Le président ultra-conservateur Andzrej Duda l’emporte avec 51,2 % des voix contre 48,8 % pour son adversaire, le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski. Le parti au pouvoir PiS garde donc les pleins pouvoirs. Mais dans un scrutin marqué par une participation historique, la Pologne ressort plus fracturée que jamais.
Les quelques dizaines de milliers de bulletins qui n’ont pas encore été comptabilisés ne changeront pas la donne. Le président sortant est réélu pour cinq nouvelles années à la tête du pays. C’est ce qu’a déclaré le président de la Commission électorale en annonçant les premiers résultats partiels ce lundi matin.
Andrzej Duda l’emporte de justesse sur son opposant, Rafal Trzaskowski. Le chef de l’État a fait la différence grâce à une mobilisation exceptionnelle dans les villages, à la campagne, le cœur de son électorat, mais aussi chez les personnes âgées. Pas de chamboulement donc sur la scène politique polonaise, le chef de l’Etat s’apprête à rempiler pour cinq ans. Cette victoire devrait permettre au gouvernement du parti Droit et justice de poursuivre la mise en œuvre de son programme conservateur entamé en 2015.
Excuses
Ce dimanche soir, quand les premières estimations sorties des urnes le donnait légèrement en tête, avec 50,4 % des voix, Andrzej Duda avait déjà crié victoire. Devant ses partisans, il s’est présenté comme un président rassembleur. Il s’est même, de manière surprenante, excusé auprès des Polonais qu’il a pu blesser à travers ses actes ou ses paroles depuis cinq ans. On pense à ses propos très violents à l’égard des personnes LGBT durant la campagne.
Alors que son parti, le PiS, Droit et Justice, a profondément divisé la société depuis cinq ans, on voit mal comment Andrzej Duda pourrait réconcilier les Polonais. Près de la moitié des électeurs l’ont rejeté, en votant pour son opposant.
Fracture politique actée
Au moment où Duda célébrait déjà sa victoire, Rafal Trzaskowski se trouvait dans ville, à Varsovie, dans un parc sur les bords de la Vistule. Il voulait encore y croire. Ses partisans sont repartis chez eux avec l’espoir de voir la tendance s’inverser durant la nuit. En vain.
Après un scrutin aussi serré et une campagne aussi polarisée, le pays est plus que jamais coupé en deux. La fracture est actée entre une Pologne très conservatrice, nationaliste, attachée aux valeurs traditionnelles, et une Pologne plus libérale, plus tournée vers l’Europe. Le maire de Varsovie avait promis de rétablir les liens avec l’Union européenne, tendus depuis l’arrivée du PiS au pouvoir.
La division s’est creusée entre les grandes villes qui ont voté à 66 % pour Rafal Trzaskowski et les campagnes où 63 % des électeurs ont choisi Andrzej Duda. Le candidat de la Plateforme civique a remporté les suffrages des moins de 30 ans, celui du PiS, des plus de 60 ans.
Du côté de l’opposition on saluait dès ce dimanche soir la performance de Rafal Trzaskowski qui est entré dans la course à seulement un mois du premier tour. Nous avions contre nous tout l’appareil d’État, sa propagande et nous avons de notre côté la société civile. ce n’est qu’un début, a prévenu le marie de Varsovie devant ses partisans.
Avec Rfi