Le Chef de l’Etat Guinéen vient d’extérioriser via une interview accordée à Jeune Afrique, ce qui l’habite en réalité, pour ne pas dire, son nouveau chantier politique qui pourrait rivaliser avec la lutter contre le coronavirus, si et exclusivement si, ses adversaires politiques pouvaient en extraire la sève à brûle-pourpoint, sans abuser des préalables.
« J’ai toujours été ouvert au dialogue et je souhaite qu’une discussion franche s’instaure, afin que l’élection à venir soit inclusive » a-t-il souhaité dans cette interview, à un moment où la Guinée éprouve la pandémie du coronavirus, doublée d’un climat politique sevré de dialogue, conséquence du désaccord autour du double scrutin du 22 mars dernier.
Qu’à cela ne tienne, cette volonté exprimée par le patron de l’exécutif Guinéen, pourrait certes, se heurter aux intérêts égoïstes inavoués, mais, elle répondra néanmoins, à la demande d’une communauté internationale dont la marge de manœuvre a toujours été étreinte par la souveraineté des Etats. De même, elle nourrira l’espoir que ce climat politique caractérisé par ce manque de dialogue, pourtant réclamé à cor et à cri par la majorité des Guinéens, pourrait être décrispé.
En attendant de connaitre comment l’opposition Guinéenne va attraper la colombe du dialogue lâchée par Alpha Condé, il ne serait pas intriguant d’anticiper avec mon avis, en exhortant les opposants à empoigner cette opportunité avant la présidentielle qui arrive au galop. Car, l’idée même du Président Alpha Condé de choisir Jeune Afrique, un journal continental pour s’exprimer ainsi, n’est pas sans acception. Au regard de l’audience internationale de cet organe, Alpha Condé prend implicitement à témoin l’opinion nationale, mais surtout internationale de sa volonté d’organiser une présidentielle inclusive. Du coup, il avertit ses opposants qui se sont consignés depuis des mois, dans une logique de rapport de forces.
Lorsqu’il emploie l’expression « J’ai toujours été ouvert au dialogue… », le président Guinéen sous-entend que le climat politique actuel ne lui est pas imputable. Bien entendu, en se résignant de rappeler quelques initiatives de dialogue du gouvernement.
En cette période de pandémie de covid-19, tout rapport de forces avec le pouvoir serait trop risqué. L’appel à manifester pourrait être moins suivi par des partisans à Conakry, parce qu’occupés à faire face aux réalités imposées par le coronavirus. Alors que la Capitale est une référence de la réussite de toutes les manifestations. Que dire de l’intérieur qui est coupé de la Capitale ? Où les populations s’intéressent peu à l’heure actuelle aux activités politiques, sinon, pas du tout, à cause de l’arrêt des assemblées générales hebdomadaires dans les quartiers généraux des partis politiques. Comment dans un tel contexte, faire régénérer le réflexe politique chez des partisans qui vivent une situation sanitaire et économique anxiogène ?
Mais, certains opposants très rusés, apercevront peut-être que les menaces de reprendre les manifestations ont dû vite participer à fermenter cette volonté d’Alpha Condé. Alors, si c’était le cas, les législatives n’auraient pas pu avoir lieu, parce qu’il en a vu de toutes les couleurs. Plutôt, le contexte de crise sanitaire généralisée qui réoriente les priorités de la communauté internationale, parmi lesquelles la politique intérieure des Etats l’intéresse moins par rapport à leur santé et leur économie. Justement, c’est au moment où la pression exogène est absorbée par la covid19 que, le Prof. Alpha Condé accomplit son nationalisme. C’est-à-dire, son refus toujours de se voir dicter la voie à suivre par l’extérieur, pour gérer son pays.
Et pendant que l’opposition préconise la reprise des manifestations comme stratégie pour faire plier le pouvoir, la mouvance acère ses armes. D’importantes lois organiques sont déjà sur la table du parlement, notamment, la loi sur la cour constitutionnelle, la loi sur le code électoral et la loi sur la haute autorité de la communication. Tout cela tombe à l’aurore de la mise en place de la nouvelle équipe gouvernementale qui aura la lourde tâche, d’affronter la prochaine présidentielle. La CODENOC, l’autre dispositif politique du pouvoir, se trouve un nouveau nom prémonitoire.
Face au déploiement d’un tel arsenal, l’opposition constituée des partis politiques traditionnels, l’UFDG, l’UFR , et le PEDN doit choisir entre exploiter à fond la volonté exprimée par Alpha Condé pour lui permettre de rester dans le jeu politique et s’autoexclure pendant les six (6) ans prochains.
Bella Kamano, Journaliste et analyste politique