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Présidentielle: le Conseil supérieur de la diaspora forestière appelle à voter contre le troisième mandat

Dans le cadre de la préservation de la démocratie en Guinée, le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) demeure fidèle à la position exprimée dans sa déclaration du 11 mai 2019 ; dans laquelle il formulait et soutenait l’alternance politique dans notre pays, conformément aux principes de la démocratie et de la constitution de 2010.

Partant, le CSDF appelle l’électorat de la Guinée, en générale, et de la Guinée Forestière, en particulier, à voter massivement contre le troisième mandat lors de la prochaine élection présidentielle ; ce serait rendre justice aux Guinéens qui sont victimes des errements d’un régime moribond aux abois.

En effet, depuis 2010, le régime exprime son mépris injustifié pour les habitants de la Guinée Forestière, dédain a été exprimé par différents actes :  voie de crimes politiques commis ; arrestations arbitraires ; et   discriminations  éhontées dans le cadre des efforts de développements socioéconomiques… en outre, on est porté à croire que c’est par des manigances que le Capitaine Moussa Dadis Camara est toujours en exil au Burkina Faso, ce qui porte préjudice à la justice qu’attendent les centaines de personnes tuées ou blessées lors de la tragédie du 28 septembre 2009. Par ailleurs, il faut signaler et souligner que si le régime se livre à de telles  exactions, c’est parce qu’il bénéficie de la complicité de originaires de la Guinée Forestière.

Enfin, il convient de signaler que l’objectif premier du CSDF est de défendre les droits fondamentaux des ressortissants de la région du Sud-Est Guinéen, en particulier. Plus que toute autre, la région Forestière se doit de sanctionner le régime RPG dans les urnes pour les nombreuses exactions dont elle est victime depuis 2010. Sans être exhaustif, le CSDF tient à rappeler les faits suivants :

  1. Crimes Politiques

N’Zérékoré : Le 22 au 24 mars 2020, un violent conflit  a opposé les supporteurs du double scrutin à ceux qui s’y opposaient. L’armée, appuyée par les donzos, est intervenue contre ces derniers ; avec un bilan d’un minimum de soixantaine de morts et des centaines de blessés. Un nombre indéterminé de corps ont été inhumés en catimini dans une fosse commune, sise dans la Foret du 1er mai.

Lola : Le 17 février 2020, des élèves manifestent contre le manque d’enseignants, suite à la grève du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG). Le régime envoie l’armée contre les manifestants ; Bilan : 2 adolescents tués et plusieurs enfants blessés.

Diécké: Le 23 mars 2014, des jeunes de cette localité  protestent contre la non-publication des résultats d’un concours de recrutement organisé par la Soguipah, depuis quatre mois. Le régime ordonne à l’armée de réprimer la protestation ; Bilan : 5 morts, de nombreux blésés  et plusieurs exilés au Libéria, voisin.

Zowota : En aout 2012 la Société minière VALE crée des tensions dans cette localité en n’honore pas ses engagements quant à l’indemnisation des propriétaires des domaines expropriés ; en outre, les villageois sont victimes de discrimination dans le recrutement de personnel en faveur de personnes venant de Conakry et munis de recommandations. Les villageois expriment vainement leurs exaspérations aux autorités locales ; le 3 aout 2012, ils organisent une marche de protestation que les services de sécurité de VALE repoussent manu militari. Dans la nuit du 4 aout 2012, sur ordre des autorités compétentes du régime, des militaires attaquent  Zowota à une heure du matin ; bilan :six villageois tués et plusieurs blessés.

Saôrô : En juillet 2011, les villageois demandeurs d’emplois sont  discriminés dans les recrutements pratiqués par la Société VALE ; Ils formulent vainement des plaintes auprès des autorités locales pour corriger cette injustice, ils organisent une marche que contrecarrent les services de sécurité de VALE. Au cours de l’échauffourée, quelques instruments de bureautique sont détruits. Le régime dépêche des militaires pour une expédition punitive dans la localité ; Bilan : cinq morts et plusieurs blessés.

