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Référendum et législatives du 22 mars dernier : Quel degré d’engagement des Ministres et Directeurs de la haute sphère ?

C’est un travail non exhaustif qui découle d’une observation personnelle et de l’appréciation ça-et-là des militants du parti au pouvoir vis-à-vis des membres du gouvernement et de la haute sphère étatique pour leur engagement militant et leur détermination citoyenne dans la réussite du double scrutin du 22 mars dernier.

Il ressort de plusieurs constats, que malgré la position des uns et les autres, tous bénéficiaires du pouvoir décrétale du Chef  de l’État et de sa confiance, sans faire cas des privilèges qu’ils jouissent, nombreux d’entre-eux, ont opté pour la ruse et se sont investis sans grands efforts remarquables. Et pourtant, les Ministres sont à la fois politiques et administratifs.

Le Président Alpha Condé, bien qu’il soit sorti victorieux d’un long bras de fer qu’il a engagé avec une frange importante pour ne pas dire essentielle de l’opposition et de la société civile, voire même une partie de la communauté internationale, qui n’a pas manqué de désapprouver les conditions ‘’ moins transparentes et acceptables du processus électoral émaillé par des fraudes massives et de violences physiques avec des destructions matérielles’’. Dans son fort intérieur, le Président  de la République est bien conscient du degré d’investissement de chacun de ses lieutenants.

On peut classer le degré de motivation des uns et les autres dans trois (3) catégories : Les actifs, les rusés et les effacés.

1-    Les actifs :

Dans ce lot, ils sont moins nombreux. Parmi eux, on peut citer :

Malick Sankhon, DG de la CNSS.

C’est un acteur majeur dont la détermination était visible. Malgré les menaces et injures à son encontre, il a crû dur comme fer à la faisabilité du projet. Il fait partie des précurseurs. Avec sa casquette de Coordinateur national de campagne, il a sillonné tout le territoire national sans un grand confort à bord de sa voiture. Il a véritablement et incontestablement mouillé le maillot.

Ismaël Dioubaté, Ministre du Budget.

En véritable machine de guerres, il a osé et bravé les menaces en portant avec courage et détermination sans faille et sans un seul grain d’hésitation, le projet de nouvelle constitution. En homme tout-terrain, il a déserté le bureau pour le champ politique. A Kouroussa et environnants, il y passait des semaines avec les populations, avec une motivation d’un jeune militant de 18 ans qui inaugure sa carrière citoyenne et militante. C’était fougueux.

Diakaria Koulibaly, Ministre des hydrocarbures.

En sa qualité de candidat uninominal pour la circonscription de Mandiana, l’homme, quoi que la zone soit réputée bastion imprenable du RPG, a drainé des foules dans un contexte social très tendu entre le Sud et le Nord. Sa candidature a, pour une fois, mis tout le monde d’accord au regard des nombreuses réalisations qu’il a faites en faveur des populations de la localité. Il avait à ses côtés, Mory Sangaré, Ministre de l’Éducation nationale qui s’est investi également et sans grand bruit. Sa présence a beaucoup joué en faveur de la paix et du rapprochement des communautés.

Tibou Kamara, Ministre d’État, Ministre de l’Industrie, des PME et Conseiller Spécial du Président.

Il a démarré sa campagne en retard. Mais puisqu’on dit souvent que l’objectif d’une course n’est pas la vitesse mais le fond, l’homme a su marquer son territoire avec un dynamisme très remarquable. Il a secoué sa ville natale avec une nouvelle façon de faire la politique sur un territoire jusque-là acquis à l’opposition. Ses pires détracteurs avaient prédit son échec comme tenue de la complexité de la ville. C’était mal connaitre le profond amour qui existait entre lui et sa ville d’origine pour les nombreuses actions qu’il a réalisées. Il a montré à travers ses discours, qu’il est bien possible de faire la politique sans violences et sans verser dans le débat de personnes mais le débat sur le projet de société. C’était innovant.

Sanoussy Bantama  Sow, Ministre des Sports, de la Culture et du Patrimoine Historique.

Son courage est à saluer. En véritable cheval de Troie, malgré les obstacles et les risques qui pesaient lourdement en sa défaveur, le sulfureux Bantama Sow et en bon gladiateur a tenu bon et a été jusqu’au-boutiste. Mamou, grand bastion de l’UFDG et foyer de tensions, il fallait un certain Bantama Sow même avec l’appui des forces de l’ordre pour se lancer dans une telle aventure très suicidaire. Il est d’une grande bravoure même s’il faut aussi reconnaître son zèle.

Zenab Camara, Cheffe Cabinet du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Candidate à l’uninominal de Boffa, Zenab Camara a fait de son mieux malgré les quelques couacs signalés. Il fallait qu’elle bénéficie de l’appui du jeune Youssouf Sampil avec son mouvement « Ma Guinée, c’est possible », qui est très influent dans la zone et mobilisateur hors pair. Baidy Aribot, bien qu’étant à Kaloum où sa suprématie est incontestable, il venait souvent en renfort auprès de Zenab et Sampil et sa qualité de fils de la localité.

Dr. Moussa Konaté, DG de la Pharmacie Centrale.

C’est un candidat sans risque qui a battu campagne sur un territoire complètement acquis à la cause du parti. Kéréouané est un bastion imprenable du RPG même avec un Candidat inconnu, le parti gagnera.

Papa Koly Kourouma, Ministre de l’Assainissement et de l’hydraulique.

