Plus de deux (2) ans quatre mois après la tenue des élections communales du 4 février 2018, les chefs de quartier et de district seront installés. C’est une décision du président de la République. Dans un décret, Alpha Condé a ordonné son ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation (MATD), de procéder à l’installation des conseils de quartier et de district, sur l’ensemble du pays, conformément aux dispositions de l’article 100 du code électoral.
Le décret précise que le Premier ministre Kassory Fofana est chargé de veiller à l’exécution de l’instruction du président de la République.
Dos au mur après une décision de la Cour du suprême, qui avait rendu un arrêt le 26 décembre dernier, exigeant du gouvernement de prendre toutes les mesures pour l’application des dispositions, afin de procéder à la mise en place de ces élus locaux. Une décision de justice snobée par le ministre Bouréma Condé.
Le contentieux qui a perduré plus de 2 ans, était depuis le lendemain de la tenue des communales, un véritable point d’achoppement entre l’opposition et le pouvoir central. Une des raisons ayant d’ailleurs poussé des partis politiques d’opposition comme celui dirigé par Cellou Dalein Diallo, à ne pas participer aux élections législatives du 22 mars dernier, couplées du référendum constitutionnel.
Les avocats de l’UFDG de nouveau devant la justice…
Vu le refus du Gouvernement d’appliquer l’arrêt de la cour suprême dans l’installation des chefs de quartier et de district, mais aussi et surtout, des conseils régionaux, les avocats de l’UFDG se sont de nouveau tournés vers la justice. Me Salifou Béavogui et Cie avaient en effet saisi le juge des référés auquel, ils demandent d’ordonner au ministre de l’administration du territoire d’élaborer l’arrêté prévu à l’article 100 du code électoral, conformément à l’arrêt de la Cour Suprême. Selon nos informations, l’audience était prévue le 22 juin prochain sauf changement de dernière minute. Le bras de fer était donc relancé en justice.
Un geste d’Alpha qui tend la main à une opposition qui se veut prudente…
Ce décret demandant à Bouréma Condé de procéder à l’installation des conseils de quartier et de district, sonne dans les oreilles de certains observateurs, comme une sorte de main tendue du chef de l’Etat à son opposition à quelques semaines du début d’une série de manifestations programmées dès le 08 Juillet prochain. Le FNDC qui promet de s’opposer à une candidature du président Alpha Condé à la prochaine présidentielle, exige aussi au retour à l’ordre constitutionnel.
Dans les rangs du parti dirigé par Cellou Dalein Diallo, on dit prendre acte de l’annonce présidentielle, mais on se veut prudent.
« Nous prenons acte de cette annonce et nous restons vigilants sur le fait qu’il reste encore l’installation des conseils régionaux qui devaient être mis en place seulement 60 jours après l’installation des exécutifs communaux », a déclaré Ousmane Gaoual Diallo, le directeur de la cellule de Communication de l’UFDG, tout en rappelant que son parti a, à plusieurs reprises condamné ce retard volontaire pris par le chef de l’Etat, pour dit-il, se résoudre à appliquer la loi et des décisions des juridictions guinéennes.
Qu’en pense le parti au pouvoir ?
Le RPG Arc-en-ciel qui s’était pourtant depuis toujours opposé à l’installation des chefs de quartier et de district, n’y voit pas d’inconvénients. L’on se rappelle des sorties fracassantes de l’actuel président de l’Assemblée nationale. Amadou Damaro Camara, alors qu’il était chef de la majorité présidentielle au parlement, avait évoqué une certaine impossibilité de faire exécuter les dispositions de l’article 100 du code électoral. Le député Souleymane Keita, raisonne.
« C’est tout à fait normal à notre avis pour faire en sorte que ces chefs de quartier et district puissent, bien entendu, jouer leurs rôles», a-t-il confié.
Reste donc à savoir à quand l’enclenchement du processus.
A suivre…
Moustapha CONDE