  1. Détention arbitraire

Suite aux évènements tragiques de mars 2020 survenus dans la Ville de N’Zérékoré, susmentionné, le régime a procédé l’arrestation et au transfert extrajudiciaire à Kankan d’une quarantaine de leader d’opinion ressortissants de la Guinée Forestière. Ces citoyens, pour la plupart des pères de familles, croupissent à la Maison Centrale, depuis plus de cinq mois sans instruction de leur dossier, ni jugement. Le CSDF, par le biais de son Comité de Crises, a engagé des avocats afin que les détenus soient traités selon les normes juridiques applicables aux dossiers civils. En outre, les épouses des détenus ont aussi interpelé le régime, par le canal du Sage de N’Zérékoré. Tous ces efforts ont été vains, sans aucune justification de la part du régime qui, par cette injustice visible, nargue les Forestiers.

En revanche, des ressortissants de Kankan ou de Siguiri (donc non-Forestiers) qui avaient été arrêtés pour des motifs similaires ont été promptement élargis, à peine 24 heures après leurs arrestations. Bref, ces leaders d’opinions ne semblent pas d’être libérés apparemment sans avant la tenue du scrutin présidentiel.

  1. Discrimination quant à l’allocation de Fonds de Développement

Le mépris doublé du dédain du régime vis-à-vis de la Guinée Forestière se confirme dans la discrimination relevée contre cette région, en matière d’efforts de développement économique. Par exemple, les fonds de développement qui ont été alloués aux quatre régions, à l’occasion de la fête tournante d’indépendance, se répartissent comme suit :

Année Région  Préfectures Budget (En milliards de FG) %
2012 Boké 5 110 7,28
2013 N’Zérékoré 6 61 4,03
2014 Mamou 3 240 15,88
2015 Kankan 5 1.100 72.81
Total budget 1.511 100,00

La région de N’Zérékoré, qui a plus de préfectures que les autres régions, n’a reçu que 4,03% du fonds total alloué au projet de développement de régions ; elle occupe ainsi le dernier rang, faisant figure de parent pauvre, comme toujours. Cette disparité atteste clairement que le régime est foncièrement injuste vis-à-vis de la Région Forestière.

A la lumière de tout ce qui précède, il n’est pas exagéré de conclure que la région Forestière n’est perçue, par les tenants du pouvoir RPG, comme une colonie d’exploitation de produits agricoles et miniers ; et ses habitants comme un simple bétail électoral.

Le CSDF tient à saisir cette occasion pour dénoncer et fustiger les comportements des fils égarés de de la Guinée Forestière qui monnaient les intérêts et la dignité de leur compatriotes pour assouvir leurs misérables besoins primaires. Pour préserver leur survie, il serait souhaitable qu’ils abdiquent publiquement et immédiatement leurs supports à un régime qui s’éteint. Ils doivent faire cet acte de repentance le plus tôt possible car avant qu’il ne soit trop tard.

  1. Bannissement de Facto de Dadis Camara

Loin du CSDF la prétention de vouloir se substituer aux instances judiciaires quant à l’appréciation des tragiques événements du 28 septembre, 2009 ; néanmoins, force est de constater que voilà dix ans que le Capitaine. Dadis Camara, citoyen guinéen, est contraint à l’exil au Burkina Faso. Apparemment, son désir serait de regagner son pays natal le plus tôt possible et de se mettre à la disposition de la justice Guinéenne, n’eussent été des contraintes obscures qui lui seraient imposées par des forces occultes.

En conclusion, le CSDF est d’avis qu’il ne saurait y avoir de démocratie véritable sans justice et sans respect de la loi fondamentale, à savoir la constitution. Toute aventure politique qui viole la constitution engendre de facto un régime de dictature ; et cette dynamique va en contresens de la démocratie qui est à l’heure de l’horloge politique contemporaine. Comme l’a dit Nelson Mandela, « Les dictateurs décomposent et détruisent la république ; tandis que les démocrates œuvrent pour sa construction ». C’est pourquoi, le CSDF demande à tous les compatriotes  épris de justice et de paix de sanctionner le régime RPG lors de l’élection présidentielle en votant pour l’alternance. Ce serait la seule voie qui assurerait l’avènement d’un régime nouveau, avec un contrat social nouveau, afin de bâtir une Guinée nouvelle.

Dr. Antoine Akoi Sovogui
Président du CSDF