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Il faut être fou pour aller à cette élection (Par Tierno Monénembo)

Faut-il oui ou non aller à l’élection présidentielle du 18 octobre prochain ? En d’autres mots, pourquoi poser une question qui ne se pose pas ?

A juste titre, le FNDC dans toutes ses composantes a contesté la tenue et des législatives et du référendum bidon que le pouvoir a organisés pour berner le peuple et s’octroyer un pouvoir à vie. De facto, elle ne reconnaît pas la Constitution qui en est sortie, un chiffon de papier honteusement falsifié, qui plus est.

Je vous le demande, bonnes gens, comment  peut-on participer à une élection dont on conteste la base juridique ? Il est superflu de poser cette question et absolument inconséquent d’y répondre. En ce sens, la réunion que projette l’UFDG pour décider de son attitude lors du prochain scrutin frise l’inconscience.

Elle n’a pas lieu d’être !

Il va de soi qu’une éventuelle candidature de Cellou Dalein Diallo serait un très mauvais signal pour l’avenir de la démocratie en Guinée. Elle menacerait la cohésion de l’opposition (et peut-être même sa survie) et jetterait,  un désarroi sans précédent dans les rangs de ses militants et sympathisants. On voit d’ici le champ de ruines que deviendrait  le camp démocratique si jamais ce choix absurde était entériné : le FNDC tomberait en quenouille, les partis politiques dans la zizanie et la société civile ma foi, dans le trou profond de la léthargie où elle a si longtemps végété. Oui, ce serait du pain béni pour Alpha Condé !

Sa Constitution serait ainsi adoubée et sa candidature parfaitement légitimée. L’UFDG n’aurait plus aucune raison (mais alors aucune) pour contester son pouvoir tyrannique, et sa légalité douteuse. Elle ne serait plus la grande UFDG qu’on a connue, le porte-flambeau de toutes les luttes héroïques menées dans ce pays, ces dix dernières années. Elle ne serait plus qu’une carpette sur laquelle le fama Alpha Condé viendrait s’essuyer les pieds. Ce ne seraient pas des verges pour se faire fouetter que sa direction offrirait au pouvoir mais des bombes pour se faire anéantir.

Comment, mon dieu, appeler ce soldat qui à l’approche de la victoire, retourne son arme contre lui pour se faire exploser la cervelle. Un gamin, un suicidaire, un psychopathe ? Peut-être tous ces trois qualificatifs en même temps.

Mais bon, sortons de notre colère, de notre ressentiment. Après tout, ces messieurs de l’UFDG sont des hommes politiques, c’est-à-dire de bons calculateurs, des gens qui savent discerner. Des esprits lucides qui distinguent du premier coup, la cendre de la farine, le miel du ricin, le sûr et certain  de l’à-peu-près. Alors, posons la question cynique qui s’impose : qu’auraient-ils à gagner dans cette aventure ? L’argent, le pouvoir, la renommée ? Rien de tout cela : Avec Alpha Condé, l’élection est gagnée avant même le scrutin, ils le savent mieux que moi. Ils y auraient tout à perdre et pas seulement leur âme ; ils n’y laisseraient pas que des plumes, ils y laisseraient aussi l’ergot et la tête, le gésier et l’intestin. Ils y laisseraient  tout, surtout l’honneur et la crédibilité.

Pour atténuer la grosse déprime qui me gagne, je me dis que rien n’est joué pour l’instant, qu’à la dernière minute, une bonne âme ferait le geste qui sauve, quelqu’un de lucide, quelqu’un de raisonnable, ferait ce qu’il faut pour empêcher l’UFDG de plonger dans le vide.

En tout cas, pour ma part, c’est clair : je me démarquerai aussitôt de toute force politique qui aurait la sottise d’aller à cette mascarade électorale digne de Sékou Touré et de Bokassa, de Mobutu et d’Amin Dada.

Par Tierno Monénembo, in Le Lynx

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