Le vent de la démocratie a soufflé sur notre pays lorsqu’aucun guinéen âgé de moins de 30 ans n’était encore né. La démocratie commence à prendre de l’âge en Guinée, ce n’est pas vraiment visible, si non, je vous le jure sur la tête de nos leaders politiques que, pour de vrai, elle entame désormais sa quatrième décennie d’existence chez nous ! Elle va commencer à compter dans quelques années, des poils blancs dans sa barbe. Quel bonheur aurions-nous pu le dire !
Mais, évidemment, c’est que du vent.
Ces trois décennies d’apprentissage du système de gouvernance qui s’impose en modèle universel (la démocratie), au pays des (Daddy’s ConTouré), se sont révélées comme une aventure parsemée de sang versé, d’âmes pour la plupart jeunes, arrachées à l’affection de leurs proches, de femmes violées, violentées et utilisée comme bouclier, de dégâts matériels importants ainsi que de violations multiformes des droits humains. Pis, tout ceci, couronné par un fendillement de la coexistence pacifique nationale dans notre République sexagénaire.
Des luttes intenses ont été menées et des sacrifices consentis, pour voir en conclusion, la Guinée s’offrir le luxe d’installer son tout premier Président élu à l’issu d’un processus électoral, jugé démocratique sous le regard d’observateurs internationaux.
Une multitude d’institutions exigées par la constitution (votée en 2010 par le conseil national de la transition qui faisait office de Parlement), excepté la Haute Cour de Justice, ont connu leurs premiers jours avant et suite à l’entrée en fonction du tout nouveau président de la République. La Guinée s’introduisit dans une nouvelle ère de démocratisation. L’espoir fut permis jusqu’à ce que, par les discours et actes posés par l’ensemble des occupants de l’espace public guinéen, toutes factions confondues, le débat démocratique, se putréfiât.
Si notre pays a, malgré ce rendez-vous qui est entrain d’être raté avec la démocratie et par ricochet le développement, pu en arriver là, c’est parce qu’il y en a eu, qui ont mouillé le maillot de leur sueur et de leur sang, qui ont mené les luttes, au prix de leurs vies, leurs misérables vies.
Mais de toutes les luttes menées pour le peuple de Guinée, qui en sont les véritables artisans?
La réponse est sans ambages, le mérite revient à la Jeunesse martyre de Guinée, avec mention honorable.
Les luttes se mènent pour défendre une cause, obtenir un résultat. Elles se mènent par ce que, ceux qui la portent, sont animés d’un idéal de changement. Participer à la prise de décision, en vue de mieux impacter la vie de la société.
Les jeunes guinéens ont longtemps été manipulés et utilisés par les hommes politiques. Des gens qui n’ont jamais véritablement pensé à eux, que lorsqu’il s’agit de les conduire soit dans l’isoloir, soit au mouroir.
Les jeunes guinéens ont constamment fait face au complexe qui leur a été inculqué par les décideurs : qu’ils sont incultes, mal formés et n’ont pas les aptitudes suffisantes pour que des responsabilités leur soient confiées, d’abord au sein des partis politiques, ensuite à l’échelle étatique.
Ô que c’est dommage !
En effet, qui établissent les politiques publiques basées sur la formation, l’employabilité, la jeunesse ? Qui décident de la politique de l’éducation ? Qui lui créent les opportunités d’embauche ? Qui favorisent le financement de ses inventions, de ses initiatives, de ses start-ups ?
Mais ce sont eux bon sang de bon Dieu.
Les jeunes l’ont-ils compris ? Non et Non.
Les récentes élections municipales ont mis à nu le niveau de prise en compte des aspirations de la Jeunesse. Elles ont aussi fait apparaître le mépris de la « vieille classe » pour les jeunes. Aucun des partis mastodontes n’a de maire élu âgé de moins de 35 ans. Aucun député venant de leur rang n’était jeune. Hormis celui qui a remplacé l’actuel premier ministre, à 25 ans, à l’hémicycle.
Ces nouvelles élections, si elles en sont une, au delà de susciter tout le tollé et le reflux de la communauté internationale, comptent véritablement combien de jeunes, comme tête de liste ? La CENI n’en sait rien. Moi non plus. Les mettre en 15ème ou 16ème position sur la liste d’un parti qui mobilise à peine 50 militants à ses assemblées générales, n’est que pure arnaque.
Les jeunes doivent se poser des questions
Aujourd’hui, le constat est plus que jamais lamentable. Les jeunes guinéens dans leur immense majorité sont abêtis et conditionnés par les discours faits d’illusions, des propos diviseurs, ethniques, portés égoïstement par ceux que nous appelons “nos chefs”.
Des personnalités qui sont ou/et qui ont été aux commandes de la Guinée depuis ces trois décennies au cours desquelles notre peuple s’approprie oui, mais dangereusement, la culture démocratique. Notre peuple devient miséreux de jour en jour, notre peuple devient égoïste, notre peuple se déshumanise.
Qu’ont-ils su proposer en faveur des jeunes ? Qu’ont-ils apporté à part ennuies, division, gabegie, népotisme et leurs corollaires incessamment néfastes à l’unité nationale et à la paix souhaitée de tous leurs vœux, par les guinéens. Se sont-ils une fois émus du taux d’échec au Baccalauréat, au BEPC ? A quand les états généraux d’un système d’enseignement cancéreux ?
Les Jeunes doivent comprendre
A l’aube de cette nouvelle décennie, une nouvelle voie devrait être tracée, par les jeunes et pour les jeunes. L’état d’esprit de la Jeunesse guinéenne doit être assaini et revigoré, ce par les quelques illuminés qui existent en son sein. Ses ambitions agrandies et sa vision mieux élargie. Mais à l’allure où vont les choses, se dirige-t-elle vers le chemin de la gloire, celui d’une véritable révolution générationnelle ? J’en suis moins sûr !
Les démoNcrates sont prêts à mettre à feu et à sang le pays, à la barbe et au nez de tous. La Guinée, ce pays auquel notre présent et notre futur sont liés, va mal, très mal.
Le remède le plus efficace pour le sauver est connu de tous mais ignoré. Nous sommes divisés et ne prenons en compte que nos mesquins intérêts (économiques, ethniques surtout, professionnels dans très peu de cas…).
La solution d’une jeunesse solidaire, éduquée et citoyenne est envisageable et pourrait changer la donne. Que les jeunes prennent leurs responsabilités, s’engagent dans une lutte sincère et non opportuniste, partisane ou particulariste. Qu’ils exigent des comptes à rendre de leurs dirigeants, des changements. Qu’ils leur demandent une mutation plus juste de notre société, une révolution générationnelle, une vraie. Qu’ils se forment et se forgent.
Que la jeunesse sache que quoi qu’il advienne, la Guinée se construira par elle. Le salut devra venir d’elle. Ce n’est pas un vœu pieux, elle y est condamnée.
#DieuVeille
Moussa Daraba
Journaliste,
Etudiant / Chercheur en Master de Communication Politique et Publique ISIC-Rabat