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Casse de 1998 à Kaporo-rails : « J’étais en Europe, en mission de l’Etat lorsque ça commencé » soutient Cellou Dalein

Le déguerpissement en cours au centre directionnel de Koloma continu de susciter assez de réactions et d’indignations en Guinée. L’opposant Cellou Dalein Diallo, qui était devant les hommes de médias ce jeudi à Coleyah en conférence de presse, a apporté des précisions liées à la Casse  de 1998 à Kaporo-rails. Le chef de file de l’opposition, qui a été pourtant accusé d’avoir été ferme lorsqu’il était ministre du Gouvernement Conté en ce qui concerne la récupération des domaines de l’Etat, dément les allégations allant à son encontre. Dans un message très caustique, le leader de l’UFDG a affiché sa colère contre Alpha Condé qu’il estime être insensible aux souffrances des populations victimes de déguerpissement à Kaporo-rails et Kipé 2. Extrait…

C’est inadmissible. On peut même poser la question de savoir est-ce que Alpha Condé est guinéen parce qu’on ne peut pas traiter son compatriote de cette manière. Il faut rappeler que le schéma directeur de la ville de Conakry a été adopté en 1989. Un décret a été pris par le président de la République il y a trente ans. Si on estime qu’il est encore opportun de récupérer ces domaines, il faut faire une étude d’impact. Chaque fois qu’il y a une récupération de cette envergure, on fait une étude d’impact. On voit quel est le coût pour la collectivité. La richesse nationale, c’est la somme de toutes les richesses individuelles et collectives des guinéens.

Peut-être que l’Etat n’a pas les moyens d’indemniser tout les gens dont certains étaient là bien avant que la zone ne soit classée par décret comme étant zone réservée. L’Etat n’a pas pu assurer la sécurité de son domaine. Lorsque tu déclares ton domaine réservé, tu vas veiller pour que quelqu’un ne vienne pas mettre son épargne dans ça. Parce que ce sont des pauvres  qui ont épargné difficilement pour acheter ces domaines avec les coutumiers, les chefs de quartier, parfois avec les gens de l’urbanisme. Ils ont mis l’économie de toute une vie là. L’Etat ne peut pas traiter ses citoyens comme ça. Si c’est jugé opportun parce qu’encore une fois, une décision peut-être jugée valable en 1989 et ne plus l’être en 2019. Il y avait 25 zones qui ont été classées réservées dans le schéma.

Pourquoi seulement Kaporo ? Les autres zones, personne n’a touché. On a même déclassé certaines zones par exemple là où il y avait la décharge. Parce qu’on a vu que ce n’est plus opportun de la mettre là. Pourquoi parmi les 25 zones, c’est seulement sur Kaporo rails qu’on s’acharne. A supposer que ça soit pertinent et qu’il y a besoin d’utilité publique, mais ce sont des êtres humains qui sont là, qui méritent le respect de leur dignité, qui méritent qu’on les traite comme une partie entière de la nation. L’Etat ne peut pas créer une calamité comme ça dans des conditions de violence, de haine, de mépris sans qu’on ne proteste. Plus de 953 maisons ont été démolies, certaines avec de hauts standings (…). Ce n’est pas juste. Il faut que la Guinée reste solidaire comme elle l’a été. Et l’Etat a un rôle important à jouer dans la protection des citoyens. On ne peut pas traiter des citoyens du pays comme ça.

Je n’ai pas soutenu la casse de 1998. J’étais en Europe en mission de l’Etat lorsque ça a commencé. Je n’avais la maitrise complète de l’exposé des motifs. J’étais en France donc plus accessible à Rfi. Lorsque Sidya est arrivé, on a décidé de faire la promotion de la nouvelle Guinée avec le nouveau gouvernement. On m’a chargé de faire le tour de l’Europe. Dans l’audio qui circule, j’ai dit que pour l’ouverture des voies, et pour la viabilisation des domaines, on ne peut pas ne pas casser mais dans le respect des droits humains. Lorsque je suis rentré, j’ai vu la casse, croyez-moi j’ai pris des initiatives pour que la casse s’arrête. J’ai un témoin qui a mené une action déterminante auprès du président Conté, c’est Kassory. On a dit qu’il faut que ça s’arrête. On est allé le voir une première fois, une deuxième fois, il a dit d’arrêter. C’est comme ça.  Je n’ai pas soutenu cette casse. Il faut rendre à césar ce qui appartient à césar, Kassory a joué un rôle déterminent.  Ce qui se passait me paraissait injuste. Sur le plan humain je ne pouvais supporter parce que les gens ne sont pas des délinquants.

Je pense que c’est parce qu’il y a une masse importante des militants de l’opposition. Sinon je ne vois pas pourquoi on irait voir les Sierra Léonais, les aider et oublier les guinéens qui font face à  la même situation. Les uns et les autres sont sans abris, sans ressources, l’Etat estime qu’il faut aller aider nos frères de la Sierra Léone. C’est légitime, c’est des être humains, ils sont nos voisins, mais et les guinéens qui sont là  plus près ? Pourquoi rien n’est fait pour eux ? C’est ce qui est révoltant. Lorsqu’un malheur arrive et qu’on peut l’éviter, on l’évite. Si on ne peut pas l’éviter, on l’attenue. Nous sommes une famille. L’Etat doit être en première ligne. Il ne doit pas rester indifférent.

Propos décryptés par Moustapha CONDE

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