Le parti de Sidya Touré a répondu à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ce samedi 14 septembre 2019, en marge de son assemblée ordinaire qui s’est tenue à Matam. En effet, le président Me Salifou Kébé, a, dans un communiqué fait noter que son institution n’est plus en mesure de recruter un cabinet international pour l’audit du fichier électoral jugé fictif par les opposants au régime de Conakry. Ce qui sous-entend que nous courrons vers le recrutement d’un cabinet local.
Dans son communiqué, Me Kébé avait fait comprendre qu’une décision majoritaire de la plénière de la CENI, avait autorisé de recourir au service d’un opérateur local pour le recrutement, la formation et le déploiement des agents de saisie des données sur le terrain lors de l’opération d’enrôlement des électeurs en raison des différentes acquisitions qui s’inscrivent en droite ligne de l’application de l’audit du fichier électoral. A ce jour, a-t-il ajouté, la CENI a acquis les équipements suivants :
- Les logiciels de gestion du fichier sont les propriétés de la Guinée au lieu d’être fourni par l’opérateur international
- Les licences de protection de la base de données et les licences antivirus ont été acquises par le CENI ;
- Les serveurs également
- Egalement la CENI a pu acquérir des moteurs AFIS et ABIS (pour soustraire les doublons par empreintes digitales et la détection faciale des électeurs), une activité qui était jusque-là réalisée par le même opérateur international.
« En ce concerne le logiciel, ce logiciel a été fourni par Innovatrics alors que il y a un appel d’offre qui a été lancé et cet appel d’offre jusqu’ici n’a pas été dénoué. Donc nous sommes surpris que Innovatrics ait été choisi » dénonce le député Ibrahima Bangoura de l’UFR.
Le Président de la CENI veut bien admettre que la question de l’opérateur est assez technique et complexe. Ce qui explique le débat passionné du genre qu’il existerait selon l’audit, un million et demi d’électeurs fictifs. Cette affirmation qui tend à faire du sujet un fonds de commerce politique n’est pas exacte, accuse Me Salifou Kébé dans son communiqué. Il s’agit d’après lui, simplement de personnes ayant des données incomplètes :
- Soit, les noms, prénoms dates et lieux de naissance (données alphanumériques) ne sont pas complètes
- Ou bien ce sont les empreintes et photos (données biométriques) qui ne sont pas bien nettes.
« Mais ce qui est encore plus inquiétant, ce communiqué dit que ce choix-là, va être accompagné par le choix d’un opérateur local. Cet opérateur local que Innontrics lui-même va choisir, nous savons que Innovatrics c’est lui qui avait fait le logiciel qui a introduit dans notre fichier le million cinq cent soixante quatorze mille électeurs fictifs. Et, le communiqué de la CENI dit aussi que le million cinq cent soixante quatorze mille électeurs fictifs dont-il s’agit, qu’il n’y a que des erreurs matériels concernant le nom c’est-à-dire les donnés Alphanumériques et les donnés biométriques. Or, s’il y a altération des donnés Alphanumériques, cela veut dire que pour un électeur, l’électeur-là n’existe pas. Si on le maintien, il est appelé électeur fictif. S’il y a aussi altération des donnés biométriques d’un électeur, c’est la même qualification qu’on lui donne. Puisque non seulement son image est flou mais aussi les empreinte ne sont pas tout à fait exactes » précise le vice-président de l’Union des Forces Républicaines.
Pourtant, selon Me Kébé, le rapport d’audit ne mentionne nulle part le terme fictif. Le dire serait abusé des populations et préjudiciable à la sérénité du processus électoral. En vue d’assurer la continuité des opérations, et en raison du calendrier électoral désormais assez serré, la CENI a décidé de contractualiser le cabinet Innovatrics (qui a déjà fourni le logiciel de gestion complète du fichier électoral) à l’effet de :
- Sélectionner un opérateur local ayant les compétences requises pour le recrutement, la formation et le déploiement des agents de saisie sur le terrain.
- Générer les listes électorales
- Confectionner les cartes d’électeurs.
« Le communiqué conclut que dans quelques temps, ils vont donner une date pour les élections. Nous savons que lorsqu’il y a eu la retraite de Kindia, on nous avait dit que le chronogramme allait se faire sur 235 jours et qu’à la suite de cela, on allait avoir des élections, cela avait eu lieu au mois de Mai. Aujourd’hui, nous sommes au mois de septembre. On nous demande de faire des élections à la fin de l’année. Ces élections qui vont être faites à la fin de l’année est-ce que le chronogramme qui a été donné à Kindia est en rapport avec ce temps-là ? » s’interroge le parlementaire qui affiche déjà une certaine crainte.
« Nous craignons que la précipitation qui en cours ne soit téléguidée. Cela voudrait dire que la CENI qui est là, il y a un autre chronogramme qui est certainement caché, qu’on nous cache mais le vrai chronogramme, ils l’ont, qui est caché. Nous, le chronogramme qui va nous être donnés, nous ne l’accepterons pas. Parce que il ne nous permettra pas de faire l’audit du fichier comme on l’a recommandé c’est-à-dire corriger les éléments audités du fichier » assure Ibrahima Bangoura.
Que compte faire l’opposition ?
« Cette position, c’est celle de toute l’opposition, je crois bien. C’est pourquoi lorsqu’on a adressé des lettres aux partis de l’opposition qui sont dans le FNDC, nous avons fait une réponse par le coordinateur du FNDC (Abdourahmane Sanoh de la PCUD ndlr). Parce que l’opposition et la société civile parle-là d’une même voix » tranche ce responsable du parti dirigé par l’opposant Sidya Touré.
A l’allure des choses, peut-on s’interroger si l’on risque d’assister à des élections sans opposition en Guinée cette année ? Même si la réponse est floue, récemment, le chef de file de l’a galaxie présidentielle, Amadou Damaro Camara a été claire. « Nous irons aux élections avec ou sans l’opposition », avait tranché ce député de la mouvance présidentielle.
A suivre…
Alpha Madiou BAH
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