« Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 », a déclaré le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), devant les parlementaires réunis en Congrès à Yamoussoukro. C’était le 5 mars dernier.
La nouvelle a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements, tant elle semble avoir surpris les uns et soulagé les autres. Ce d’autant que depuis la libération de Laurent Gbagbo et les dissensions nées au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le chef de l’Etat avait choisi d’entretenir le flou autour de son éventuelle candidature à la présidentielle du 31 octobre prochain. Tout laissait, en tout cas, croire que le président Ouattara voulait conditionner sa candidature aux éventuelles candidatures des deux anciens présidents que sont Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié auxquels il demandait, dans une précédente sortie, de « passer la main ».
« J’estime que c’est mieux que tous ceux de ma génération décident, par eux-mêmes, de ne pas être candidats », avait-il lancé en décembre dernier lors de son déplacement dans le Hambol, dans le Nord du pays. Et d’ajouter, sans les nommer : « S’ils décident d’être candidats, compte tenu de leur bilan, de leur incapacité à gérer la Côte d’Ivoire, je trouverai une autre solution, y compris celle de continuer ». Alors, questions : pourquoi ADO a-t-il décidé de clarifier sa position avant même de savoir ce que feront ses adversaires politiques d’en face ? Pourquoi a-t-il décidé de se prononcer maintenant alors qu’il avait promis de le faire en août prochain ?
Pendant que le jour se lève sur Abidjan, les nuages ne font que s’amonceler sur Conakry
Sans doute le président Ouattara s’est-il rendu compte qu’à vouloir trop garder le suspense, il finira par faire de l’ombre à son poulain qui avait du mal à occuper convenablement le terrain. Or, en déclarant, à huit mois de la présidentielle, qu’il ne briguera pas un autre mandat, il lui donne les coudées franches pour aller à la pêche aux électeurs au risque de se laisser surprendre par le temps.
Surtout que quand on regarde la configuration du champ politique actuel en Côte d’Ivoire, on se rend compte que la bataille pour la conquête du palais de Cocody, sera très âpre. Car tout se passe, en effet, comme si l’on s’achemine vers un front uni (Bédié – Gbagbo – Soro) contre le RHDP d’Alassane Dramane Ouattara. On comprend dès lors pourquoi certains acteurs politiques ivoiriens, à tort ou à raison, soupçonnent ADO de vouloir, à la faveur de la révision constitutionnelle en cours, ramener le scrutin présidentiel à un tour de sorte à éviter toute surprise désagréable à son poulain Amadou Gon Coulibaly dont d’aucuns disent qu’il ne fait pas le poids. Faut-il pour autant condamner ADO ? Chacun y va de sa réponse. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’on est en politique où tous les moyens sont bons pour conserver le pouvoir. Quoi qu’il en soit, ADO a eu l’élégance de renoncer au pouvoir. Une sage décision s’il en est, qui le grandit davantage.
ADO montre ainsi qu’il est capable de renoncement pour s’attacher à l’intérêt supérieur de la Nation. Il entre pour ainsi dire, dans l’Histoire. La postérité retiendra de cet homme qu’il a été un président qui aura œuvré à la première dévolution pacifique et démocratique du pouvoir en Côte d’Ivoire. C’est tout à l’honneur du dirigeant qui renforce ainsi son image d’Homme d’Etat.
Tout le contraire d’un certain…Alpha Condé, qui fait des pieds et des mains pour s’accrocher au pouvoir, fût-ce au péril de la vie de ses compatriotes. En tout cas, si on peut tresser des lauriers à ADO, on ne peut pas en faire autant pour Alpha Condé qui, lui, mérite un bonnet d’âne. Car ce dernier, visiblement perché sur l’Olympe, prend du plaisir à regarder avec mépris et condescendance son peuple éprouvé, au point qu’il refuse de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir.
C’est ce qui explique que pendant que le jour se lève sur Abidjan, les nuages ne font que s’amonceler sur Conakry.
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