J’ai le cœur meurtri et la peur au ventre, mais je n’ai justement pas peur de le dire. Aujourd’hui, nous sommes plus que jamais au bord de l’explosion. Nous sommes au bord d’une guerre fratricide et nous y sommes entraînés par ceux qui jamais ne se battront.
Nous avons perdu des frères en humanité qui sont tombés par ce qu’il y a de plus abject, parce que les dissensions sont attisées, les dissensions et les colères, frères contre frères.
Nous devons voir aujourd’hui que nous n’avons qu’un choix, une seule alternative à la mort et la perte de ce que nous tentons de bâtir depuis longtemps.
Certes, le combat politique existe, mais il est un combat de débats, d’idées, de convictions et de mots. Ne le transformons pas en combat de haine.
Nous devons montrer un autre visage pour le respect de ceux qui sont morts. Pour leur souvenir et leur mémoire. Nous devons pour eux montrer que nous sommes un peuple uni, un peuple qui ne veut pas se perdre dans un combat qui ne fera que des vaincus.
Unissons-nous pour la mémoire de ceux qui sont tombés. Unissons-nous grâce à leur souvenir pour que notre geste les fasse se relever, qu’ils soient une dernière fois debout par notre action.
J’implore tous mes frères et sœurs à accompagner nos pauvres frères tombés, jusqu’à leur dernière demeure dans une marche silencieuse et fraternelle.
Unissons-nous de tous les partis, tous les militants, tous les sympathisants de chaque bord, nous tous, Alanmanè et Amoulanfé.
Qu’il n’y ait que des êtres humains, guinéens en humanité emplis de peine, de honte, de peur et du désir de continuer à bâtir, ensemble.
Que dans ce geste et cette marche nous nous prouvions à nous-mêmes que nous sommes conscients du risque que nous encourons à nous entredéchirer.
Que nous nous prouvions que nous voyons bien au-delà des mirages que certains nous font voir. Qu’au-delà de ce marasme que nous traversons c’est la lumière de notre propre regard que nous fixons, celle que nous devons suivre. Nous sommes là pour nous aimer et nous guider, nous serons là à suivre nos frères pour nous retrouver et ils nous guideront vers l’unité et l’avenir. Il le faut !
Ahmed Kourouma