Monsieur le Président, Honorables collègues,
D’entrée de jeu, je dois souligner pour m’en féliciter, la quasi-unanimité qui s’est dégagée hier (lundi) en Inter-commission parmi les députés, toute tendance confondue, pour poser la question suivante au gouvernement : Quels ont été les critères appliqués pour la création de ces sous-préfectures ? Quels sont les critères d’éligibilité pour un district qui veut devenir une Sous-préfecture ? Le moins qu’on puisse dire est que la réponse claire à cette question est toujours attendue. Des faits montrent qu’en ce domaine, le gouvernement a manqué totalement de transparence. On nous a même révélé qu’il y a eu des décrets gardés un an sous le manteau. Pourquoi avoir créé 1 seule sous-préfecture en Guinée du Sud-Est alors que le reste du territoire en a eu 14 et que cette région en avait 15 en attente ?
A cette lancinante question, nous en ajoutons une autre : Dans le contexte actuel, quelle sera la contribution réelle de ces nouvelles Sous-préfectures au bien être des habitants ? En dehors du prestige et des règlements de comptes, absolument rien !
Nous qui sommes sur le terrain, savons parfaitement que ces créations de nouvelles unités administratives répondent soit à des revendications communautaires, comme au Fouta, soit à des revendications de type clanique comme en Haute Guinée. La plupart des fois, nous savons que ces décisions sont prises pour satisfaire des promesses électorales du RPG.
Notre sentiment est qu’avec cette orientation, le pouvoir, est en train d’ouvrir une boîte à pandores qui ne contribuera en rien à la cohésion des communautés et au progrès tant attendu, bien au contraire. En témoigne le tollé exprimé par les élus de la Région du Sud-Est et le fait qu’à Kourou (qui s’appelle en réalité Kourou Maninka) et à Tarambaly, par exemple, de petites localités sont presque en révolte contre leur rattachement à ces nouvelles unités. Ce texte donc crée bien plus de problèmes qu’il n’en résout. Le prétexte de rattacher l’Administration des administrés ne trompe que ses auteurs.
A cet égard, nous avons, comme par miracle, un fait révélateur de la véritable situation que vivent nos Sous-préfectures : il y a deux jours, les populations en colère de Sanguiana (Kouroussa) se sont soulevées pour chasser leur Sous-préfet, M. Sayon Keita. Ils reprochent à ce membre du commandement d’être corrompu, détournant sans vergogne les redevances minières et vendant pour son compte la coupe illégale du bois dans la contrée, contribuant ainsi à la désertification. Tous ces revenus ne bénéficient en rien aux populations. Voilà le véritable problème auquel nous sommes confrontés : une administration locale corrompue, parasitaire, vivant de racket et détournements de toutes et n’ayant aucune idée de ses obligations envers les populations. Ces agents de l’Etat ne contribuent en rien au développement local, mais constituent en réalité un vrai fardeau et une véritable calamité pour les populations guinéennes. Si le gouvernement veut agir dans l’intérêt du pays, voilà le vrai chantier auquel il devrait s’attaquer : guérir le commandement (Préfets et Sous-préfets) de ses tares congénitales et contribuer au progrès. Tout le reste n’est que distraction.
Je vous remercie.
Conakry le 16 mars 2021
Mamadou Baadiko BAH
Député à l’Assemblée nationale