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Fête de l’Aïd el fitr : le colonel Mamadi Doumbouya à Labé comme sur un terrain conquis, et pourtant… (édito-Mognouma)

Ce fut une grosse surprise pour bien de Guinéens d’apprendre que le Président de la transition, est parti à Labé, pour y célébrer la fête de l’Aïd El fitr. C’est parce que c’est une première pour un Président en exercice dans la région du Fouta.

A cet acte symboliquement très fort, s’attache ou s’entiche l’idée d’une revanche pour un pouvoir qui cherche à démentir ses opposants qui débitent sur son impopularité

Il n’y a donc aucun doute que Labé était loin d’un parcours accidentel pour les décideurs du pays. Il fallait mobiliser en vue d’effacer dans la conscience populaire les récents feuilletons largement commentés dans l’opinion où chacun est allé de ses récriminations contre le CNRD.

Il s’agit du feuilleton lié à l’organisation des funérailles de feue Hadja jènè Kaba, du nom de l’ex-femme, quoi qu’on dise et que l’on puisse spéculer, de l’ancien Président de la République, et celui des manifestations contre la desserte irrégulière du courant à Kankan, par des jeunes dont les agissements ne sont pas insoupçonnés de manipulation en vue de satisfaire des agendas politiques.

En effet, Labé devient donc un rendez-vous nécessaire. Le pari était pourtant risqué de réussir la mobilisation souhaitée, car c’est la ville qui a vu naître Cellou Dalein Diallo, qui en est, d’ailleurs, le maître à penser. Lui qui a été contraint à l’exil depuis bientôt un an, poursuivi en justice, puis dépossédé de sa maison, chose qui lui reste encore en travers de la gorge.

En dépit de tout cela, les populations de Labé ont réservé à leurs hôtes, un accueil des plus chaleureux. Cependant, difficile de parler de conviction. Peu importe ! Pour la junte, le plus important, c’est quand l’image de la foule en liesse dans le fief de l’un de leur opposant farouche scandant leurs éloges, flattant leurs égos, peut bien nuancer l’image d’un pouvoir en mal dans les sondages.

Les populations aussi qui manquent de tout : eau, courant, électricité, sont convaincues qu’il faut paraître totalement acquises pour être satisfaites.

Elles sont aussi conscientes que leurs hôtes font moins dans les effets d’annonces, quoique ça coûte, quand ils s’engagent.

A propos, le secrétaire Général de la Présidence, colonel Amara Camara, ne s’est pas loupé. Il s’est fait écho de ce sentiment en annonçant qu’ils ne sont pas un gouvernement de promesses. En référence aux nombreuses promesses tenues par Alpha Condé, le prédécesseur de son patron à la tête du pays, la cible de ces différentes piques. La mise en scène était trop perceptible. C’est comme si chacun se jouait de l’autre.

Dans tout le cas, le CNRD sait bien que le terrain n’est pas totalement conquis et que la simple lassitude exprimée par le maître à penser de la région, en l’occurrence Cellou Dalein Diallo, peut remettre tout en cause.

Mais le plus important pour les militaires, c’est de soigner les douleurs sociales que de glisser dans la piscine du déni d’une réalité de crise.

 

Par Lamine Mognouma Cissé

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