Si certains se réjouissaient du report des élections législatives dans l’espoir que cela donnerait une chance au dialogue entre les différents acteurs en vue d’une pacification de la Guinée, le président Alpha Condé, comme d’autres ont pu le prédire, a fait publier ce Mardi soir, sur les antennes de la RTG, un décret convoquant les guinéens aux urnes le 1er Mars, dans la perspective de choisir leurs députés, mais aussi faire adopter ou non, la très controversée et mystérieuse nouvelle constitution. Un projet qui offrirait, il faut oser le dire, la possibilité au Chef de l’État, de briguer pas qu’un, mais deux nouveaux mandats.
C’est en octobre que le FNDC et sa composante politique (UFDG, UFR…) ont entamé les premières agitations dans une partie du pays et réussi à paralyser la capitale guinéenne à chaque manifestation et appels à la résistance. Cette dernière ligne droite sera une étape âpre. Le camp d’en face n’entend pas reculer. Pour rien au monde, le président de la République, son parti et son gouvernement ne veulent fléchir. Le FNDC devra retrousser davantage ses manches pour mieux aller au front. Ses séries de marches et de résistance active ne semblent porter fruit. Au-delà des morts, des dégâts matériels, de la paralysie qu’elles entraînent, ces manifestations donnent l’impression d’un serpent qui se mord la queue.
L’inertie de la communauté internationale, elle dont la réaction est pourtant régulièrement sollicitée par les opposants, donne l’impression que le FNDC n’y est pas entendu. Même si la presse internationale se propose en relayeuse régulière de la crise en Guinée.
Sur le plan interne, ce ne sont que dans les fiefs des opposants que des réactions de rejet ferme de ce projet se font remarquer. Les tentatives de protestation dans les autres régions sont diligemment étouffées dans leurs lies.
Les colombes de la paix, religieux et leaders d’opinion semblent ne plus être entendus, si non réduits au silence. Elles se muent désormais en observatrices passives de la situation de leur pays. Parfois s’efforcent à intervenir via de simples déclarations. Tout ceci conforte l’occupant du palais présidentiel et ses lieutenants à maintenir le cap qui les mène vers ce couplage électoral.
En attendant de voir ce que déroulera le FNDC comme prochaine réaction, il faut d’ores et déjà s’attendre à une résurgence imminente des protestations et des violences exercées de part et d’autre, dans les endroits acquis à sa dynamique. S’étendront-elles aux zones restées jusqu’ici indifférentes? Nous serons mieux édifiés les prochains jours.
La curieuse résignation de l’autre partie de la population sous-entend-elle son adhésion à ce projet ? Ça en a tout l’air, puisque dans les faits, qui ne dit rien consent. D’aucuns disent attendre de voir, puisque les guinéens sont un peuple qui surprend. Une surprise aléatoire, elle pourrait aller dans un sens comme dans un autre.
Il faut dire que si le pouvoir semble résolu à ne pas se détourner de son chemin, les regards sont braqués désormais sur les frondeurs anti-nouvelle constitution, le Front National pour la Défense de la Constitution. Comment réussira-t-il à barrer la route à ce qu’il qualifie bavardement de putsch constitutionnel ? Les manifestations de rue n’ont-elles pas montré leurs limites ? Y a-t-il une dernière cartouche non encore utilisée du FNDC ?
Espera a ver
Daraba