Ibrahima Kassory Fofana a bien fait de conduire les 152 propriétaires qui réclament leurs bâtiments chez le responsable de leur malheur.
Le patron de Sékhoutouréya n’a aucune porte de sortie. L’affaire surplombe le premier ministre, le ministre chargé de l’Aménagement du territoire et le préfet. Les pauvres ont tous été mis devant le fait accompli. Et vlan ! Sans fusible à faire sauter, Alpha Condé se retrouve plouf dedans, entre les feux de Kaporo-rails et les gravats de Sangaréya.
A la vérité, qui ose donner l’ordre exprès de démolir les bâtis de la zone de Sangaréya à Dubréka sans son autorisation préalable du Palais présidentiel ? La Guinée est sous un régime présidentialiste fort. Tout va du président et tout revient à lui.
Tout premier ministre, ministre et administrateur territorial n’a de prérogatives que ceux que lui accorde le président. S’il est investi d’une mission, il ne peut que l’accomplir et rendre compte. D’ailleurs, ils sont tous nommés par décret. C’est connu.
Sous le magistère d’Alpha Condé, tout ce qui se trame se sait et se fait écouter à la minute près ou presque. Les services de la police, de la gendarmerie, et les autres services spéciaux sont à l’œuvre nuit et jour. Ce détail ne peut échapper à personne.
L’ordre de démolir les bâtis de Sangaréya vient d’Alpha Condé. Il ne peut y avoir la preuve du contraire. Alpha Condé était au courant de l’opération. Il savait qu’au moins 12 des 152 bâtis appartiennent à l’une des grosses barbes de régime (dont nous taisons volontiers le nom).
En plus, même si la zone était inscrite dans la liste des réserves foncières de l’Etat en vertu du décret de 1989 au nom duquel les transversales de Conakry ont été ouvertes sous le ministre Bana Sidibé, l’acte déjà pris par le dernier Conseil des ministres donne droit à tout détenteur de document de propriété d’accéder sans délai au droit d’être dédommagé. C’est là où le patron de Sékoutouréya s’est mis la corde au cou.
En tout état de cause et au grand bonheur des victimes, sa responsabilité engagée met les exécuteurs de l’ordre à l’abri. Le pauvre préfet et ses collaborateurs ayant exécuté le controversé ordre de mission et bien évidemment le fameux ministre de tutelle et les services de l’habitat n’y sont pour rien.
Dans les médias, le Chef du gouvernement peut continuer à clamer l’innocence d’Alpha Condé. Comme il l’a fait mercredi lors de la présentation de la politique générale et d’orientation de son gouvernement devant les 108 députés présents sur les 114 que compte le Parlement.
Ibrahima Kassory Fofana peut commenter les perspectives de l’action gouvernementale axées sur la Vision Guinée 2040, destinée à bâtir un pays émergent. C’est son droit. C’est son rôle de faire le service après-vente du régime de la quatrième république. L’essentiel pour les victimes est que l’enquête annoncée soit effectivement ouverte pour déterminer toutes les responsabilités et, c’est le plus important, remettre les propriétaires dans leurs droits. Point barre.
Par Diallo Alpha, In Le Populaire