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En prison, pour la fête de la liberté ( Par Jean-Paul Savart)

En ce 3 mai 2021, Amadou Djouldé Diallo, doyen des journalistes guinéens, célèbre en prison, à Conakry, la journée mondiale de la liberté de la presse. Il y séjourne arbitrairement depuis 65 jours.

Il y a une quinzaine d’année, Amadou Djouldé m’avait aidé à organiser dans son pays, avec l’Union des Journalistes de Sport en France, plusieurs sessions d’aide à la formation de journalistes guinéens.

Il a été arrêté fin février pour avoir critiqué à la radio la politique répressive du président Alpha Condé, également dénoncée par un rapport d’Etat américain (le président américain n’a pas été inquiété…).

Lors des récentes élections législatives et présidentielle en Guinée, plusieurs dizaines de manifestants ont été tués. Actuellement plusieurs centaines d’opposants politiques sont emprisonnés. Pratiquement tous appartiennent à l’ethnie des Peuls qui s’estime discriminée dans plusieurs pays d’Afrique francophone.

L’Etat Islamique et Al Qaida ont largement profité de ce sentiment pour faire voyager leurs exactions du proche orient à l’Afrique de l’Ouest. Il leur suffit d’apporter le sac de riz qui manque aux populations analphabètes des territoires oubliés par la mauvaise gouvernance étatique et d’y ajouter un tapis de prière ainsi que de quoi aiguiser les machettes et les violences inter-ethniques… De quoi aussi exporter des attentats, principalement en France, pays de la force barkhane.

L’action des soldats français est décriée en Afrique de l’ouest comme en France à cause essentiellement de fake news largement répandus par les djihadistes. Pourtant ils sont les frères de sang (versés) des soldats africains. Ils participent avec eux à la protection des milliers d’habitants du Burkina Faso, du Niger et du Mali qui ont quitté leur village et ont tout abandonné pour se réfugier dans des camps où ils survivent essentiellement grâce à l’aide internationale.

Cette aide, comme celle de la force barkhane, est indispensable pour colmater les brèches. Mais sur ce continent qui recèle les plus grandes richesses naturelles du monde, rien ne sera résolu tant que le problème de la « mauvaise gouvernance » ne sera pas réglé.

La liberté de la presse est un gage fondamental de cette « bonne gouvernance » qu’on peut aussi appeler « démocratie ».

Aujourd’hui, le gouvernement guinéen a annulé les célébrations prévues dans le cadre de la journée mondiale de la liberté de la presse. Officiellement en raison du coronavirus.

En Guinée, une centaine de journalistes indépendants sont mobilisés depuis 65 jours pour réclamer la libération immédiate du doyen Amadou Djouldé Diallo, arbitrairement détenu à Conakry.

Jean-Paul Savart

Journaliste

Union des Journalistes de Sport en France

Membre exécutif de l’Association Internationale de la Presse Sportive

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