce principe devrait permettre à l’État de réquisitionner des établissements hôteliers mieux indiqués à être utilisés pour héberger les patients du Covid-19 qui n’auront pas de place dans les centres hospitaliers actuels.

Ce principe fondamental reconnu par notre constitution dans son code foncier et domanial, article 55 et suivants, permettrait au pouvoir public d’obliger les propriétaires des hôtels à lui céder leurs hôtels dans un but d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité.

Oui, la sauvegarde des vies humaines menacées par le Covid-19 est au-dessus de toute autre considération, tout autre intérêt et toute autre prétention.

Autrement dit, aucun établissement ne pourrait être plus important que la vie d’un seul guinéen voire les vies de toute la population guinéenne.

Certes, cette réquisition serait considérée comme une contribution de qualité attendue de la part de ces établissements hôteliers dans la lutte contre le Covid-19.

Par les temps qui courent, tout refus de la part des propriétaires desdits établissements devrait leur valoir des poursuites devant les juridictions compétentes du pays.

« La contamination pourrait être mieux maîtrisée »!!

L’hébergement des patients du Covid-19 dans les hôtels contribuerait à mettre fin à la fuite des cas confirmés. Il encouragerait également les citoyens de revenir vers l’ANSS pour se soigner en lieu et place de leur domicile. Toute chose qui contribuerait à limiter voire à contrer la contamination.

« Le financement de l’utilisation des sites hôteliers ne connaîtra aucune souffrance »!!

 Quant aux conséquences financières de la réquisition de ces hôtels, le pouvoir public pourrait valablement les intégrer dans son plan de riposte révisé. Aussi, les contributions citoyennes à travers les chaînes de solidarité devraient être utilisées pour indemniser les propriétaires.

Sûrement la population guinéenne resterait reconnaissante de ce geste si humain et si patriote de la part des établissements hôteliers qui mettront volontairement leurs installations au compte de l’ANSS pour servir de sites.

En tout état de cause, tous ensemble levons nous pour soutenir les patients du Covid-19 et sauver la Guinée! 

God bless la Guinée. 

Professeur Koutoubou Moustapha SANO 

PhD in Laws