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Le voleur qui crie au voleur ! (Par Aboubacar Sidiki Wattara)

« Le voleur crie pour que le volé tremble », dit un proverbe libanais. Mais nous rassurons dorénavant Monsieur Boghola Haba, que nous les volés nous ne tremblons pas et nous ne tremblerons pas. Et comme dit un autre proverbe, celui-là Kurde, « Quand le voleur pactise avec le serviteur de la maison, il peut faire sortir un bœuf par la cheminée ».

Monsieur Haba étant désormais au service de Dalein, qui a toujours trahi tous les combats menés par l’opposition depuis 2010, il rêve de pouvoir sortir un bœuf par la cheminée. C’est impossible !

Chers compatriotes, sortons des émotions, de la diversion et utilisons nos cerveaux pour contribuer efficacement et honnêtement à l’édification d’une nation guinéenne juste et prospère. En effet, dans le poste « Un allié de l’UFDG demande à Sidya, Kouyate, Faya et Cie de choisir entre Dalein et Alpha Condé : la confusion doit s’arrêter… » et dans certaines réactions que ce poste a suscitées, nous notons de l’émotion et de la diversion qui, comme on devait s’y attendre en pareil cas, conduisent à baisser le niveau du débat, à l’amalgame et à la courte vision.

Commençons par restituer la vérité historique pour permettre un débat serein. Pour le faire, nous sommes obligés de descendre parfois dans la boue parce qu’on nous y invite. On nous invite à un débat de personnes, pas à celui d’idées, de principes et de valeurs.

Pour parler des personnes, établissons cette vérité historique selon laquelle Dalein, le champion de Monsieur Boghola Haba, n’a jamais cru en l’alternance. Tout le monde se rappelle de son interview sur France24, dans laquelle il a abondamment justifié la présidence à vie du Général Lansana Conte, dont il a été un des ministres et premiers ministres pendant plus d’une décennie. Et il n’a jamais condamné non plus la présidence à vie en cours en Côte d’Ivoire. Ces deux faits établissent clairement que Monsieur Dalein n’a jamais cru et, encore aujourd’hui, ne croit pas en l’alternance.  Il reste à souhaiter, qu’à l’avenir, il croira.

Monsieur Haba dit, nous le citons : « S’ils étaient pour le changement, ils auraient dû appeler à l’alternance démocratique. Sidya Toure, Kouyaté et Faya Millimouno n’ont pas appelé à voter. Ça veut dire qu’ils ont déjà pris position avant le 18 octobre…. »

Avec tout le respect dû à un compatriote politique, constatons que c’est un raisonnement d’une pauvreté déconcertante. En effet, les leaders politiques que Monsieur Haba, par émotion et volonté de diversion, essaye de mettre en cause ont tous été membres du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) comme Monsieur Dalein, l’un des deux choix réducteurs auxquels il oblige désormais les Guinéens à faire, au risque de périr. Curieusement, les leaders politiques qu’il met en cause ont été les seuls qui sont restés respectueux de la ligne définie par le FNDC.

Pour rétablir les faits, disons que le FNDC a été trahi par quatre groupes de partis politiques et d’organisations de la société civile. Le premier est composé des partis politiques et des organisations de la société civile qui ont participé à la consultation instruite au Premier Ministre Ibrahima Kassory Fofana par le Président Alpha Condé. Chacun se rappelle que ce sont ces consultations qui ont conclu que la Guinée, notre pays, avait besoin d’une nouvelle constitution.

Le deuxième groupe est composé des partis politiques, membres du FNDC, qui ont participé au double scrutin du 22 mars 2020. Chacun se rappelle que c’est à l’issue de ce double scrutin que la constitution que nous défendions a été abrogée et une assemblée nationale quasi monocolore a été imposée au pays.

Le troisième groupe est composé des partis politiques qui se sont, soudain, découverts des capacités magiques de gagner l’élection présidentielle du 18 octobre 2020. Il convient de préciser que ce choix de participer au scrutin du 18 octobre 2020 comportait deux péchés.

Le premier péché est que ce choix était contraire aux recommandations du document stratégique du FNDC qui ne voyait la possibilité de participer à l’élection du 18 octobre 2020, avec Alpha Condé comme candidat, qu’à deux conditions : (1) la première était de s’entendre sur un candidat unique, capable de battre Alpha Condé, et qui battrait campagne sur un agenda commun négocié ; (2) et la seconde était de réussir à améliorer les conditions de transparence et de crédibilité du processus électoral. Reconnaissons qu’aucune de ces conditions n’a été remplie avant le scrutin du 18 octobre 2020.

Le second péché est la non prise en compte d’un fait historique important.  En effet, lorsque l’opposition politique a échoué en 2001 d’empêcher la modification constitutionnelle ouvrant la voie à une présidence à vie pour le Général Lansana Conte, elle a choisi, pour préserver l’unité en son sein et poursuivre efficacement son combat, de n’est pas participer à la présidentielle du 21 décembre 2003. Le Général Lansana Conte s’est vu obligé de s’acheter son challenger, en la personne de Monsieur Boye Barry. Pourtant, il ne manquait de bons présidentiables à l’époque : Sidya Toure, Siradiou Diallo, Mamadou Boye Bah, Jean Marie Dore, pour ne citer que ceux-là. Chacun se rappelle la force des forces vives au courant des années 2000.

Le quatrième groupe est composé des partis politiques et des organisations de la société civile, membres du FNDC, qui ont soutenu des candidats à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 au nom d’une supposée alternance démocratique. C’était démagogique et même malhonnête !

Ces magiciens qui ont décidé souverainement (peut être émotionnellement) de participer ou d’accompagner des candidats à cette présidentielle du 18 octobre 2020 doivent s’assumer et, surtout, coller la paix à ceux qu’ils ont trahi par amateurisme, opportunisme et hypocrisie. Ils doivent avoir sur leur conscience tous ceux et toutes celles de nos compatriotes qui ont perdu la vie durant ce processus, qui ont été blessés  et qui sont encore dans les prisons. Ils doivent avoir sur leur conscience la légitimation de ce qui était clairement illégitime.

Disons simplement à Monsieur Haba, dont le désir d’exister saute aux yeux, que le débat politique guinéen n’est pas un débat de personnes.  Il ne peut donc se réduire à choisir entre Dalein et Alpha Condé. Aucun de ces deux messieurs ne croit d’ailleurs en l’alternance au nom de laquelle Monsieur Haba se donne le droit d’attaquer d’autres leaders politiques. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.

Wassalam !

Par Aboubacar Sidiki Wattara
Porte-parole du Président du Bloc Libéral (BL), Dr. Faya L. Millimouno

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