J’ai reçu ce mardi 24 novembre au Sénat Madame Néné Ami Diallo, épouse d’Ousmane Gaoual Diallo et son fils Mohamed Diallo, M. Alhoussainy Bah, fils de Chérif Bah, ainsi que M. Ibrahim Sorel Keïta, Président du Collectif pour la Transition en Guinée (CTG) et vice-président de SOS Racisme. A cette occasion, j’ai pu m’entretenir au téléphone avec M. Cellou Dalein Diallo, Président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
Mes hôtes, ainsi que le Président de l’UFDG, m’ont fait part de leurs inquiétudes sur les conditions de détention à la prison centrale de Conakry et de leur indignation sur les circonstances des arrestations de M. Ousmane Gaoual Diallo et de M. Chérif Bah, suite à des accusations de trouble à l’ordre public.
Les responsables de l’opposition incarcérés ont été photographiés contraints à tenir une ardoise sur laquelle figuraient leur nom et la mention « complot », rappelant aux Guinéens les heures les plus sombres des dictatures précédentes.
Depuis le scrutin du 18 octobre, dont les résultats proclamés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) sont contestés par la compilation des procès-verbaux recueillis auprès des bureaux de vote; 49 personnes ont perdu la vie dans des violences politiques.
Depuis le début de l’année et malgré les tentatives de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), rien n’a pu permettre de remettre la Guinée sur la voie du dialogue et de la sincérité des scrutins en raison de l’obstination du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) et du Président sortant Alpha Condé. Et à cause de cela, plus de 150 Guinéennes et Guinéens l’ont payé de leur vie en 2020. Aujourd’hui, les conditions de vie sont de plus en plus difficiles dans le pays, alors qu’aucune perspective de sortie de crise et d’amélioration de la gouvernance ne peut être entrevue. Il y a quelques semaines ce furent M. Bah Oury, puis le Général Sekouba Konaté qui m’avaient directement exprimé les mêmes inquiétudes.
Nous devons être vigilants sur les conditions dans lesquelles les Guinéens pourront collectivement exprimer leur volonté à l’avenir et restons inquiets sur le sort des responsables de l’opposition incarcérés.
Enfin, à la suite des observations justes formulées par le Président de la République Emmanuel Macron dans sa récente interview au magazine Jeune Afrique sur la situation en Guinée, il convient de traduire ceci dans les positions et les actes de la France et de l’Union européenne, pour inciter les responsables guinéens à trouver par le dialogue une sortie de crise ouvrant la voie à une transition démocratique.
Jean-Yves Leconte
Sénateur représentant les Français établis hors de France
Président délégué pour la Guinée du groupe d’amitié sénatorial France / Afrique de l’Ouest