Je m’étais refusé de commenter l’actualité, mais je ne résiste pas à la tentation de suggérer quelques idées. Je ne crois pas qu’elles sont les bonnes, mais elles doivent amener à repenser certains aspects de la gestion de la pandémie. Je ne commenterai pas les approches. La crise est multidimensionnelle et doit pousser à une réflexion holistique et plus approfondie. Il faudra se mettre à ce travail rebutant et exhalant. Après cette pandémie, un nouveau monde naîtra. Nous vivons la mort des idéologies et la fin des dogmes.
Ces suggestions sont :
1- Recomposer la cellule de communication de l’ANSS.
Cela se fera à travers l’identification, la sélection et l’intégration de certains professionnels de la communication de crise pour produire les informations et statistiques fiables ( cas de contaminations , cas de morts , taux de guérison, moyens utilisés, les mesures préventives suggérées et leurs importances) et aussi pallier les contradictions qui subsistent entre les communiqués de l’ANSS et celle du Ministère de l’information . Pour illustration, le communiqué de l’ANSS fait état de trois cas de décès au Covid-19 et celui du ministère de l’information, de cinq.
Il faut aussi éviter que la presse des égouts et des commérages soit la première à communiquer sur les cas de morts. Cela engendre une crise de confiance et aussi une confusion chez les concitoyens.
2- Veiller à ce que l’ANSS change son approche de prise en charge des malades.
Certains malades disent (aux médias et lors des émissions interactives) avoir des difficultés à accéder aux repas qui leur sont dus. Cette communication n’est pas sans conséquence, certains suspects ne se présenteront pas pour être pris en charge, étant donné qu’ils prendront Donka pour une prison. Le malade ne doit pas répugner le lieu de son traitement.
3- Réquisitionner un complexe hospitalier militaire ou un complexe hôtelier.
Afin d’y confiner les suspects, les parents de contaminés .Oui, tous les ”contacts”. Ils n’y sortiront que quand ils seront rétablis.
4- Mettre fin à l’auto-confinement des malades et contacts .
En ce sens que l’état d’un malade pourrait s’aggraver en l’absence des médecins et aussi qu’il est impossible d’affecter un malade à chaque malade. Il ne faudrait pas qu’il ait dans l’esprit des citoyens l’idée qu’il a des privilégiés qui restent chez eux et des gens ordinaires qui doivent aller dormir à Donka et y crever de faim. Par ailleurs, il est difficile de prouver qu’un malade alité chez lui ne sera pas en contact avec d’autres gens.
5- Sanctionner les médias qui donneraient des informations portant atteinte à l’honneur des malades et des personnes décédées suites au Covid-19, aussi des informations à même de semer la confusion.
Il faut combattre la désinformation et ceux qui s’y livrent.
6- Intégrer dans l’approche en vue la situation des personnes vulnérables.
Ce sont les vieilles personnes (nous avons la chance d’avoir une population majoritairement jeune, mais il ne faudra pas oublier de protéger les seniors), les personnes souffrant de certaines maladies (diabète, cancer, tension artérielle, etc.). On pourrait bien croire que ces personnes vulnérables n’ont pas une grande immunité face à la maladie. Elles ont peu de chance de triompher du mal. Or, il faut éviter que l’irréparable se produise.
7- Désengorger les prisons.
La surpopulation carcérale est un terreau à la propagation de la pandémie. Il faudra que l’on tienne en compte ce facteur.
Ibrahima SANOH,
Ecrivain, chargé des cours de Stratégie et de Finance à l’ISCAE-G .