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Tchad : le règne dynastique du clan Deby au détriment de la démocratie

L’assassinat du Président Idriss Deby Itno a été immédiatement suivi de la prise du pouvoir par une junte militaire qui s’est autodésigné gestionnaire d’une transition dont les contours réels restent très opaques.

Le prétexte avancé et rendu acceptable est qu’elle serait la seule capable de lutter contre le terrorisme et garantir la sécurité dans l’espace saharo-sahélien.

Mythe ou réalité, une analyse de l’ensemble de la situation permet de comprendre aisément que cet argument sert surtout à justifier la confiscation du pouvoir par le clan Deby et la poursuite de leur règne dynastique au détriment de la démocratie, seule garantie pour bâtir l’avenir d’un peuple. C’est pourquoi, il serait enfin opportun de proposer aux Tchadiens mieux que la dictature et la guerre qui ont caractérisé le pays depuis son indépendance.

Loin de moi l’idée de remettre en cause le mérite de l’armée Tchadienne, mais je me pose la question à savoir en quoi sa soumission à l’autorité d’un pouvoir civil issu d’une élection libre, transparente et inclusive, réduira-t-elle son efficacité ? En attendant, retenons qu’elle n’a pas pu protéger son “invincible” maréchal ni empêcher l’avancée des troupes rebelles vers la capitale.

Par ailleurs, le plus grand théâtre de combat contre le terrorisme étant le Mali où l’armée Tchadienne se distingue par sa forte présence, est-ce que la junte militaire qui a déposé l’ancien président IBK a évoqué les mêmes arguments pour refuser une transition consensuelle ? L’ancien putschiste Amadou Haya Sanogo n’avait-il pas justifié le coup d’État militaire contre le président ATT par le fait que celui-ci serait incapable de combattre le terrorisme au Nord du Mali ? Qu’avait-il pu faire de mieux ? Toujours est-il que jusqu’à présent la situation politico-sécuritaire du Mali demeure critique.

Les faits ont révélé que la plupart des pays Africains qui présentent moins de risques politiques et sécuritaires sont ceux qui consolident progressivement leur système démocratique malgré les péripéties. La Mauritanie, le Ghana, le Sénégal, la Tanzanie, le Cap-Vert, le Maroc en sont des exemples. Alors refusons de croire que la résolution des crises sécuritaires même celles exceptionnelles, soit l’apanage des dictateurs.

Pour toutes ces raisons, le peuple Tchadien doit saisir cette opportunité pour enfin s’inscrire dans une dynamique de construction d’institutions démocratiques fortes et durables qui seront au-dessus de ses vaillants officiers militaires. Agir dans ce sens sera la meilleure manière pour l’Afrique et la communauté internationale de remercier les Tchadiens pour tous leurs sacrifices en faveur de la paix sur le continent.

Quant à l’Union Africaine et les Organisations sous-régionales, elles continuent de perdre leur crédibilité par leurs attitudes à géométrie variable avec une forte dose d’hypocrisie et d’irresponsabilité.

Aliou BAH 
MoDeL

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