Dans le compte rendu traditionnel de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSS) de ce samedi, la question de la méfiance des testés positifs à la Covid-19 envers les structures sanitaires de prise en charge a été mise au goût du jour.
Cette contribution se veut une lucarne ouverte pour amorcer une réflexion collective afin de résoudre dans un délai court cette problématique. Pour notre part, répondre cette question nécessite qu’un coin de voile soit levé sur les raisons de cette attitude pour in fine proposer des pistes à explorer.
Avec le temps, la Codiv-19 s’est posée en Guinée comme un vrai instrument d’audit de la gouvernance du régime. Par elle, le système sanitaire a été découvert dans son tréfonds car nombreux étaient les guinéens qui croyaient que le pays avait capitalisé les dividendes de la période Ebola.
C’est d’ailleurs cette surprise, le décalage entre ce qui était servi aux guinéens et la réalité du terrain sanitaire qui a poussé les uns et les autres à exposer sur les réseaux sociaux les réalités de notre système sanitaire. Des réalités qui ont fait peur à plus d’un guinéen et ont montré à suffisance que les guinéens étaient réellement exposés à la pandémie.
De là a découlé la première méfiance entre les populations et le système sanitaire guinéen. Le laxisme et les pratiques communistes du gouvernement (dissimulation de la vraie information) ont renforcé cette perception devenue populaire et ayant formaté le logiciel mental collectif.
A côté de cela, une pratique s’est développée en dehors de toute communication, des malades étaient envoyés au camp Alpha Yaya pour traitement. Ces rumeurs ont persisté jusqu’à ce que les autorités confirment de l’existence d’un Centre de Traitement en ce lieu. Cette confiscation de l’information a renforcé l’idée selon laquelle des hauts cadres testés positifs bénéficieraient de traitements à domicile ou encore un endroit autre que le Centre. Ces pratiques ont renforcé la méfiance des populations envers les CTE.
Parallèlement à ceux-ci, l’autre raison qui pourrait expliquer cette méfiance des populations, c’est la prise de parole par ceux qui sont rétablis. Il est établi que seulement des hauts cadres et des leaders d’opinion prennent la parole pour affirmer être rétablis. Le citoyen lambda non ! Cette façon de faire a aussi donné force à une perception que seuls les hauts cadres et leaders d’opinion (journalistes) sont réellement pris en charge.
Ce sont là quelques éléments qui ont entretenu la méfiance des patients testés positifs des CTE. Aujourd’hui, cette perception doit être combattue mais comment y arriver ?
La qualité dégradante de nos infrastructures sanitaires est imputable à l’Etat. Il lui revient de s’assumer à ce niveau. Cependant, pour créer la confiance entre patients testés positifs et les Centres, il faut donner la vraie information aux populations et surtout aider à changer de perception en donnant la parole au citoyen lambda communément appelé les vrais gens rétablis pour qu’ils rassurent qu’on peut se rétablir de cette pandémie. Car si les communications des hauts cadres ou encore leaders d’opinion donnent le message que les patients de la pandémie ne doivent pas avoir honte et que la pandémie n’est pas une maladie honteuse celles des vrais gens briseraient la perception que seuls ces derniers s’en sortent. La jonction de ces deux communications pourrait donner force à faire changer de perception.
Somme toute, changer le logiciel mental collectif formaté méfiance envers les Centres de Traitement Épistémologique se gagnera par la communication et la sensibilisation. Toutefois, l’autre parent pauvre de ce dispositif sanitaire de prise en charge est le service de la psychologie. Des psychologues ont ici un grand rôle à jouer.
Fodé BALDE
Homme politique guinéen
La Guinée d’abord