Simon Henshaw est mort. Victime d’une crise cardiaque, l’ambassadeur américain a rendu l’âme le 9 juin dernier. Je joins ma voix à celles, très nombreuses qui se sont exprimées, pour pleurer sa tragique disparition et présenter mes plus vives condoléances à sa famille et à ses collaborateurs.
Je n’ai pas bien connu Simon Henshaw. Je n’ai eu l’occasion de le rencontrer que trois fois. La première fois à l’espace culturel Kira à l’occasion de la représentation de ma pièce de théâtre, Qu’est-il arrivé à Yârie Yansané ?, jouée par l’excellente actrice, Aminata Touré et que l’ambassade des Etats-Unis avait eu la générosité de subventionner.
La deuxième fois, à l’ambassade américaine à l’occasion de la célébration de la fête de l’Indépendance de la patrie de George Washington. La troisième fois, au dîner d’adieu qu’il avait offert à sa résidence à l’occasion du départ définitif de son Chargé d’Affaires, mon ami et presque frère, Hugues Ogier.
C’est peu pour connaître un homme. Mais c’est assez pour saisir ses principaux traits de caractère. J’ai retenu l’élégance, la courtoisie, la subtilité, la discrétion. Cet homme savait se montrer respectueux et attentif avec la plus modeste des personnes, dans la plus banale des discussions.
Elégance, courtoisie, subtilité, discrétion ! Les qualités primordiales d’un ambassadeur, d’un vrai ! A ma connaissance, cet homme n’a jamais pris position dans le débat politique intérieur de la Guinée. Il a respecté sa fonction en misant sur les idées consensuelles et sur les solutions équilibrées. Ne serait-ce que par ce maintien distingué, ne serait-que par ce réflexe de professionnel, Simon Henshaw restera dans la mémoire des Guinéens comme un grand diplomate. C’est rare dans nos contrées où les diplomates venus du Nord ont tendance à se mêler de tout et de rien comme au temps béni des colonies.
J’ai déjà fustigé dans ces colonnes le comportement inadmissible de deux ambassadeurs : un russe et un français qui avaient tendance à se prendre non pour les éminents représentants de leur pays mais pour les misérables loufiats d’Alpha Condé. C’est dommage parce que la Russie et la France ont vocation à entretenir d’excellentes relations avec notre pays.
La Russie (qui n’a aucun différend historique avec l’Afrique) a soutenu notre Indépendance, formé bon nombre de nos cadres civils et militaires et combattu sans réserve l’odieux système de l’apartheid.
Quant à la France, en dépit (ou à cause) de l’esclavage, de la colonisation et du tragi-comique malentendu De Gaulle-Sékou Touré, est de toutes les grandes puissances, celle avec laquelle nos liens historiques et culturels sont les plus forts. Même si l’hexagone continue de maintenir avec ses anciennes colonies des relations pathologiques, absolument inexplicables.
Rien n’oblige ces deux grands pays à nous envoyer des ambassadeurs qui avant même de prendre leur fonction prennent fait et cause pour le despote local.
Sans l’art et la manière, où est la diplomatie ?
Tierno Monénembo, in Le Lynx