La Sous-préfecture de Timbi Madina, située dans la préfecture de Pita, fleuron de la production de la pomme de terre, en Guinée, est en train de subir de plein fouet les conséquences des mesures de restriction liées au covid-19.
Avec les méventes de la production estimées à plus de 5.000 tonnes, c’est l’ensemble de la filière qui est menacée. L’enjeu est d’une importance première pour la fédération des paysans du Foutah Djallon (FPFD), car pour ses milliers de paysans, il s’agit en priorité de sauver une filière pomme de terre (la mieux structurée du pays), qui a été bâti sur trois décennies, qui produit près de 35.000 tonnes de pomme de terre par an et fait vivre des dizaines de milliers de personnes dans cette région. Ce qui aurait dû être une évidence pour la fédération des paysans du Foutah, à savoir le sauvetage de l’État, tarde à venir.
Les appels à l’intervention du gouvernement pour racheter la production locale sont restés lettre morte. Au même moment, à cause de la fermeture des frontières, il n’y a pas de possibilités d’exporter comme d’habitude, vers la Sierra Leone, le Libéria, le Sénégal, et dans certains pays du monde.
Selon certains spécialistes, si rien n’est fait pour permettre aux producteurs d’écouler leur production, cela va provoquer, en plus de la perte de milliers d’emplois, l’arrêt du cycle de production, parce que beaucoup de paysans ne pourront plus réinvestir dans la production à cause des pertes enregistrées qui se chiffreraient à plus de 50 milliards de francs guinéens. C’est le cas du Groupe Organisé des Hommes d’Affaires qui a lancé récemment une invite au Gouvernement.
« Je lance un appel pressant au gouvernement de notre pays de racheter cette pomme de terre de qualité et à bon marché pour sauver cette filière qui a été construite avec 30 années d’effort et d’investissement.
Le gouvernement pourrait même distribuer cette pomme de terre à la population Guinéenne qui a du mal à joindre les deux bouts.
Il faut tout faire pour sauver cette filière. Ce n’est pas de la politique. C’est la sécurité alimentaire qui est menacée dans notre pays » a lancé Mohamed Chérif Abdallah, le président du GOHA dans une déclaration publiée sur Reveilguinee.info.
À l’image de la filière pomme de terre, les autres filières agricoles et avicoles sont toutes aussi affectées par les restrictions liées à la circulation des personnes et des marchandises, dues au covid-19. Sans une intervention de l’État ou des partenaires au développement, Elles risquent de s’effondrer.
Dans son adresse à la nation ce vendredi 15 mai 2020, le président Alpha Condé a fait cas de situation. Le chef de l’Etat a instruit son Gouvernement à suivre attentivement l’impact de la crise sanitaire sur la vie économique et sociale.
« Il est impératif d’élargir et de renforcer le soutien aux populations et aux secteurs économiques sinistrés. Par exemple dans le secteur agricole, nos concitoyens qui ont subi d’importantes pertes dans les filières de l’anacarde, l’ananas et des pommes de terre doivent être soutenus » a invité le président de la République.
A noter que l’état d’urgence est reconduit jusqu’au 15 juin prochain, soit pour une durée d’un mois, a annoncé le locataire du Palais Sékhoutouréya vendredi. Le couvre-feu passe de 22 heures à 05 heures du matin pour la zone du Grand Conakry (Conakry, Coyah et Dubréka) et il est levé entièrement pour l’Intérieur du pays, à compter de ce jour.
Pour certains observateurs avertis, la levée du Couvre-feu à l’intérieur du pays pourrait être un début de soulagement pour les agriculteurs guinéens.
A suivre…
Alpha DAF