Malgré l’interdiction de sa marche pacifique par la Mairie de Kaloum, le Collectif de soutien au journaliste Amadou Diouldé Diallo, qui projetait une marche pacifique ce mercredi à Kaloum, a finalement opté pour une manifestation virtuelle, dans l’enceinte de la maison de presse, sise à Kipé, dans la Commune de Ratoma.
Cette marche virtuelle a pour but : dénoncer l’incarcération du journaliste en violation de la Loi sur la liberté de la presse.
Réunis en grand nombre, des jeunes reporters œuvrant dans différents médias de la capitale (membre dudit collectif), ont ainsi décidé de se faire entendre, en dépit de la décision « illégales » des autorités communales de Kaloum.
Munis de prospectus sur lesquels ont peut lire entre autres : « Libérez Diouldé, sa place n’est pas en prison » ; « Pas de recul, plus jamais ça » ; « Magistrats arrêtez » ; « la liberté de la presse ne se négocie pas » ; ou encore « respectez la Loi L002 », ces journalistes reporters passent donc à la vitesse supérieure.
Merci de lire ci-dessous, la déclaration qui a sanctionné cette rencontre…
Arrêté le 27 février 2021, sans convocation préalable, le journaliste et historien Amadou Diouldé Diallo a été inculpé, le 1er mars 2021 pour « offense au chef de l’Etat et diffamation » et placé sous mandat de dépôt. Il est, depuis cette date, détenu à la Maison centrale de Conakry.
L’article 10 de la Constitution dispose que « tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression ». La loi L002 portant sur la liberté de la presse a dépénalisé les délits de presse en Guinée. L’objectif de cette loi est d’éviter qu’un citoyen ne soit arrêté et mis en prison pour des délits commis par voie de presse.
Avec cette loi, la Guinée a fait des avancées significatives en matière de liberté d’expression jusqu’à maintenant, malgré les différentes tentatives de la contourner pour faire arrêter des journalistes afin de les intimider et les pousser à l’autocensure, qui est pire que la censure elle-même.
Nous nous retrouvons devant une situation inédite, celle de veiller à l’application fidèle et correcte de cette loi.
A supposer que M. Diallo soit reconnu coupable d’offense au chef de l’Etat, il ne pouvait être condamné qu’à une amende allant de 1 à 5 millions Gnf, selon l’article 105 de la liberté de la presse. Toutefois, afin de contourner l’application stricte de la loi, la justice guinéenne a décidé de le mettre en détention préventive pour une période que nous ne saurions dire.
Face à l’injustice, le silence est coupable. Il serait dommage pour les journalistes que nous sommes de ne pas dénoncer la détention illégale de notre confrère. Brisons donc le silence, crions notre colère et exigeons que M. Diallo soit libéré. Ne pas dénoncer, c’est se rendre complice ou complaisant face à la violation de la loi. Nous ne saurons cautionner le musellement de la presse en Guinée.
Faut-il admettre que le constat est déplorable. Contrairement à la solidarité et à la confraternité que les journalistes ont l’habitude d’exprimer à leurs confrères ou consœurs qui ont des ennuis judiciaires, le cas Amadou Diouldé Diallo n’a pas suscité de mobilisation. Pourquoi ? la question reste posée.
Mais, sachons qu’aujourd’hui, c’est lui, mais demain, ça pourrait être un d’entre nous. Pourquoi donc ne pas se lever dès maintenant ? Notre avenir en tant que journalistes en dépend.
C’est ce qui a motivé la mise en place du Collectif de soutien à Amadou Diouldé Diallo, le 13 mars 2021. Sitôt mis en place, le Collectif s’est attelé à rencontrer les associations faitières de la presse en Guinée, entre autres, REMIGUI, AGEPI, UGPLG, SPPG, RSF- GUINÉE, URTELGUI, AGUIPEL, ainsi que l’INIDH et l’OGDH.
Dans sa démarche de soutien à M. Diallo, le Collectif avait prévu une marche pacifique, ce mercredi 31 mars 2021. Celle-ci a été finalement interdite par la Mairie de Kaloum. Bien que cette interdiction soit illégale, puisque n’ayant pas respecté le délai de 48 heures requis, le Collectif, respectueux de la loi, a décidé de s’y plier.
L’histoire retiendra que les autorités communales de Kaloum se sont rendues complices de la violation de la Constitution qui nous autorise à manifester et de la tentative du musellement de la presse dans notre pays.
La presse guinéenne est en danger. Nous invitons l’ensemble des journalistes, des associations professionnelles des médias, des organisations de la Société de la civile, des ONG de défense des droits Humains, à dénoncer la violation de la Loi L002 portant sur la liberté de la presse en Guinée.
Vive la liberté de la liberté !
Vive la démocratie !