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La communauté internationale doit soutenir une transition réussie en Guinée

Après la prise du pouvoir par l’armée guinéenne le 5 septembre, 2021, la communauté internationale s’est rapidement tournée vers son arsenal traditionnel de réponse aux coups d’État militaires. Condamnation totale de l’acte et demande immédiate qu’une transition vers un régime civil soit rétablie (six mois, c’est la demande de la CEDEAO).

Quoique que nous devrions tous être préoccupés par l’utilisation de la force pour acquérir le pouvoir politique, il faudrait également reconnaître que cet état de fait est le résultat d’un échec de la CEDEAO, de l’UA et l’ONU.

Souvent, ces organisations ne réussissent pas à prévenir un tel dénouement en raison de leur approche nonchalante à la violation et à la révision des constitutions qui font monnaie courante en Afrique.   Nombreux sont les chefs d’États africains qui bafouent leurs constitutions pour prolonger leur mandat au-delà du délai requis.

Force est de constater qu’actuellement, un septet de présidents Africains pris ensemble règnent sur leur pays depuis 227 années.  A ce jour, il n’existe aucune demande de la part des organisations internationales à ces chefs d’États de respecter leurs constitutions en organisant des élections inclusives et équitables.  Un tel silence face à ce statu quo n’aide pas à étouffer le désir par la seule entité organisée et capable (l’Armée) de défier l’ordre établi en utilisant la force pour amorcer un changement de régime en Afrique.

En Guinée, Alpha Condé avait organisé un référendum controversé et des élections problématiques pendant la pandémie pour obtenir un troisième mandat.  Cette démarche du président Alpha Condé était un affront au public et au peuple de Guinée.  Selon le sondage d’ Afrobaromètre[1], plus de 8 Guinéens sur 10 (80%) étaient favorables à une limitation des mandats présidentiels à deux.

À cette violation du serment de ne faire que deux mandats, s’ajoutent les conditions économiques désastreuses auxquelles sont confrontées la majorité des Guinéens.  Les vingt (20) milliards de Dollars Américains prêtés par la Chine à la Guinée en 2017 et la « route de la soie » encore en construction, n’ont apportés aucune amélioration à la condition presque primitive dans laquelle vivent la majorité des Guinéens.  La conjugaison de ces conditions « a ouvert la voie au putsch militaire » actuel.

Pour ce qui est de la situation actuelle de la Guinée, la communauté internationale doit plutôt faciliter le transfert pacifique du pouvoir politique dans une démocratie naissante au lieu de sanctionnée la Guinée.  Pour ce faire, les organisations sous-régionales doivent se focaliser sur comment soutenir et contribuer à l’édification d’institutions stables capables de mener à une transition apaisée.

La communauté internationale doit aussi exprimer son soutien au gouvernement dirigé par Mohamed Béavogui, au motif qu’il représente une amélioration par rapport à la situation de crise qui prévalait avec le maintien au pouvoir d’Alpha Condé et son régime après l’expiration de ses deux mandats. Les différentes organisations (ONU, UE, UA, CEDEAO) devront supporter et encourager le colonel Doumbouya et son équipe à tenir leurs engagements de mettre en œuvre un calendrier électoral et de s’abstenir de se présenter comme candidats aux futures élections.

Suite à la composition du gouvernement actuel, la plupart des Guinéens et certains observateurs internationaux sont encouragés par la transition en cours. En ce moment crucial, les organisations internationales doivent renforcer leur coopération avec la Guinée au lieu de lui imposer des sanctions.  Elles devront participer à plein dans la refonte des institutions qui seront en charge des élections.  L’ONU et l’Union européenne en particulier doivent aider à la mise en place de mécanismes stables et fiables pour recueillir et vulgariser les données démographiques qui seront qui seront utilisées durant les prochaines échéances électorales.

L’exemple et l’engagement de l’Union européenne à aider la Guinée à réussir la transition vers un gouvernement civil élu lors des élections inclusives et équitables doit être la référence pour les autres organisations ultra nationales. La CEDEAO et l’Union africaine pourront redorer leur blason aux yeux des Guinéens en aidant le pays à traduire en justice les individus de l’ancien régime pour leur gestion des affaires de l’État.

L’engagement positif auprès de la transition actuelle en Guinée pourrait être un fer de lance des transformations démocratiques que la communauté internationale souhaite de voir s’établir et s’enraciner dans cette sous-région de l’Afrique.  Une Guinée stable avec des gouvernants responsables et compétents augurera à une expansion économique et démocratique qui consolidera les intérêts stratégiques la communauté internationale en Afrique.

Pour une Guinée unie et prospère.

Prêt à servir pas se servir !

Docteur Abdoulaye Bah
Professeur d’Université aux États-Unis, Ret.
Ancien chef de Chaire du Département des Sciences Sociales et Comportementales
Directeur, Centre pour la santé Comportementale et la Résilience
Université de Lincoln
Jefferson City, Missouri USA
Columbia, MO USA

[1] https://afrobarometer.org/press/guineans-voice-strong-support-two-term-limit-president

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