La sortie du Président de la République analysée montre combien l’objectif, quoique renié, est antidémocratique. Tout tourne autour de jeux, de calculs, de manigances pour duper le peuple.
Prenons textuellement ses paroles : « Dans cette nouvelle constitution, il ne s’agit pas de troisième mandat mais de l’adopter à l’ère du temps donc à la modernité ». Jusque-là nous pouvons dire que le Président a peut-être raison – les pincettes sont nécessaires – alors qu’il déclare qu’il ne sera pas candidat en 2020 !
Toutefois, dans la logique de son tripatouillage, sans même s’en rendre compte, le Président Condé ajoute « mais l’opposition ayant peur d’une défaite aux élections crie au troisième mandat ». Précisons que nous ne sommes pas des demeurés, s’il n’a pas la volonté cachée d’un surplus de mandat illégal pourquoi parle-t-il d’élection ? Ainsi parlé, l’opposition guinéenne, une certaine je dois préciser, a raison de crier haut et fort.
En effet, tous les arguments de modernité et soi-disant évolutionnistes ne sont pas mal en soi mais, dans ce registre, ils le sont, ils servent de maquillage et d’imposition à un troisième mandat.
Dans la tête du Président Condé, la modernité y est peu représentée, la volonté de sauver la Guinée n’y pèse que le poids d’une plume tandis que le troisième mandat, diantre ce mandat illégal encore une fois de plus, est le nœud gordien inavoué – mais pas avec malice – qui lui triture la pensée.
L’autre versant du motif de la pérennisation au pouvoir du Président Condé n’est-il pas une question de sécurité. Autrement dit, ne craint-il pas d’être poursuivi pour mauvaise gestion des deniers publics d’où son accrochage au pouvoir ?
Et enfin prenant l’exemple sur la fréquence des changements de constitution, le Président Condé enfonce le clou en s’attaquant au chef de l’opposition guinéenne. Mais en réalité, il se trompe de cible. En effet notre problème est systémique. Si depuis des décennies, les hommes se sont alternés dans les plus hautes sphères de l’Etat sans évolution dans la manière de gouverner, c’est parce que nous n’avons pas un problème de personne mais de système. C’est ce système qui demeure et qui reconduit les mêmes tares.
Est-ce que c’est de ce système que les Guinéens veulent ? Sommes-nous conscients que les pires moments et crises de notre jeune nation, qu’ils soient ethniques ou politiques sont le fait de ce système ? Sommes-nous conscients que tant que les régimes, portés par des hommes, se succèdent sans changement de système, la démocratie bégaiera, car les faits vont se répéter ? En d’autres termes, le combat démocratique sous-tendu par l’alternance générationnelle doit avoir lieu, elle est la seule garante d’une réforme en profondeur, dont les porteurs soufflent la nouveauté et le sang neuf – la rupture – ce sera le nouveau départ. Ils doivent être le modèle qui devrait s’imposer en Guinée, comme cela se passe en Europe et quelques parts en Afrique. Pour cela, ce régime doit surseoir à sa volonté machiavélique, ainsi soufflera un vent nouveau porteur d’espoir, d’expertise et de modernité.
Par ailleurs, dans 10 jours, les délais officiels d’enrôlement sur la liste électorale seront épuisés sans que les populations guinéennes puissent aller valider leur nom sur la liste. Est-ce que c’est le plan destiné à nous exclure du vote ?
Nous ne terminerons pas cette tribune sans appeler le régime à libérer les prisonniers politiques dont le seul tort est de s’opposer au projet de référendum. Solennellement nous demandons leur libération !!!
Nous présentons aussi nos condoléances les plus attristées aux familles éplorées et souhaitons prompt rétablissement aux nombreuses personnes blessées.
Thierno Yaya Diallo, Président Guinée Modern