En Guinée, pour chaque rendez-vous politique, la folie de la violence meurtrière revient comme une tradition regrettable. A mon tour de prier pour le repos éternel des innocentes victimes. Et de rappeler aux rescapés de cette folie d’acte ignoble, que dans les yeux des magistrats luit toujours le regard coupable du bourreau.
Malheureusement, ici les juges parmi les magistrats ont toujours la Règle mais rare sont ceux qui, conformément à la dignité morale de la profession, l’utilisent pour tracer la ligne avec leur sang (il n’est pas facile de comprendre un sang étranger). Dans l’intime conviction des délibérations, ce refrain du sage du sage de la Cour n’inonde pas leurs tympans : « écris avec ton sang et tu apprendras que le sang est esprit ».
Hélas ! la pratique de ceux qui incarnent la noblesse de ce pouvoir de juger, n’arrête pas les turpitudes des autres pouvoirs. Sinon comment expliquer aux générations futures, la doctrine de la fierté sur la tombe de la victime et la soumission au bourreau ?
Alors qu’aux cours des dernières saisons ayant arrosé ma barbe, nombreux sont ces guinéens qui ont connu le naufrage dans l’angoisse. Sans recours fiables, ces compatriotes ont vu quelques-uns de leurs mourir trop tôt. Sans laisser d’héritiers.
Ainsi convenons-en, la mort due à une morsure de vipère étrangère est douloureuse. Mourir sans avoir donné de serment aux vivants n’est pas la meilleure manière de mourir. Même si mourir au combat est une digne manière de répandre la grandeur de son âme.
Aux bourreaux qui ignorent une telle douleur, leur mort grimaçante s’avance en rampant comme le voleur, afin de les saisir en Maître. Par ce que la mort est une promesse.
Pourquoi faire disparaître l’âme, alors que Thierry Ménissier soutient mordicus que la politique est le domaine de l’existence humaine qui concerne à la fois l’action volontaire-collective, la répartition et la hiérarchie des pouvoirs, enfin la mise en forme de la vie sociale par les institutions ?
« Le Gouverneur du territoire » tant voulu par l’écrivain Alioum Fantouré devrait s’inviter aux vertus de « The power » de Robert Greene, pour mieux comprendre que « le pouvoir, on le désir, on le craint et on s’en protège ».
Par ailleurs, en vérité de jeunesse, les leaders acteurs de cet odieux théâtre sont comme des cordiers qui tirent leurs fils en longueur et vont eux-mêmes toujours en arrière (je suis un adepte de Nietzche). Parmi ces leaders, il en est qui sont trop vieux pour leurs vérités et leurs victoires, car une bouche édentée n’a plus droit à toutes les vérités.
Ces leaders de la vie politique guinéenne qui désirent la gloire doivent, à cette heure de leur puissance, prendre congé de l’honneur et instaurer ainsi l’exercice de l’art difficile de s’en aller à temps.
N’est-ce pas la plus douce des mangues est celle dont le stock est limité, au moment où on lui trouve plus de goût ? Contrairement, les mangues qui malgré leur maturité, restent pendues sur les branches, en attendant un ver venimeux ne pourrissent-elles pas en attendant qu’une tempête viennent secouer les branches ? Quelle sera l’intensité de la chute du fruit pourri ? Ne dit-on pas que tout ce qui est pourri est vermoulu ?
Dans ce village des terres utiles, il y en a dont le cœur vieillit en premier lieu et d’autres c’est l’esprit. Dans mon cas, j’ai vieilli dès ma récente naissance. Et c’est de cette innocence supposée, que j’implore du miel de votre âme !
Akoumba Diallo