L’autopsie d’une crise aux implications sociopolitiques profondes avec des propositions de sortie de crise
Depuis des décennies, le peuple de Guinée, comme tous les peuples du monde, est en quête de sa prospérité. Ce dessein national aussi vrai qu’il soit pas possible eu égard aux énormes potentialités naturelles du sol et du sous-sol du pays, celui-ci reste cependant, et depuis toujours, contrarié par une appétence des acteurs politiques.
En effet, depuis l’entame de l’année 2019, la situation politique frise l’impasse, laquelle situation surdéterminée par les enjeux que revêt celle-ci soit pour d’aucuns la conservation des privilèges du pouvoir, pour d’autres, la conquête des mêmes privilèges. En effet de cette contradiction profonde, que revient-il au peuple de Guinée ?
En toile de fond la lancinante question du débat sur la constitution, outre la grève sociale conduite par le syndicat de l’enseignement et la sorcellerie politique aux risques de conflits électoraux entravent le bon vivre, le peuple pris entre les tenailles d’intérêts privés qui ne sont aucunement ceux simulés.
Chers compatriotes, l’objectif de cette tribune n’est aucunement lié à une volonté de plaire à qui que ce soit, c’est plutôt d’interpeller les uns et les autres à opérer une introspection de soi ; à permettre la compréhension des implications se rapportant à la conquête et à la sauvegarde des intérêts personnels légitimes ou égoïstes. Ces manipulations qui empêchent de voir et de comprendre dans l’intérêt supérieur de la nation afin de réveiller ceux qui dorment et même qui font semblant, pour libérer le peuple.
Si j’ai compris quelque chose ces dix (10) dernières années, qui soit très regrettable et empêche l’émergence collective, c’est bien évidemment que les prises de position sont largement inspirées par le positionnement personnel et la manipulation, que pour la noblesse et l’objectivité du combat dans l’intérêt de la nation.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est que le guinéen devient de plus en plus émotionnel et avide, au point de n’avoir aucun intérêt ni pour la logique et moins pour la bonne foi des approches utilisées, mais seul le personnel final compte à tout prix et cela dans la quasi-totalité des secteurs sociopolitiques et économiques du pays.
Près d’un an de crise dans le pays avec des pertes en vies humaines, sans parler de la paupérisation graduelle des citoyens fortement liée au déficit d’investissements dans les domaines sociaux, économiques et de la gouvernance, aucune mesure sécuritaire, juridique et judiciaire concrète visible de la part du gouvernement. Sauf la routine dans les annonces et l’utilisation déguisée des fonds publics dans des prétendues sensibilisation autour d’un sujet que les promoteurs, eux-mêmes pour certains, critiquent en privée pour galvaniser les prétendus adversaires. Quelle gouvernance ?
Des morts, des blessés, des destructions de biens publics et privés sans cesse à chaque appel à manifester d’une opposition (sociale et politique) pour la grande majorité hypocrite, sans aucun impact réel visible sur les adversaires et non plus pour l’objectif affiché. Rien ne change, sauf la stratégie de victimisation et le décompte des pertes enregistrées tant en vies humaines qu’économiques. Quels aspirants ?
Des syndicalistes qui brillent sans cesse par leur train de vie et des guéguerres internes autour des privilèges liés à leur statut, sans intérêts aucun pour les enseignants/travailleurs et l’école guinéenne.
Toutefois, dois-je reconnaitre qu’il y a de bonnes volontés de part et d’autres, mais qui sont totalement submergées par les sorciers politiques et lucratifs.
De mon regard de profane sur les questions de droit, il me semble que la Cour Constitutionnelle, en sa qualité de gardienne de la loi, a subtilement consacré son appréciation de cette question de constitution sur la forme en mettant de côté le fond, comme pour dire que le Président de la République à ses côtés une partie du peuple a raison et l’autre partie n’a non plus tort. Quelle astuce !
En appréciant le contenu du projet de nouvelle constitution en rapport avec celle de 2010, la question que je me pose est de savoir quel est le contenu que le Président de la République veut donner à son ambition d’être le Mandela et l’OBAMA de la Guinée d’une part et d’autre part à son élogieux parcours d’homme politique et même d’activiste de la promotion panafricaniste des droits de l’homme et de la démocratie ?
De toutes les manières, soit les guinéens s’affranchissent de la peur des camps, du laxisme et de l’avidité pour faire face à la situation, soit nous continuons à enregistrer des pertes énormes de surcroit en vies humaines, jusqu’au moment où de l’international on vient mettre chaque camp à sa place avec la voie à suivre et qui se plieront respectivement à cet ordre comme divin, sans avenir constructif réel pour la nation et les citoyens. Pour ce faire, à cette dimension de division visible qu’on le veuille ou pas au sein de la population au tour des sujets du moment, notamment la question de la constitution et la ténue des législatives à la date du 16 février prochain, je propose l’arrêt des appétits subjectifs au profit d’un dialogue franc et urgent sur :
- La tenue des élections législatives à la date indiquée, dont l’analyse peut porter sur deux (2) questions principales à savoir :
- Lequel des deux (2) fichiers (l’ancien qui a fait l’objet d’audite et celui révisé encours de traitement) électoraux est plus fiable ou judicieux pour nous sortir rapidement d’une Assemblée Nationale désuète, autrement dit pour que la prochaine session parlementaire trouve la nouvelle Assemblée en place?
- Quel couloire possible pour la participation de l’opposition plurielle aux élections législatives afin de garder le caractère politique hétérogène de l’Assemblée Nationale ?
- Le changement constitutionnel ou son amendement, qui cristallise les opinions et pour lequel les différents camps ont usé quasiment de toutes leurs énergies respectives. Là, je pense que le dialogue pourrait se focaliser sur entre autres :
- La tenue d’un procès équitable pour les assassinats et ainsi que le traitement des cas de blessés et de pertes en biens publics et privés ;
- L’analyse approfondie de la réponse qui me semble ambigüe donnée par la cour constitutionnelle. Là elle sera ténue d’approfondir son appréciation de gardienne de la loi;
- La garantie d’alternance que le Président de la République pourra donner à ses compatriotes pour la prochaine élection présidentielle avec les conditions y afférentes.
Parlant de la grève des enseignants, la seule option objective et responsables qui soit à l’état de la crise reste et demeure la poursuite du processus de dialogue déjà amorcé depuis l’année dernière.
Vu la complexité des choses et la profonde contradiction sociopolitique, en ma foi et sur la base de mon expérience sur les questions de conflits en Afrique, ma connaissance du pays et mon droit à mon opinion doublé de mon inintérêt pour quelque faveur que ce soit au-dessus de mon pays, m’exigent ces propositions à mes compatriotes et les amis de la Guinée comme piste de sortie de cris.
Mes vœux les meilleurs à toutes et à tous pour l’année 2020 qui, pour bon nombres d’observateurs risque d’être sombre si on n’y prend garde.
Abdoul Sacko
Consultant sur les questions de conflits et d’intégration des jeunes/femmes
Activiste de la société civile