Tribune- Merci. C’est d’abord et pour ma famille un très grand honneur d’être cité parmi les députés de la République à cet âge. À 29 ans certes, je ne suis pas très jeune pour ce poste au regard des nombreux jeunes députés à travers le monde. Mais pour notre pays la Guinée où confier des responsabilités importantes à la jeunesse a rarement été un objectif, ça vaut le coût d’être heureux car c’est vraiment un honneur.
C’est pourquoi, je voudrais profiter de votre espace pour exprimer toute ma gratitude à l’endroit du Président de la République le Professeur Alpha Condé qui a bien voulu traduire ses mots en actes concrets en exigeant que les jeunes et les femmes soient bien représentés dans les instances de prise de décision. Bon, évidemment, comment exprimer ma reconnaissance vis à vis du Président Alpha Condé sans encenser de ma gratitude le ministre d’État Elhadj Papa Koly Kourouma qui depuis 2015 a cru en moi quand je n’avais encore que 24 ans en me confiant la direction de communication du Parti GRUP, et en me laissant l’entière responsabilité de sa communication lors des élections présidentielles de 2015 alors que je n’avais même pas encore 4 mois en Politique. Mais en bon manager, Papa Koly Kourouma a toujours su distinguer ses hommes et a toujours mis chacun à la place qu’il faut.
C’est encore lui après concertation avec le bureau politique du Parti GRUP, qui m’a proposé pour être candidat sur la liste nationale du RPG arc-en-ciel, conséquence de l’alliance entre nos deux Partis. Je voudrais ici et maintenant lui dire toute ma reconnaissance. Que le Président de la République et lui-même soient rassurés de ce qu’avec mon engagement habituel je me battrai pour porter haut le flambeau de la jeunesse guinéenne à l’assemblée nationale.
Merci aux militants de nos deux formations politiques qui ont tout fait pour notre victoire. Leur courage et surtout leur patience, le tout emballé dans une mobilisation sans faille nous ont permis d’être au parlement. C’est pourquoi, je crois qu’on a l’obligation d’honorer la confiance qu’ils ont placée en nous, en nous accordant leur suffrage. Cela doit se manifester dans nos attitudes envers eux et l’ensemble du peuple de Guinée. Je leur promets d’être à leur écoute et de rester le même en étant toujours proche d’eux.
Le Président de République a insisté sur le fait que nous devons rester proches du peuple qui nous a élus. Nous ne sommes pas différents d’eux. Nous ne sommes pas leurs chefs. Ce sont eux les chefs et nous leurs serviteurs. Je tâcherai de garder cela à l’esprit partout et à tout moment.
Vous me demandez ce que sera mon combat au parlement, et bien c’est simple. Il sera en harmonie avec la fonction de député. D’abord représenter le peuple. Cela implique que je devrais veiller à ce que les lois à voter soient proches de leurs réalités et donc conformes dans la mesure du possible à leur philosophie du monde. Car dit-on, « c’est dans les entrailles du peuple que doit naître la Loi (le Droit) ». C’est pourquoi celle-ci doit être proche de ses réalités. C’est en cela que consiste la fonction de représentation. Donc, représenter le peuple, voter les lois et contrôler l’action du gouvernement constitueront de manière traditionnelle et générale, mon combat et ce, conformément à l’esprit des articles 67 et 80 de la constitution du 22 Mars 2020.
En outre, je me battrai pour qu’il ait plus de lois en faveur de l’équité pour l’équilibre de la société, mais aussi pour des lois en faveur de la promotion juvéniles. Je pense à comment faire pour promouvoir les talents guinéens, les jeunes artisans, scientifiques, artistes etc…pour le rayonnement de la culture et du savoir guinéens.
L’une des choses qui me préoccupent le plus, est la disparition des valeurs africaines d’expression guinéenne. Nous constatons avec beaucoup d’amertume que nous ne sommes plus nous-mêmes. Nos traditions, nos cultures sont bafouées. Je militerai donc pour des lois en faveur de la promotion de la culture africaine. Pour que nos valeurs traditionnelles puissent ressusciter. Je ne vous cache rien, je suis un conservateur.
Je pense aussi qu’on devrait faire en sorte que les coordinations régionales puissent s’effacer au profit de la vraie notabilité. Réorganiser la notabilité, donner les moyens aux notables (sages des villes) qui sont connus puisque c’est une question de lignée dans chaque contrée. Je pense qu’on doit les doter des moyens en vue de les soustraire de l’influence des politiques. Qu’elles (les notabilités) restent apolitiques afin de se concentrer sur leur rôle traditionnel qu’est l’éducation de la société, de continuer à être des promoteurs et gardiens par excellence de la moralité.
