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Tribune-Consultations nationales : attention, le piège se trouve dans l’emballage !

Le discours du Président de la République et celui de son Premier ministre comportent des  subtilités qui peuvent conduire au résultat qu’ils ont toujours souhaité obtenir dans leur dessein de changer notre constitution : créer deux camps opposés pour prouver la nécessité d’aller à un référendum.

En effet, le premier parle ouvertement de consultations sur tous les sujets y compris la constitution, tandis que le second occulte volontairement la thématique sensible en mettant le focus sur les élections législatives.

A quoi cela peut nous conduire ?

Le réflexe de tout animal politique est de se dire : peu importe les moyens, l’objectif est d’arriver à ses fins. En ce qui concerne le cas en présence, la stratégie semble avoir été revue. Etant donné que la crise est plus politique que sociale, Alpha Condé veut obtenir des images et  symboles pour s’en servir et lancer la machine du putsch constitutionnel. Et il veut faire passer cela sous l’emballage d’une consultation des acteurs politiques autour du processus électoral.

Que visent-ils à travers cette autre manipulation ?

L’objectif premier de la démarche est de créer une division au sein du FNDC. Et pour cela, le président Condé semble être convaincu que les partis politiques n’auront pas d’autres choix que de rencontrer son Premier ministre étant donné qu’ils en sont les acteurs concernés par les élections qui représentent une de leurs vocations classiques.

Sachant bien qu’en politique la perception est  souvent plus importante que la réalité, son camp en profitera pour faire une interprétation vicieuse de ces rencontres. Et cela va impacter négativement le climat de cohésion au sein du FNDC et semer ainsi le doute dans ses rangs, car toutes les entités de la plateforme ne sont pas directement concernées par ce processus électoral.

Pire, ils tenteront d’isoler les opposants au changement constitutionnel en créant ou en mettant en avant des partis politiques fantômes, des organisations de la société civile fictives ou déjà acquises à  leur cause, quand bien même ces structures n’auraient aucune représentativité encore moins une assise au sein des populations. Ces faits-valoir conditionnés à couts de milliards ou de promesses de postes serviront de caution pour engager le referendum constitutionnel.

Comment éviter le piège ?

Les états-majors et les leaders des partis politiques doivent refuser toute rencontre de consultation avec le premier ministre; même sur les questions électorales. A partir du moment où le président Alpha Condé affirme dans son discours que la Guinée se porte bien, il faut le prendre aux mots et en déduire qu’il n’y a ni urgence, ni nécessité de se concerter en dehors du cadre institutionnel existant.

C’est pourquoi, la demande du premier ministre doit être redirigée vers l’Assemblée Nationale,  la CENI et le comité de suivi des accords politiques pour tout besoin de  dialogue sur les questions électorales. Ces institutions et instances sont les cadres appropriés pour discuter de ces questions dont le débat est autorisé par nos lois et les principes démocratiques.

Pour ce qui est de l’agenda caché du projet de putsch constitutionnel, le FNDC, créé a cet effet, y apportera toujours les réponses idoines avec sérénité, fermeté et responsabilité.

Aliou BAH

Président de l’Organe Provisoire de Direction du MoDeL

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