certaines radios et télévisions privées du bouquet Canal+, attestent de la volonté de faire main basse sur tous les moyens de communication de masse, de l’emprise sur la gestion de la vie publique sous la transition.
Instrumentalisation de la justice
L’instrumentalisation de la justice s’accentue notamment à travers le parquet spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), qui est entièrement, comme d’autres parquets, à la solde du ministre de la Justice. Cette Cour donne l’impression qu’elle a pour objectif de s’attaquer systématiquement aux redoutables adversaires politiques. Les Guinéens observent cela, sans être dupes. Ils voient la différence de traitement entre ceux qui sont opposés à la gestion unilatérale du pays et ceux qui caressent la junte dans le sens du poil. Dès lors, l’enquête judiciaire contre de nombreux dignitaires du régime déchu s’enlise depuis près de deux ans, sans aucune preuve matérielle contre eux. Les intéressés croupissent en prison, au mépris du principe sacro-saint selon lequel « la liberté est la règle et la détention, l’exception ». Dans la même veine, l’action publique s’acharne sélectivement contre d’autres hommes politiques dans des dossiers montés de toutes pièces. L’obstination avec laquelle le régime de transition tente d’écarter les opposants politiques démontre qu’il ne mesure pas les risques.
Conseils aux autorités de la transition
L’union fait la force, la discorde expose à la défaite. C’est pourquoi, je demande au Président de la transition de prendre conscience des risques que représente la méfiance entre lui et ses frères et sœurs des Forces vives de la Nation. Cette divergence est consécutive à l’absence de dialogue crédible dans le cadre de la gestion de la transition, des stratagèmes d’humiliation, d’affliction et de harcèlement judiciaire ciblant certains acteurs de la classe politique et de la société civile. Ce qui laisse apparaitre, s’il en était besoin, la volonté du pouvoir d’exclure des hommes politiques d’envergure du futur processus électoral.
Or, envisager un tel scenario, en dehors de toute compétition électorale, c’est se méprendre que l’écrasante majorité de la population guinéenne constitue l’encrage populaire des intéressés. Cette majorité se verra priver de ses droits naturels d’élire ses dirigeants. Dire qu’une telle démarche est conflictogène relève de l’euphémisme.
Le pays traverse actuellement une crise multidimensionnelle. L’ambition ou l’intrigue fait craindre une défaite qui ternirait la renommée du chef. La victoire obtenue par la violence est pire qu’une défaite, car évanescente. Mieux vaut faire preuve de hauteur d’esprit, en sortant de la captation, de l’intransigeance et du forcing qui pourraient être contreproductifs pour la paix et la stabilité du pays. Aller à contre-courant des engagements de départ exposerait le gouvernement en général et le président de la transition en particulier à une situation peu enviable. Comme dit un vieil adage de chez-nous : « Quand on ne maitrise pas la direction du vent, il faut arrêter de jouer avec la poudre du piment ». « La victoire a cent pères, la défaite est orpheline ».
Que Dieu bénisse la Guinée !
Ibrahim KALLO
Juriste, Analyste en Géostratégie, et Expert international en Aide Humanitaire et Développement, Gestion Stratégique, Leadership et Culture et développement de l’organisation
Email : kalloibrahim76@yahoo.com