Ce vendredi 17 mai 2024, à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, devant les étudiants et enseignants-chercheurs du pays, le président du parti PADES a animé une conférence sur le thème ‘’La réforme économique et la transition de 1986’’.
Lors de cette rencontre, Dr. Ousmane Kaba, ancien ministre de l’économie sous le règne du feu général Lansana Conté, a expliqué les conditions de l’indépendance et l’orientation socialiste de la Guinée. En même temps, il a décrit comment la Guinée s’est orientée vers une économie de marché.
‘’L’objectif de cette conférence à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, c’était d’expliquer aux étudiants une page de l’histoire économique de notre pays. Je dirais même la page la plus importante, lorsque, à la mort du Président Ahmed Sékou Touré, et une semaine plus tard, la prise du pouvoir par le Général Lansana Conté, la Guinée, qui avait une économie exsangue et très pauvre, assiégée de l’extérieur par la manière dont nous avions pris notre indépendance, était au bout du rouleau. Donc, il était temps de changer de paradigme, de changer de système économique, de quitter l’économie socialiste planifiée et centralisée, pour une économie libérale et de marché comme le reste du monde’’, a-t-il déclaré.
Avant de poursuivre : ‘’L’une des grandes leçons du XXe siècle, c’est qu’aucun pays socialiste ne s’en est tiré réellement. Et les deux leaders de l’époque, l’Union des républiques socialistes soviétiques et la Chine, ont tous fait leur mutation, pour aller vers l’économie de marché. C’est parce que les hypothèses de base n’étaient pas correctes. Mais dans le cas guinéen, cela a été accentué par le fait que la Guinée a été sous embargo politique, économique et diplomatique pendant très longtemps. Donc, il était temps. Comment notre économie a-t-elle changé de cap ? Par le biais d’un grand plan de réforme économique appelé à l’époque « la réforme économique et monétaire et financière ».
Cette réforme était soutenue par les institutions de Bretton Woods dans le cadre d’un programme d’ajustement structurel. Devant les étudiants, j’ai expliqué les conditions de l’indépendance et l’orientation socialiste de la Guinée, et en même temps, comment la Guinée s’est orientée vers une économie de marché’’, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, il n’a pas manqué d’évoquer l’ajustement structurel, qui a permis à l’économie guinéenne de changer de cap. ‘’L’ajustement structurel, c’était l’occasion de le revisiter comme étant la somme de l’ajustement, c’est-à-dire, la réduction de la demande globale d’une part et l’augmentation de l’offre par des changements de structure d’autre part. C’est pourquoi, les deux institutions de Bretton Woods se mettent ensemble : le Fonds monétaire international pour l’ajustement de la demande globale et la Banque mondiale pour le changement des structures et l’encouragement de l’offre. Les deux constituent ensemble le programme d’ajustement structurel. Cela nous a permis de passer en revue les dix mesures clés qui ont permis à l’économie guinéenne de changer de cap. Ces dix mesures clés, dont cinq sont des mesures monétaires. Ensuite, il y avait les mesures concernant les entreprises publiques commerciales et industrielles, la fonction publique, la politique budgétaire et la dérégulation des prix dans l’économie’’, a-t-il déclaré.
À la question de savoir de quel œil il observe l’évolution de l’économie guinéenne en tant qu’économiste aujourd’hui, il répond : ‘’Écoutez, ce n’est pas satisfaisant. Tout le monde le sait. Parce que le gros problème de la Guinée, c’est que nous n’avons pas pu résoudre les problèmes d’infrastructures. Et c’est le même problème qui se posait en 1986. Encore aujourd’hui, la Guinée n’a pas d’électricité fiable. D’ailleurs, l’embryon d’électricité n’existe qu’à Conakry, et pas toute la journée. Or, il faut savoir très bien que l’électricité est un facteur de travail’’, a-t-il répondu.
Parlant des infrastructures, il n’a pas manqué d’évoquer le problème d’électricité qui va de mal en pis. ‘’Quand on parle d’électricité, c’est 24h/24. Elle est plus utile le jour que la nuit, parce que c’est avec cela qu’on travaille. Il n’y a pas d’électricité, nous avons des pénuries d’eau, il n’y a pas suffisamment de bonnes routes. Ne serait-ce que ces trois éléments d’infrastructures, s’ils n’existent pas dans un pays, ce pays n’a aucune chance. Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas créer de nouvelles entreprises en grande quantité. Et comme je l’ai dit tout à l’heure, le chômage est la somme des travailleurs des projets avortés’’, a-t-il signé et persisté.
Gnama KABA.