Le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) suit avec une vive inquiétude les troubles meurtriers qui se déroulent à N’Zérékore, depuis le 22 mars. Selon les nouvelles en provenance du terrain, il y aurait déjà eu une soixantaine de personnes tuées, une centaine de blessés graves et des édifices détruits dont plusieurs églises incendiées. Apparemment, ce conflit oppose les Kpelles aux Koniakas.
Des sources concordantes rapportent que le régime Guinéen serait la racine de ces troubles ; son objectif serait la création d’un foyer de tension afin de détourner l’attention internationale du double scrutin tenu récemment. D’autres arguments soutiennent que la présence d’assaillants contre les autochtones de N’Zérékoré serait une expédition punitive contre eux pour s’être massivement opposés au projet de Troisième Mandat.
Cinq faits, parmi d’autres, semblent donner de la crédibilité aux hypothèses ci-dessus citées :
(1) la présence de Monsieur Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire RPG-Arc-en-Ciel, qui est arrivé à N’Zérékoré, quelques jours tout juste avant les conflits. Sa présence sur le terrain suscite de profondes suspicions fondées. Pour rappel, depuis quelques mois, une vidéo dans laquelle Damaro harangue une foule hystérique de Koniakas circule sur les réseaux sociaux ; dans cet instrument médiatique, Damaro Camara—dans un discours de style hitlérien, évoque la prouesse guerrière des Koniakas, tout le long de l’histoire de la sous-région. Par ces assertions incendiaires, il incite tacitement le peuple du Konia à aller en guerre contre d’autres Guinéens, et particulièrement ceux de la région Forestière ;
(2) la présence d’un millier de chasseurs traditionnels armés, communément appelés « Donzo », venus de la Haute Guinée suscite bien d’interrogations. Sur la base de photos authentiques qui circulent sur les réseaux sociaux, Il est établi que les donzos avaient été les gardiens des bureaux de vote, en appui aux Forces de Sécurité nationale. Aussi, dans la période post-électorale, ces donzos quadrillent continuellement la ville de N’Zérékoré en compagnie de militaires coiffés de bérets rouges ;
(3) Des sources crédibles rapportent qu’au moins une centaine de « bérets rouges » auraient quitté le camp de Kindia pour la ville de N’Zérékoré ;
(4) la non-intervention des militaires du Camp Béhanzin pour juguler les engagements meurtriers entre les belligérants. On est porté à croire que n’eut-été l’attitude de passivité incompréhensible des militaires de la 4ème Région Militaire du pays, le nombre de morts aurait été moins lourd ;
et (5) le mutisme incompréhensible du Président Alpha Condé depuis l’amorce des hostilités, qui remonte du 22 mars courant.
Conséquemment, le CSDF voudrait demander au Président Alpha Condé de bien vouloir assurer la protection des citoyens de N’Zérékoré, sans considération ethno-régionale ou confessionnelle. Aussi, le CSDF demande au Président alpha Condé de retirer les donzos et les éléments des Forces de Défense de la ville de N’Zérékoré et des villages environnants. Les premiers devraient retourner en Haute Guinée ; et les seconds devraient retourner dans leurs casernes d’origine.
Nos dernières requêtes portent sur deux points :
la libération des jeunes de Kerema que les médias, sur la base d’informations sommaires, présentent comme étant les instigateurs des troubles qui ébranlent N’Zérékoré. Il faut souligner que leur présence sur le terrain n’a pas été planifiée ; ils s’y sont trouvés par la nécessité de protéger les leurs face à l’indifférence coupable de l’armée. Leur élargissement serait un gage certains de retour à la pacification que le gouvernement recherche tant ;
et enfin (2) nous demandons au président Alpha Condé de donner des instructions aux ayants-droit afin que les dépouilles des 60 et quelques victimes soient remises à leurs parents afin qu’ils soient inhumés, pas comme des prisonniers mais comme des citoyens libres de la République de Guinée.
Le CSDF se réserve le droit de porter le cas devant les juridictions internationales, s’il est avéré que le dossier relève de crime contre une communauté ciblée.
Pour conclure, le CSDF voudrait rappeler aux uns et aux autres que les Kpelles et les Koniakas, du temps colonial jusqu’en 1990, vivaient dans une convivialité parfaite. Le CSDF veut croire que les deux communautés peuvent cohabiter de façon pacifique. Le CSDF enjoint les deux communautés à ne pas céder aux manipulations politiciennes qui, à longue, les nuirait infailliblement.
Dr. Antoine AkoïSovogui
Président du CSDF