La Guinée organisera, sauf changement de dernière minute, le premier tour de l’élection présidentielle le 18 octobre 2020. En attendant l’acte du président de la République qui doit entériner la proposition de la CENI, notons que l’institution électorale, elle, a déjà donné le ton. Une date non consensuelle pour le moment, puisqu’elle divise déjà la classe politique guinéenne.
Au centre de cette pomme de discorde, les revendications d’une opposition catégorique et ferme (à l’exception de Dr Ousmane Kaba NLDR), et une position tranchante de la majorité présidentielle.
Si l’opposition réunie au sein du front national pour la défense de la constitution (FNDC) exige d’abord l’annulation du double scrutin du 22 mars dernier, elle dit aussi ne pas reconnaitre le parlement issu des législatives controversées, et exige sans détour un travail sérieux sur le fichier électoral avant toute participation à la présidentielle.
Ces conditions non les moindre, difficiles à accepter, sont posées alors que le président Alpha Condé tient à engager un dialogue franc, dit-il, avec ses opposants. Pour moult observateurs avertis, avec ces conditions, l’espoir d’un compromis entre le pouvoir de Conakry et ses adversaires s’éloigne davantage.
Le piège tendu à l’opposition…
Ne pas participer au dialogue serait un autre coup dur pour Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Sidya Touré de l’UFR, Lansana Kouyaté du PEDN et les autres leaders de l’opposition, qui joue presque tous leur dernière cartouche cette année, pour voir leur rêve se réaliser. Cela sonnerait comme étant un refus de celle-ci, de vouloir collaborer avec le pouvoir d’Alpha Condé aux yeux de la communauté internationale, dans le cadre de la tenue d’une présidentielle inclusive en Guinée. Une aubaine pour Alpha Condé, qui pourrait ne pas avoir assez de souci pour briguer un troisième mandat à la tête du pays.
La politique de la chaise vide ne payant plus, tout porte à croire que la Guinée court tout droit vers des élections présidentielles sans les principaux partis d’opposition, à l’image du dernier double scrutin législatif et référendaire. Pour être précis, toutes les embuches sont présentes pour effacer l’opposition de la course à la présidentielle.
Alpha Condé maintient toujours le flou et maitrise le jeu…
A quelques mois de la tenue de la présidentielle, Alpha Condé n’a toujours pas déclaré s’il sera candidat ou pas pour un troisième mandat. Le flou est grand. Le locataire du palais Sékhoutouréya, préfère attendre la décision de son parti. Justement par rapport à son parti, il vient d’effectuer un remaniement ministériel à 80 % RPG Arc-en-ciel.
Au-delà, il faut dire que le chef de l’Etat contrôle toutes les institutions du pays. De la Cour constitutionnelle, à la cour suprême, sans oublier la Haute Autorité de la Communication en passant par l’Assemblée Nationale, et l’Armée, Alpha Condé a ses hommes de confiance partout. Il lui suffit un claquement du doigt pour voir ses ordres exécutés.
Avec cette situation, l’opposition ferait mieux de s’asseoir autour de la table et poser des conditions favorables à la tenue d’élections crédibles, inclusives et transparentes. En tout cas, la communauté internationale n’aura de rôle que d’arbitrer. Ne pas participer à la présidentielle serait fatale pour Dalein et ses alliés.
L’avenir de la Guinée se décidera entre Guinéens !
A bon entendeur Salut !
Alpha Madiou BAH
Journaliste, Analyste politique