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Nouveau gouvernement en Guinée : quand un ancien bus prend une nouvelle roue !

Rien de nouveau sous le soleil, disent les progressistes ou les rêveurs. On ne change pas une équipe qui gagne, disent les partisans et les inconditionnels de la continuité.

Entre ces deux groupes, la question qui se pose et la plus essentielle est celle-ci : que gagnent les populations guinéennes ?

Enfin, l’attente a été longue et l’attentisme est devenu la nature de Alpha CONDÉ. Cet homme n’est jamais pressé. Le temps lui appartient. Il en est le maître. Presque deux semaines après la nomination du Premier Ministre, Alpha CONDÉ continue à dévoiler au compte goûte les membres de son gouvernement.

Il n’y a pas de grands changements. L’essentiel des ministres ont conservé leurs postes. Les ministères dits de souveraineté reviennent aux fidèles du Président : la Défense, la sécurité,  les Affaires Étrangères, l’Industrie, la fonction publique, le transport  et l’habitat.

A l’exception de quelques nouvelles têtes, le Président CONDÉ a reconduit ses fidèles lieutenants dans tous ces ministères pour s’assurer que rien ne va lui échapper.

En clair, Pr. Alpha CONDÉ étant à son premier mandat de la quatrième République, le Parti, sous le leadership de Dr. DIANE et des caciques, reprend le contrôle de l’exécutif, et certainement dans le but de préparer le successeur du FAMA. Rien n’est fait au hasard. Les ministères sont de véritables tremplins pour la conquête du pouvoir. Et le Président veut préparer une relève politique. S’il peut travailler avec des Partis politiques comme GRUP ; NFD ; UFC et autres, il ne veut aucunement que le pouvoir tombe dans un autre Parti en 2026. Il prépare certainement la relève qui viendrait du RPG, la composition du gouvernement et la restructuration annoncée du Parti présidentiel sont des signaux évocateurs.

Ce qui est aussi remarquable, c’est l’arrivée de DrIbrahima Kalil KABA “LILOU” pour les intimes dans le gouvernement. Cet homme dont le parcours académique et le caractère social font presque l’unanimité au sein de l’opinion, quitte donc le prestigieux poste de Directeur de Cabinet du Président de la République pour le Ministère des Affaires Étrangères et des Guinéens de l’étranger.

Si pour certains observateurs, la nomination de LILOU est une promotion, pour d’autres, elle est plutôt l’aboutissement d’un long combat qui visait à lui mettre hors du circuit restreint de la Présidence car il serait un fardeau encombrant et difficile à porter par ceux qui se qualifient eux même d’être les Caciques du Parti jaune et de facto, doivent maîtriser tout ce qui se passe aux alentours du Boss, même le mouvement du vent.

LILOU prend donc un ministère à problèmes qui cristallise les passions, et je pense qu’il mesure tous les enjeux et les défis à relever. Il s’agit pour lui de relever de grands défis ou de tomber dans les méandres des divisions et des luttes de classes.

Même si, compte tenu de son parcours académique et professionnel, je lui aurais préféré le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

L’audacieux Mouctar DIALLO prend place sur les bancs de touche.

Après avoir exprimé ses mécontentements suite à sa reconduction au Ministère de la Jeunesse selon les médias, il se retrouve aujourd’hui hors l’équipe gouvernementale.

Y a-t-il eu un Deal politique entre les deux hommes dont Mouctar exigerait le respect ?

Personne ne pourrait répondre à leur place. Ce qu’il faut toutefois comprendre est qu’il n’y a pas de pitié en politique. Ce n’est pas le domaine des sentiments, de la morale et de la droiture. La politique est vulgaire et cynique.

Mais il faut tout mettre en œuvre pour ne pas que Mouctar DIALLO regrette son choix et qu’il retourne sa veste, ça sera politiquement et stratégiquement une erreur monumentale.

En plus de ses compétences, il n’y a aucun doute sur le travail politique qu’il pourrait continuer à abattre pour pacifier davantage la moyenne Guinée, l’axe, pour ne citer que ceux-ci.

Le charismatique Moustapha NAITE aussi quitte le navire, accusé à tort ou à raison de n’avoir pas suffisamment mouillé le maillot pour le passage en force de la nouvelle Constitution et la victoire du 18 octobre dernier.

Enfin, ce nouveau mandat est un mandat qui vient tuer presque l’Opposition politique. La présence de plusieurs candidats malheureux à la prestation de serment du PRAC est une illustration.

C’est le plus grand danger qui nous guette maintenant. L’accord des grandes intelligences, c’est l’accord de la déraison pour la défense des intérêts individuels, égoïstes et mesquins.

Que gagnent les populations qui applaudissent chaque jour ceux qui les gouvernent ? Le mal comme le bien deviennent la norme, la règle, la logique puisqu’il n’y a personne pour dénoncer le mal.

Tous les contre pouvoirs sont étouffés (Syndicats et Organisations se la Société civile) par un plan machiavélique intelligemment monté depuis quelques années.

La Guinée se retrouve donc dans un contexte qui augure moins d’espoir. Les passions, les amitiés et les émotions prennent ainsi le dessus sur l’intérêt national et l’avenir de la Nation. Espérons que la nature ayant horreur du vide, elle se chargera de réguler tout cela et il se pourrait que dans les mois et années à venir de grandes fractures politiques se font voir dans ce grand corps politique qui semble, pour le moment, avoir les ovations de la majorité des hommes bien.

Personnellement, je préfère la prudence. La roue est nouvelle, mais la locomotive est assez vieille et le conducteur bien qu’expérimenté manque de souffle, de vivacité et de dynamisme.

Il m’est difficile de croire que ce tacot ainsi bricolé résistera aux intempéries, aux secousses et aux nombreuses tribulations de la part des hommes.

Le consensus sans grand bruit est généralement le début latent de la révolte.

Se taire, ce n’est pas être d’accord avec les autres.

Dorah Aboubacar KOITA

Juristeconsultant sur les questions de Gouvernance et Activiste de la société civile Guinéenne.