À l’instar de plusieurs pays africains devenus indépendants suite aux conséquences de la deuxième guerre mondiale, la République de Guinée soixante trois (63) ans après, reste toujours confrontée à la construction d’une nation réellement unie et prospère.
En effet, avec les différentes vicissitudes de notre histoire commune, force est de constater la survenue d’événements regrettables qui ont sérieusement fragilisé les fondements et socles du sentiment d’appartenance à une histoire, une culture ou des valeurs sociétales et identitaires collectives. Cette nation qui devrait être le substrat de cet État proclamé le 02 octobre 1958, à l’issue du référendum historique du 28 septembre de la même année, peine à s’enraciner. Très malheureusement, en l’absence de mécanismes efficaces ou de filtres incontournables capables de constituer de réels antidotes contre ce qui favorisent l’activation sans cesse et continue des instincts gregaires, il est temps que l’élite accepte de consentir le sacrifice pour faire table rase de ce passé, certes parsemé de gloires et glorioles, mais aussi, émaillé de plaies encore profondes et béantes. À défaut de cicatricisation parfaite ou réussie, avec cette procrastination devenue légion, les nouvelles autorités sous l’égide du CNRD, doivent contrairement aux autres gouvernants, frontalement en faire face afin de livrer un ultime combat contre ces maux qui continuent de hanter ce beau pays doté tant de fabuleuses ressources naturelles que de celles humaines (impressionnantes).
En effet, nous osons croire que le handicap majeur que fut le coaching et dont a souffert le précédent régime, sera suffisamment pris en compte par le nouveau « SÉLECTEUR » qu’est le Président-Légionnaire Colonel Mamadi DOUMBOUYA. Toutefois, le modus operandi qui consiste à tenir compte de la désignation des membres du gouvernement par Régions naturelles, risque de se heurter à des obstacles infranchissables car l’infatigable et insatiable « COMPTABLE ETHNIQUE » au bout des opérations, se fera l’ignominie de regarder encore le « rang protocolaire » des ministères régaliens ou de souveraineté attribués à telle ou telle communauté au biais de ses filles et fils. Je pense sincèrement que c’est un piège sans fin. Le PRAC s’y était engouffré dans une telle mésaventure et certains de ses proches en ont profité pour totalement devoyer sa politique, jusqu’à l’amener à trinquer dans le choix de personnes peu fréquentables dans une République toujours assise sur la vertu. Bref! nous avions été servis de toutes les couleurs, c’est-à-dire, du petit videur de boîte de nuit, de l’ancien laveur de métro, au maître chien, sans oublier le livreur de vêtements de pressing en occident ou d’autres grandes capitales étrangères avec des CV mensongers (car à beau mentir, qui vient de loin) et autres personnes (hommes et femmes ) aux moeurs légères.
Par ailleurs, il sied de relever quelques inquiétudes dans le choix des membres du gouvernement en cours de formation ou constitution. En ce sens que, si croire que les meilleurs profils sont ceux qui ont été loin des problèmes, je crains qu’en cette période de crise aiguë et d’urgence, qu’un autre décalage de la période d’attente, soit très préjudiciable aux promptes réponses à apporter aux souffrances atroces vécues avec assez de résilience par le peuple martyr de Guinée. Cela, pour rappeler que ce ne sont pas ces équilibres ethniques, vaille que vaille recherchés, qui certes pourraient dissiper certaines angoisses, mais il ne doit échapper à personne, qu’une gouvernance, quand elle est axée sur les résultats, a d’autres indicateurs de performance non alignés sur ce problème mal posé. Cette solution conjoncturelle ne doit surtout pas prospérer au niveau opérationnel, c’est-à-dire, au sein de l’administration qui n’est rien d’autre que l’infrastructure gouvernementale. Car il est constant et de notoriété publique que ces fameux technocrates se sentent plus à l’aise dans les conforts de l’hôtel RITZ-PARIS ou EQUINOX HÔTEL HUDSON YARDS de NEW-YORK CITY que dans les sentiers boueux, véritable casse-tête quotidien de nos braves et laborieuses populations qui continuent sous l’implacable poids de la cherté de la vie que leur imposent de façon récurrente, indue et cyclique la bêtise et errements de l’élite que nous sommes.
Le Président Colonel Mamadi DOUMBOUYA se doit de ne suivre que sa propre conscience. Par exemple des seules vraies images que je retiens de Jerry Jhon Rawlings, c’est lorsqu’il descendit dans les champs de café et cacao pour apprendre aux jeunes ghanéens, comment planter et entretenir les plants de ces cultures de rentes autrefois abandonnées et que le Ghana se partage aujourd’hui les premiers rangs mondiaux avec la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny.
Bref! Pour dire que la locomotive de cette GRU, n’est nulle part si ce n’est à l’intérieur et non à Conakry ou chez la diaspora, ces deux (02) types de guinéens qui ont toujours été érigés inconsciemment et ceci, bon an mal an, comme citoyens de première zone !
Vivement le changement de paradigmes avec le CNRD, pour que cessent les transitions militaires toujours perçues comme des spasmes qui secouent par intermittence, le peuple de Guinée dans son inexorable marche vers des lendemains plus meilleurs.
Que Dieu bénisse la Guinée !
Souleymane DOUMBOUYA
Consultant socioéconomique