Il était le Directeur de Campagne. Le choix porté sur sa personne n’a pas été payant au regard des violences enregistrées en forêt, un territoire qui dans un passé récent était acquis à sa cause. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Et pourquoi a-t-il perdu l’influence ? A lui de répondre. Néanmoins, il en sort très heureux de ce double scrutin avec deux sièges à l’Assemblée nationale pour son parti.

Lansana Komara, Ministre de l’Enseignement Technique, Cheick Taliby Sylla, Ministre de l’Énergie ; Colonel Remy Lamah, Ministre de la Santé et Mariame Camara, Ministre de l’Agriculture bouclent la liste des actifs.

Mention spéciale au jeune Conseiller de Missions, Souleymane Keita pour sa témérité.

2-    Les rusés

Après la catégorie des actifs, place à celle des rusés. Ce sont des Ministres qui ont préféré ont su concilier autonomie et intérêts. Ils ont utilisé les moyens de l’État avec la confiance du Président pour jouer en leur faveur.

Aboubacar Sylla, Ministre d’État  des Transports ; Mouctar Diallo, Ministre de la Jeunesse et de l’Emploi Jeunes et Bah Ousmane, Ministre d’État, Conseiller du Président ont été les plus rusés peut-être avec l’accord du Chef de l’État ?

3-    Les effacés ou absents

Dans cette troisième et dernière catégorie, c’est le groupe de ceux dont l’engagement était moins remarquable pour ne pas dire totalement out. Cela ne veut pas autant dire qu’ils ont trahi la confiance du Président mais leur silence s’apparente à un manque d’engagement. Parmi eux :

Moustapha Mamy Diaby, Ministre des Postes, Télécommunications et de l’Économie Numérique.

C’est le muet du gouvernement. Trop timide, effacé et inefficace politiquement mais bénéficie de la confiance de son mentor. Son cas, est une situation particulière dont le mystère est difficile à percer.

Damantang Albert Camara, Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile.

Il était bien présent dans les médias pour défendre le projet de nouvelle constitution. Il a défendu l’idée mordicus, avec bec et ongles. Mais depuis qu’il a bénéficié d’un décret le nommant au département de la Sécurité, l’homme s’est mué dans un silence indescriptible et quasiment invisible sur le terrain.

Amara Somparé, Ministre de la Communication. Son manque de charme a gagné sur sa volonté de bien faire. Même s’il a voulu se démarquer à quelques rares occasions, mais il est resté inaudible par défaut de popularité.

Billy Nankouma Doumbouya, Ministre de la Fonction Publique ; Djené Keita, Ministre de la Coopération ; Mariame Sylla, Ministre de l’Action Sociale ; Roger Patrick Millimouno, Ministre  de l’Élevage et des Productions Animales ; Oyé Guilavogui, Ministre d’État , de l’Environnement, Des Eaux et Forêts ; Mamadou Lamine Fofana, Ministre d’État,  de la Justice, Mama Kany  Diallo, Ministre du Plan ; Mamadi Camara, Ministre de l’Économie et  Finances et Boubacar Barry, Ministre du Commerce ont tous brillé par leur silence très remarquable. Ils sont considérés comme des absents et leurs plus efforts dans le processus ont été de ne rien dire et ne rien faire.

Bouréma Condé et Mamadi Touré, respectivement Ministres de l’Administration du territoire et des Affaires Étrangères ont pour seul mérite, la riposte ou la promptitude de réagir aux communiqués extérieurs et menaces de l’opposition à l’intérieur. Ce sont deux combattants de luxe. Quoi de plus mieux ?

Moustapha Naïté, Ministre des Travaux Publics.

Personne ne doute de son passé militant en faveur du Président de la République. Mais pour ce double scrutin, l’homme était beaucoup plus concentré sur les chantiers routiers ouverts que de boxer sur le ring politique. Faut-il diluer son absence au volume des travaux qu’il avait à effectuer sur le terrain ?

Thierno Ousmane Diallo, Ministre d’État, de l’hôtellerie et du Tourisme.

Il a été aphone avant, pendant et après le processus électoral. En désaccord avec son leader de parti, Bah Ousmane, le Ministre Thierno Ousmane n’a battu campagne ni pour le RPG ni pour l’UPR.

Alpha Ibrahima Keira, Conseiller du Chef de l’État était où pendant ces élections ? Sa verve n’était-elle pas liée au poste ? En tout cas, son silence a commencé quand il a été viré du gouvernement alors qu’il faisait partie des grands défenseurs de la nouvelle constitution.

A ces trois (03), on peut parler du clan des budgétivores. Il est essentiellement composé de Directeurs de régies financières et d’autres DAAF qui ont servi leur propre cause que celle du Chef de l’État. Ils dilapidaient les fonds dans les cérémonies folkloriques sans enjeux. Et enfin, le groupe des frustrés ou recalés. Moins nombreux, mais très nuisibles. Eux qui ont vu leur destin chambouler à la dernière minute, vivaient la plus grande frustration de leur vie. Avec l’arbitrage du Chef de l’État, Pr. Alpha Condé a mis de côté les résultats des primaires qu’il estimait frauduleux et corrompus. Le cas du Pr. Moustapha Koutoubou Sanoh, Conseiller Diplomatique du Président en est autre. Il a un pied dedans et un dehors. Il s’érige en donneur de leçons dans un français approximatif et de défaveur du régime qu’il sert. Pourquoi garder un tel individu dans l’écureuil ? Au Président de nous répondre.

Bref, ce tableau est un travail non exclusif, ouvert et évolutif qui découle d’une observation personnelle. Ce n’est donc pas fermé et définitif.

 

Par Habib Marouane Camara, Journaliste et Analyste Politique.

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