Nos administrations sont à l’image de notre société. Et notre société est victime de l’abandon de nos valeurs ancestrales. Nous devons pouvoir épouser la modernité sans nous vider, complémentaire à notre identité. À mon avis, les coordinations régionales dans les villes et à Conakry ont tendance à surplomber les vrais notables et c’est très dangereux car nous constatons qu’elles sont plus politiques que les politiciens eux-mêmes et dans la plupart des cas elles influencent négativement les notables à la base et compromettent le vivre ensemble. Il faut donc à mon avis se pencher sur cette problématique. Au tour de nous dans la sous-région, il n’y a pas de coordinations régionales. Il n’y a que des notables et on voit que ça fonctionne très bien. On doit s’en inspirer pour ne pas dire qu’on doit revenir au modèle d’organisation traditionnelle de notre société comme c’était avant la révolution sous le Président Ahmed Sékou Touré. Encourager également la médecine traditionnelle fait partie de mes préoccupations conformément à ma nature de conservateur.
Des conseils, je demanderai aux Guinéens de se donner les mains. Nous n’avons que la Guinée. Nous avons donc l’obligation de nous entendre pour notre propre bien-être. C’est pourquoi face à nos incompréhensions, nous devons agir et savoir raison gardée. Je puis vous rassurer que cela est une préoccupation du Président de la République qui tient à ce que nous qui sommes au-devant soyons des rassembleurs. D’éviter des déclarations divisionnistes. De rassurer les guinéens à travers nos discours et actes. C’est ce même conseil reçu de lui que je voudrais dupliquer pour que nous construisions ensemble dans le dialogue et l’acceptation notre cher pays la Guinée.
Sur le choix de l’honorable Amadou Damaro Camara comme Président de l’Assemblée nationale, ma position est sans équivoque. Je crois que selon le contexte politique du pays et celui social de la Guinée forestière à qui le Président de la République a promis le perchoir, ce choix est stratégiquement le meilleur qu’on puisse faire pour une assemblée plus dynamique et pour accompagner et soutenir les efforts de réconciliation et de quiétude sociale en Guinée forestière. Sur le cas spécifique de la Guinée forestière, je l’ai souligné ailleurs que : l’une des causes fondamentales du conflit intercommunautaire de N’Zérékoré réside dans le fait que la majorité des communautés de la forêt a longtemps cultivé l’idée selon laquelle le KONIA ne fait pas partie d’elles parce que n’ayant pas les mêmes cultures et traditions. Les autres communautés majoritairement animistes et chrétiens s’estiment différentes des Koniankés qui eux sont majoritairement musulmans et inversement.
En donnant le perchoir que le Prof Alpha Condé dans son esprit de partage du pouvoir a réservé à la forêt, à Amadou Damaro Camara et donc au KONIA, nous avons posé un acte fort de réconciliation entre le KONIA et les autres communautés. Car nous venons d’affirmer haut et fort que le KONIA fait partie entièrement de la forêt.
C’est une responsabilité dont je suis fier d’endosser et je crois que c’est le cas pour tous les autres députés et cadres de la forêt qui œuvrent pour une véritable paix en Guinée forestière. Notre diversité est une richesse que nous pouvons exploiter.
J’ai entendu par ailleurs que Amadou Damaro Camara n’est pas de la Forêt, ceux qui le disent c’est de toute évidence au mépris des réalités sociologiques avec pour seul repère le découpage administratif du pays parce que Amadou Damaro Camara est de KEROUANÉ par le lien de sang (le jus sanguinis) et KEROUANÉ relève de Kankan. Cependant, Amadou Damaro Camara est Konianké et tout le grand KONIA fait partie de la Forêt du point de vue historique et sociologique. KEROUANÉ (selon certains historiens dérive des vocables « Kélé wané » qui littéralement signifie en Lomagui « En bas du raphia ou le champ de raphia » c’est autant palpable que la végétation de la préfecture de KEROUANÉ comporte plus de raphias sauvages que n’importe quel lieu de la Guinée forestière) aurait été fondé par les Tomas après qu’ils aient quitté Missadou (où pratiquement la plupart des peuplements de la forêt profonde ont transité avant de s’installer dans les zones qu’ils occupent de nos jours). C’est connu de tous. Amadou Damaro Camara à pratiquement les mêmes réalités que l’ancien Président de l’Assemblée nationale Monsieur Claude Kory Kondiano, qui sociologiquement en tant que Kissi est de la forêt mais administrativement relève de Faranah et donc de la haute Guinée car Kissidougou fait partie de la région administrative de Faranah.
Soyons des artisans de la Paix en Forêt et en Guinée. Je suis convaincu de ce que Son Excellence Amadou Damaro Camara mesure la responsabilité qui est désormais la sienne. Honorer la forêt à travers ses actes et rassurer tous ses ressortissants à travers son engagement à les unifier pour une paix durable.
J’appelle donc tout le monde à plus de responsabilités. Nous avons une nation merveilleuse nation qu’il suffit juste de peu de bon sens pour goûter au bonheur. À la Guinée forestière particulièrement, nous devons avoir à l’esprit que seules les actions d’unification et de véritable réconciliation fondées sur la confiance, l’acceptation de chacun avec nos différences, peuvent nous garantir la Paix et la stabilité face aux conflits intercommunautaires qui mettent chaque fois en péril des vies et biens arrachés sauvagement à notre affection.
Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens.
Honorable Tokpa Jean
Député à l’Assemblée Nationale
Directeur de communication du Parti GRUP