L’ex-chef d’État tchadien est décédé ce mardi 24 août à l’âge de 79 ans. Il avait été hospitalisé fin août à Dakar, au Sénégal – où il purgeait sa peine de prison à perpétuité – après avoir contracté le Covid-19.
« Monsieur Hissène Habré est décédé. C’est une bien triste nouvelle pour sa famille, pour beaucoup de Tchadiens, et nous compatissons à cette mort. Hissène Habré a dirigé le Tchad, même si on n’est pas partisan de la manière dont il a dirigé le Tchad, devant la mort, nous nous inclinons », a déclaré à RFI Abderaman Koulamallah, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement du Tchad. L’ex-chef d’État tchadien est décédé au Sénégal, où il purgeait une peine de prison à perpétuité.
Une enfance dans le désert
Membre de l’ethnie pastorale touboue, Hissène Habré a grandi dans le désert du Djourab. Après l’indépendance en 1960, il est nommé sous-préfet par le président Tombalbaye. Cette même année, il part pour la France où il réalise un long parcours scolaire. Il passe notamment par l’Institut d’études politiques.
En 1972, il rentre au pays. Rapidement, il fonde une rébellion qui se fait connaître par l’enlèvement d’Occidentaux, notamment la chercheuse Françoise Claustre. Le 4 avril 1975, le commandant français Galopin, venu négocier pour la libération d’otages français, est torturé et exécuté.
Condamné à perpétuité
Dans les conflits de l’époque, il se pose en défenseur de l’intégrité du Tchad face aux appétits libyens. Habré est nommé Premier ministre en 1978, mais très vite les luttes intertchadiennes reprennent. Il renverse le président le 7 juin 1982. Il reste à la tête de l’État tchadien durant près de huit années avant d’être renversé à son tour en 1990 par Idriss Déby. Ses années de pouvoir sont marquées par de nombreux crimes. Une commission d’enquête, après sa chute, parle de quelque 40 000 morts.
Hissène Habré est condamné à perpétuité en mai 2016 à Dakar par les Chambres africaines extraordinaires. Il est reconnu coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Une condamnation confirmée en appel un an plus tard. Il purgeait, depuis, sa peine au Sénégal.
« Le gouvernement tchadien n’a pas particulièrement d’obstacles aujourd’hui contre un ancien président décédé. Nous exprimons à sa famille toutes nos condoléances. Il restera pour toujours un ancien président du Tchad. Tout Tchadien qui a dirigé le pays, quels que soient ses torts, restera dans la mémoire historique des Tchadiens. Ce n’est pas aujourd’hui le lieu de polémiquer sur sa gouvernance, sur le procès qu’il a eu. Nous nous exprimons de manière tout à fait officielle mais de manière réservée, et nous ne voulons pas en rajouter », a-t-il rajouté.
Avec RFI