Le président Alpha Condé prêtera serment dans les prochains jours pour son entrée en fonction en tant que premier président de la quatrième République. Parallèlement à ces préparatifs, ceux concernant son futur gouvernement se poursuivent aussi. De jour en jour, on apprend un peu plus sur ce que pourrait être sa future équipe qui matérialisera son slogan « gouverner autrement ».
De sources sûres, le futur gouvernement sera une équipe très réduite. Même si on en sait encore moins sur les têtes qui vont le composer, on sait par exemple que ce sera un effectif de 25 à 27 ministres, y compris certains secrétariats généraux. Les changements pourraient être radicaux dès l’entrée en fonction du professeur Alpha Condé
Un premier ministre de rupture :
La première grande question que se posent bon nombre d’observateurs est relative à la reconduction ou non de l’actuel premier ministre Ibrahima Kassory Fofana. Le chef du gouvernement qui a par ailleurs mouillé le maillot lors du débat sur le changement constitutionnel couplé aux élections législatives de mars 2020, ainsi qu’en tant que directeur de campagne pour la présidentielle du 18 octobre dernier, peut bien mériter de rempiler encore pour quelques années.
Mais nos sources nous font savoir que le président Alpha Condé entend rompre avec le statu quo. L’un des noms les plus en vue en ce moment pour occuper le palais de la colombe est celui de Docteur Ousmane Kaba, président du parti des démocrates pour l’espoir (PADES). Cet économiste rompu est de la même classe que l’actuel PM et pourrait bien être appelé pour mettre en œuvre la politique de développement d’Alpha Condé les six prochaines années. Bien que ce choix contraste cependant avec la position politique de cet ancien collaborateur du président guinéen, il a de forte chance d’aboutir.
Si Ousmane Kaba est choisi premier ministre, ce sera aussi une totale rupture avec les choix sociologiques qui ont jusque là commandé la gouvernance Condé, avec notamment le fameux pacte de stabilité qui voudrait que le chef du gouvernement soit toujours originaire de la Basse Côte. En effet, dépuis 2010, Alpha Condé a toujours guidé ainsi ses choix pour les postes stratégiques : la primature à la Basse Côte, le parlement à la Guinée forestière. La nouvelle République pourrait sonner le glas de cette méthode et marquer le premier point de rupture en matière de choix des cadres. Alpha Condé pourrait se tourner cette fois vers la haute Guinée, un de ses fiefs traditionnel et bastion imprenable du parti au pouvoir.
Chamboulement de l’architecture gouvernementale :
La composition du futur gouvernement sera aussi en parfaite rupture avec le passé. On a connu ces dix dernières années ce que les guinéens ont souvent qualifié de gouvernement de récompense, avec des effectifs pléthoriques et des conseillers dont le président sollicitait peu les services. Selon les informations dont nous disposons, le prochain gouvernement sera composé de 25 ministres et plusieurs départements seront soit supprimés, soit fusionnés à d’autres.
Parmi les ministères qui pourraient être supprimés, on note notamment le Ministère de la citoyenneté et de l’unité nationale, le ministère des hydrocarbures, le ministère en charge des investissements et des partenariats publics privés, le Ministère de l’autonomisation des femmes, le ministère du travail ainsi que le ministère en charge des relations avec les institutions.
Certains de ces départements vont complètement disparaître, alors que d’autres se verront tout simplement rattachés à d’autres, ce qui donnera naissance à de nouvelles appellations. Le ministère de l’élevage par exemple sera rattaché à celui de l’agriculture pour donne naissance au Ministère de l’agriculture et de l’élevage. Il y aura également le ministère de l’énergie et des hydrocarbures, le Ministère du tourisme et de la culture, le Ministère de la jeunesse et des sports, le ministère des affaires étrangères absorbe aussi celui de la coopération internationale pour former désormais le ministère des affaires étrangères et de la coopération, alors que le ministère des affaires sociales absorbe à son tour celui de l’autonomisation des femmes. Dans le même sciage, le ministère de l’industrie et des PME rejoindra celui du commerce et les deux formeront le ministère du commerce et de l’industrie.
Ce n’est pas tout. Le futur gouvernement pourrait marquer le retour d’un département dont les guinéens n’ont pas entendu parler depuis plus d’une décennie : celui de l’intérieur. Le gouvernement de la quatrième République comptera en effet le Ministère de l’intérieur, une fusion entre le Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation et celui de la sécurité et de la protection civile. Il est prévu également un seul département pour l’éducation, dont la tâche sera de gérer l’ensemble de la chaîne d’éducation du pays, il s’agit du Ministère de l’éducation nationale (MEN). Il englobe à la fois l’éducation pré-universitaire, l’enseignement technique et professionnel, ainsi que l’enseignement supérieur et la recherche.
D’autres départements restent intacts pour ce début de mandat. Il s’agit du ministère des transports, le ministère des travaux publics, le ministère du Plan, le ministère de la défense nationale, le ministère de la justice garde des sceaux, le ministère de la fonction publique, ministère de la pêche, ministère de l’habitat, ministère de l’économie et des finances, ministère de la communication et de l’information, ministère de la santé.
De nouveaux secrétariats généraux seront créés également. Il s’agit notamment du secrétariat général aux partenariats publics privés qui sera désormais rattaché au ministère des affaires étrangères ainsi que le secrétariat général auprès des institutions. Ils s’ajoutent au secrétariat général du gouvernement et celui des affaires religieuses.
De sources bien informées, cette réduction de l’effectif du gouvernement vise à rationaliser son architecture et atteindre une plus grande efficacité dans la conduite de l’action publique.
In aConakrylive.com